Fucoidan : une molécule d’une algue marine pour dépister le risque cardiovasculaire

L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) a récemment publié un communiqué dans lequel il fait le point sur le Fucoidan, une protéine –simple à produire- issue des algues brunes marines qui pourrait permettre, à terme, de dépister les risques cardiovasculaire.


Le fucoidan est une molécule contenue en masse dans les algues brunes marines. Elle se lie naturellement et spontanément à une protéine, la P-sélectine, qui est exprimée à la surface des plaquettes sanguines et des cellules qui revêtent la paroi des vaisseaux dans de nombreuses situations pathologiques cardiovasculaires.

« La P-sélectine est exprimée par les plaquettes quand elles entrent dans un processus de coagulation. Cela arrive en cas de lésion vasculaire pour éviter un saignement ou encore en présence d'un caillot dans la circulation. Les plaquettes s'agrègent sur cette lésion. Le retour du flux sanguin après l'obstruction transitoire d'une artère ou d'une veine (processus nommé ischémie-reperfusion) entraine également l'expression de la protéine au niveau de la zone accidentée », précise Jean-Baptiste Michel, un des auteurs de ces travaux.

Or, tous ces évènements doivent être diagnostiqués et traités pour réduire les complications et la mortalité cardiovasculaire.

Dans cet esprit, l'équipe de l'Inserm a testé l'utilisation du fucoidan afin de repérer le risque d'un événement cardiovasculaire dans des modèles expérimentaux in vivo.

Pour cela, les scientifiques ont couplé la molécule à un marqueur radioactif afin de la suivre dans l'organisme grâce à une gamma-camera. C'est le principe de la scintigraphie. Ils ont ensuite utilisé deux modèles expérimentaux chez le rat de laboratoire : certains présentaient des lésions artérielles thrombotiques et d'autres avaient subi un événement ischémique suivi d'une reperfusion. Entre 45 minutes et deux heures après l'injection de fucoidan radioactif, les chercheurs ont constaté un signal fort au niveau des zones altérées chez tous les animaux.

« Les résultats montrent une bonne spécificité du fucoidan pour la P-sélectine in vivo. C'est une très bonne nouvelle car cette molécule est simple à produire et à manipuler. Elle est présente en masse dans l'environnement et facile à isoler. Nous obtenons à moindre coût une molécule de petite taille, très soluble, qui passe les barrières et circule très bien », explique encore Jean-Baptiste Michel.

L'équipe l'a testée avec succès pour la scintigraphie mais a également obtenu de bons résultats en IRM. Pour cela, les chercheurs ont couplé le fucoidan à de l'oxyde de fer qui émet un signal détectable avec cette technique. Ils tentent maintenant de l'utiliser en échographie. Pour cela, il faut le coupler à des agents de contraste aux ultrasons.

Compte tenu de sa spécificité pour la P-selectine, le développement clinique du fucoidan est très prometteur. « Ce marqueur devrait être utile en prévention cardiovasculaire en permettant par exemple de repérer des plaques d'athéromes vulnérables pouvant conduite à une embolie, mais également au cours du traitement d'une maladie. Il permettra de détecter une souffrance du tissu après une revascularisation et de suivre l'efficacité d'un traitement », illustre enfin Jean-Baptiste Michel.

A ce titre, l'Inserm a déposé un brevet qui couvre toutes les applications diagnostiques du fucoidan et des essais cliniques débuteront chez l'homme dès que possible.

Publié le 16/11/2011 à 06:01 | Lu 2560 fois