France : les agriculteurs ont une meilleure espérance de vie que la population générale

Selon les premiers résultats de l’étude Agrican, qui porte sur la santé en milieu agricole, les agriculteurs ont une plus grande espérance de vie que la population générale, avec 27% de moins de risques de décéder de maladie chez les hommes et 25% de moins chez les femmes.


Lancée en 2005 et appelée à se poursuivre jusqu'en 2020, l'enquête Agrican* menée sur la santé en milieu agricole et les causes de décès en particulier par cancer, publie ses premiers résultats qui montrent que la santé des salariés et des exploitants agricoles est meilleure que celle du reste de la population française.

Une plus grande espérance de vie

Quelle que soit la cause du décès (cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, maladies digestives, accidents …), les résultats de cette enquête montrent une nette sous-mortalité pour la population agricole comparativement à la population générale du même âge et du même département. Par exemple, les hommes et les femmes de la cohorte ont respectivement moins de risque de décéder d'une maladie d’Alzheimer ou de Parkinson (-31% et -36%), d'un infarctus ou d'un AVC (-29% et -23 %) ou d'une maladie respiratoire (-34% et -36%).

Une sous-mortalité pour la plupart des cancers

L'enquête montre également que le risque de décéder d'un cancer est respectivement de 27% et 19% moins élevé chez les hommes et les femmes de la population agricole que pour le reste de la population française. En particulier, elle montre une sous-mortalité nette pour les cancers liés au tabagisme : larynx, trachée, bronches et poumons où la sous mortalité est de -50% et -40% pour les hommes et femmes de la cohorte. Et cancer de la vessie : -42% et -40% de risque en moins.

Par ailleurs, les femmes de la cohorte ont également moins de risque de décéder d'un cancer du col de l'utérus (-28%), de l'utérus (-31%), du sein (-25%) et de l'ovaire (-11%). Cependant, une légère surmortalité est observée pour les mélanomes malins de la peau (+1 % chez les hommes et +6 % chez les femmes). Ce résultat s'explique, en partie, par le travail en plein air des travailleurs agricoles, exploitants et salariés. Enfin, à noter chez les femmes, une tendance à une surmortalité est aussi observée pour les cancers de l’oesophage (+ 8%), de l’estomac (+ 5%) et du sang (+ 2%).

France :  les agriculteurs ont une meilleure espérance de vie que la population générale
Les raisons qui peuvent expliquer ces résultats…

Hygiène de vie
Les exploitants agricoles fument beaucoup moins que le reste de la population française, 76% des femmes et 42% des hommes de la cohorte n’ont jamais fumé. Ce facteur de risque très important dans la population générale (il est bien connu maintenant que 50% des fumeurs réguliers vont mourir à cause de leur tabagisme, par cancers mais aussi par maladies cardiovasculaires ou encore par maladies respiratoires).

Environnement
A contrario, les facteurs de risque (pesticides, exposition à l'ensoleillement) expliquent très certainement la légère surmortalité par mélanomes malins de la peau.

Accès aux soins
En règle générale, une prise en charge, précoce des pathologies conditionne favorablement les chances de guérison.

L'effet du travailleur sain
Cette dernière difficulté est très souvent rencontrée quand on compare la santé d’une population active à celle de la population générale. La population générale est en moins bon état de santé qu’une population active car elle inclue des personnes exclues du travail temporairement ou plus durablement.

Ces premiers résultats ont été présentés le 16 septembre 2011 à Tours lors du Colloque de l'INMA sur le Cancer et Travail en agriculture et seront mis à jour annuellement jusqu'en 2020.

*Plus précisément, cette étude suit une cohorte de 180.000 assurés agricoles actifs et retraités sur douze départements représentatifs des activités agricoles de la France métropolitaine : Calvados, Côte d'or, Doubs, Gironde, Isère, Loire-Atlantique, Manche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Somme, Tarn et Vendée. Cette enquête est menée par le Groupe Régional d’Etudes sur le cancer (GRECAN) de l'Université de Caen, le Centre de Lutte contre le Cancer François Baclesse, la Mutualité sociale agricole (MSA),l'Institut de santé publique d'épidémiologie et de développement (ISPED) et le réseau des registres des cancers FRANCIM.

Publié le 20/09/2011 à 09:15 | Lu 6632 fois