Illectronisme, coronavirus et personnes âgées : le point du vue de Joaquim Tavares

Illectronisme, derrière ce néologisme, se cache une réalité difficile à vivre pour tous ceux qui sont exclus du numérique, et notamment les personnes âgées qui n’ont jamais eu trop de contact avec l’informatique au cours de leur vie… Que faire pour ces générations d’anciens ? Le point avec Joaquim Tavares, fondateur de Papyhappy.


La crise de la Covid a-t-elle creusé encore plus la fracture numérique chez les ainés ?
Non au contraire, la crise du Covid a mis en lumière que le digital pouvait être une solution contre l'isolement et la perte de lien social. Nous avons vu beaucoup de seniors se connecter à des réseaux sociaux pour garder le lien avec la famille via Messenger ou WhatsApp par exemple.
 
En EHPAD, de nombreux résidents ont pu discuter et avoir des nouvelles de leurs enfants et petits-enfants. La crise leur a montré que le numérique pouvait leur donner la possibilité de garder le contact avec leurs entourages malgré la distance. Beaucoup d'entre eux y ont pris goût et continuent à poster sur Facebook !
 
Cela montre que le numérique peut se concilier aux relations humaines. Naturellement, cela ne remplacera jamais une embrassade, mais permettre d'entendre ou de voir ses proches. De plus, n'oublions pas le boom de la télémédecine pendant cette période ; encore un élément illustrant les bienfaits du numérique.
 
On le sait, les autorités, essaient de lutter contre l’illectronisme des personnes âgées ? Cela fonctionne-t-il ?
Jusqu’à présent non par faute de moyen et de pédagogie. La lutte contre l'illectronisme doit être porté par les familles, les professionnels du logement senior et les autorités locales. Retourner à l'école à 80 ans peut être compliqué ! Mais si on donne l'envie à nos aînés d'apprendre ce sera déjà plus simple.
 
La Covid a montré l’intérêt de savoir faire fonctionner un ordinateur ou de s'inscrire sur une application ou sur un réseau social. Quand les familles sont présentes et initient l'emploi du digital, les choses se passent bien et on est surpris du résultat.
 
Je prends un exemple proche et concret : ma mère a 78 ans et elle n'avait jamais ouvert un ordinateur avant la Covid. Aujourd'hui elle passe au moins 1 heure par jour sur Facebook et appelle en visio ses petits-enfants régulièrement.
 
Donnons leur envie d'apprendre et nos aînés le feront avec plaisir et entrain.
 
Que faudrait-il faire de plus pour ces deux générations d’ainés ? (Sachant que les prochaines générations de seniors seront rompues aux usages du web).
Il faudrait leur donner les moyens de réussir. Faciliter la formation et l'acquisition d'ordinateurs ou de tablettes simples d'usage.
 
Le digital est souvent associé aux fraudes ou aux escroqueries. Apporter une réponse simple et un usage sécurisé permettraient de toucher une partie importante de nos ainés.
 
Pourquoi pas réfléchir dans les villes ou les communes à créer des clubs digitaux comme les clubs de bridge ou de tricot ?

Publié le 13/07/2020 à 03:29 | Lu 7757 fois