Hypertension : trois situations clairement établies d'observance insuffisante

« La prise de médicament(s) ainsi que le suivi des règles hygiéno-diététiques sont essentiels pour contrôler l’hypertension artérielle et prévenir ainsi les maladies cardiovasculaires. Le problème majeur dans l’hypertension, mais aussi dans l’ensemble des maladies chroniques, est que le traitement n’est parfaitement bien pris que six fois sur dix », témoigne le Dr Bernard Vaïsse.


Certaines situations révèlent une observance insuffisante :
- Lors de la première année du traitement anti hypertenseur. « Chez les patients nouvellement diagnostiqués, la maladie est souvent asymptomatique. Nous constatons qu’au bout d’un an, 35% de ces patients ne prennent pas leur médicament. Nous avons proposé à la Société Française de l’Hypertension (SFHTA) de mettre en place une consultation d’annonce comme il en existe en diabétologie et en cancérologie. Il faut que le patient soit le principal acteur de sa maladie, de sa prise en charge,», indique le Dr Bernard Vaïsse, président du CFLHTA et cardiologue à l’hôpital de la Timone, à Marseille.
 
- Chez l’hypertendu avec des pathologies associées et des traitements multiples. « Les patients souffrant de plusieurs maladies comme l’hypertension, l’hypercholestérolémie et souvent le diabète, ont plus de comprimés prescrits. Nous nous sommes aperçus que plus leur nombre augmente, moins ils sont pris. Pour pallier ce problème, le patient doit en discuter avec son médecin car des solutions existent telles que la prescription d’associations fixes qui permet en un comprimé de donner deux à trois principes actifs », affirme le Dr Bernard Vaïsse.
 
- Dans l’hypertension artérielle résistante. « Les études sur les patients résistants montrent que près de 50% d’entre eux prennent imparfaitement ou pas du tout leurs médicaments. Il faut chercher la cause de cette résistance. Il est donc primordial que le médecin communique avec eux et prenne le temps d’expliquer la nécessité de prendre ce traitement, et de contrôler son auto-mesure tensionnelle. C’est ainsi que nous améliorerons l’observance et donc le contrôle de l’hypertension artérielle », insiste encore le Dr Bernard Vaïsse.  

A l’occasion de la Journée Nationale de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (HTA) qui s'est tenue le 15 décembre dernier, le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA) et la Société Française d’HyperTension Artérielle (SFHTA) ont appellé à l'action. Pour mieux évaluer et améliorer l'observance thérapeutique des hypertendus, ils proposent EVAL-OBS, un nouvel outil de dépistage.
 
L’application EVAL-OBS utilise la technique de l’échelle visuelle analogique. Le patient doit placer le curseur suivant une gradation allant de « « je n’ai pris aucun comprimé » à « j’ai pris tous les comprimés » pour répondre à la question : « Comment avez-vous pris votre traitement de l’hypertension artérielle pendant le dernier mois ? ».
 
« Grâce au positionnement du curseur sur l’échelle, le médecin ou le patient lui-même va pouvoir déduire une probabilité de la mauvaise observance de la thérapeutique au cours du dernier mois, c’est-à-dire savoir si le traitement a été pris moins de 80% du temps du traitement sur cette période », explique le Pr Xavier Girerd.
 
Disponibles et téléchargeables gratuitement sur le site www.comitehta.org, cet outil peut être utilisé par les hypertendus afin d’apprécier et d’améliorer l’observance et de permettre au traitement de mieux protéger et de prolonger la vie en bonne santé des hypertendus.
 
« Prendre un médicament quotidien n'est pas un comportement naturel et pourtant, sa prise régulière est un moyen efficace de contrôler la pression artérielle et de prévenir les complications de l’hypertension artérielle (HTA) », insiste le Docteur Bernard Vaïsse.

L'hypertension artérielle est une maladie silencieuse qui ne présente généralement pas de symptômes. Pour la dépister le plus précocement possible, et éviter ainsi l'apparition de conséquences souvent irréversibles, le médecin traitant est en première ligne. En contact régulier avec ses patients, il doit régulièrement mesurer leur pression artérielle quel que soit le motif de la consultation.
 
Les autres professionnels de santé en contact fréquent avec une population adulte (autres spécialistes, médecins de santé au travail, pharmaciens, infirmiers) doivent aussi être encouragés à adopter ce réflexe. Après la découverte d'une pression artérielle élevée et persistante dans le temps, le diagnostic est à confirmer par une mesure en dehors du cabinet médical, au domicile, par le patient lui-même grâce à un dispositif d'automesure ou avec l'aide de professionnels en ambulatoire (MAPA)*.
 
En France, environ 14 millions de personnes ont une hypertension artérielle. Cette affection peut avoir des conséquences graves, notamment cardio-vasculaires : infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, anévrisme, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale et démence. 

Publié le 20/12/2016 à 11:07 | Lu 9980 fois