Infarctus du myocarde : la course pour la vie, résultats de l’observatoire français

Chaque année 100.000 personnes font un infarctus du myocarde (IDM) et 13.000 en meurent ! Pourtant, encore trop de Français ignorent qu’en cas d’IDM, chaque minute compte pour améliorer les chances de survie et réduire le risque de séquelles. Focus sur les résultats de l’observatoire « Stent for Life » présentés hier lors d’une conférence organisée par la Société Française de Cardiologie.


Mauvais réflexes des patients

La douleur thoracique, signe révélateur de l’infarctus, est ressentie dans 93,5% des cas et elle est bien reconnue comme telle pour la quasi-totalité des patients.

Toutefois, face à ces douleurs, un quart des patients ne passent pas d’appel pour obtenir de l’aide et moins de 50% ont le réflexe d’appeler le 15 pour une intervention du SAMU – ce qui est le premier geste recommandé pour une prise en charge optimale !

Ce registre confirme donc la nécessité de continuer à sensibiliser le grand public aux bons réflexes à avoir devant tout symptôme évocateur d’IDM (voir ci-dessous).

« Encore trop de patients ont le réflexe d’appeler leur médecin généraliste, SOS-Médecins ou leur cardiologue. Le « réflexe » du 15 n’est pas encore entré dans les moeurs. Il faut que cela soit systématique lorsque des douleurs à la poitrine sont ressenties », explique le Pr Martine Gilard, coordinatrice du projet en France, Présidente sortant du Groupe Athérome et Cardiologie Interventionnelle (GACI) et membre de la Société Française de Cardiologie.

Professionnels de santé : trop d’intermédiaires

Les résultats de cet observatoire interpellent et mobilisent aussi la communauté des professionnels de santé impliqués dans cette prise en charge d’urgence.

En effet, cet observatoire montre que près d’un tiers des patients (29%) passe par un centre périphérique. Dans ce cas, 227 min s’écoulent entre la première intervention médicale et l’angioplastie –ce qui équivaut à un délai médian plus que doublé par rapport à un passage direct en salle de cathétérisme. Les recommandations européennes précisent que ce délai ne doit pas excéder 120 min.

Un deuxième observatoire sera mis en place en novembre 2011 pour évaluer l’évolution de la situation.

Acquérir les bons réflexes

Infarctus du myocarde : savoir reconnaître ses symptômes

L’IDM se manifeste le plus souvent par une douleur brutale qui apparaît la nuit ou au repos. Cette douleur se situe dans la poitrine, en arrière du sternum. Il s’agit d’une douleur intense qui serre la poitrine « en étau », pouvant se propager jusqu’aux mâchoires, dans le bras gauche (ou les deux bras), aux deux derniers doigts de la main gauche et parfois dans le dos ou le ventre. Sont souvent associés à cette douleur un malaise général avec sueurs, pâleur, sensation d’évanouissement, voire syncope et, parfois des difficultés respiratoires et des troubles digestifs (nausées, vomissements), qui peuvent être au premier plan. Habituellement, la douleur d’IDM sure plusieurs heures, voire 24 à 36 heures.
Infarctus du myocarde : la course pour la vie, résultats de l’observatoire français

Adopter les bons réflexes

− Appeler le 15
− S’allonger ou s’assoir
− Rester immobile en attendant l’arrivée des secours
− S’assurer que l’on peut ouvrir la porte
− Ne plus se servir de son téléphone pour pouvoir être rappelé par les services de secours
− Envoyer quelqu’un chercher un défibrillateur automatique si disponible à proximité

Les erreurs à ne pas commettre

− Appeler le cardiologue, le généraliste ou SOS-Médecins
− Bouger, marcher ou faire tout autre effort
− Aller aux urgences soi-même
− Prendre un médicament avant l’arrivée du SAMU ou des pompiers

L’infarctus du myocarde : quelques chiffres

- Chaque année, en France, 100.000 personnes sont atteintes d’infarctus du myocarde.
- 13 000 personnes décèdent chaque année en France d’un infarctus du myocarde.
- 80% des victimes d’un infarctus du myocarde avant 45 ans sont fumeurs.
- L’infarctus du myocarde n’est pas une maladie « d’hommes » : le risque d’infarctus du myocarde augmente rapidement chez l’homme à partir de 55 ans et, chez les femmes, à partir de 65-70 ans.
- Le petit matin, un risque accru d’infarctus du myocarde : entre 6 h 00 et 12 h 00 du matin, le risque d’infarctus du myocarde augmente de 40 %.

Une large campagne d’information et de sensibilisation sera lancée début avril dans chacun des départements pilotes auprès des professionnels de santé d’une part pour les sensibiliser aux bons réflexes à adopter face à l’IDM et auprès du grand public d’autre part avec un message central : « appeler le 15 », afin de réduire au maximum les délais de prise en charge qui conditionnent la survie du patient.

Publié le 23/03/2011 à 14:07 | Lu 3278 fois