Financement des retraites : le taux de dépendance économique déterminera nos futurs besoins, non l’âge de la retraite

« Au vu du vieillissement de la population européenne, la stratégie de loin la plus efficace consiste à exploiter dans toute la mesure du possible les potentiels d'emploi disponibles », a affirmé Leila Kurki, présidente de la section spécialisée « Emploi, affaires sociales, citoyenneté » du Comité économique et social européen, lors de la réunion informelle des ministres de l'Emploi et des Affaires sociales qui s’est tenue début juillet à Sopot en Pologne.





Mme Kurki a souligné que les efforts déployés pour accroître le taux d'activité des personnes âgées en modifiant les systèmes de retraite, en restreignant les conditions d'accès et en affaiblissant les conditions d'éligibilité à ceux-ci ou en relevant l'âge légal du départ à la retraite, seraient tout simplement inefficaces.

« Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les rapports démographiques -entre les personnes âgées et celles en âge de travailler- qui déterminent les futurs besoins de financement de l'assurance-retraite ; le critère essentiel, c'est l'évolution du taux de dépendance économique, c'est-à-dire le rapport entre les bénéficiaires d'allocations sociales et la population active ».

« Si l'on parvient, dans les prochaines décennies, à améliorer nettement, à l'échelle européenne, l'intégration dans la vie active des personnes en âge de travailler, la hausse de la dépendance économique se maintiendra dans des limites maîtrisables » a-t-elle ajouté.

Mme Kurki a encore insisté sur le fait qu'il existait un important potentiel d'emploi, non seulement parmi les jeunes diplômés, mais aussi, et surtout, parmi les chômeurs, les personnes âgées, les personnes souffrant d'un handicap ou de problèmes de santé, les migrants et les personnes sous-employées.

« Le problème du marché de l'emploi est donc moins la quantité de main-d'œuvre disponible que l'absence de qualifications professionnelles adéquates ou appropriées des travailleurs et l'attitude négative vis-à-vis de certaines catégories de demandeurs d'emplois, sans oublier, bien sûr, le problème le plus sérieux : le manque d'emplois ».

Dans nombre de pays de l'Union européenne, les femmes sont un réservoir de main-d'œuvre non négligeable. « Un aménagement souple et personnalisé des horaires de travail permettrait tant aux femmes qu'aux hommes de mieux concilier vie professionnelle et vie privée », a rappelé Mme Kurki.

Si l'objectif consiste à relever l'âge du départ à la retraite, il faut s'assurer que les travailleurs peuvent et veulent travailler plus longtemps. « Les emplois doivent être configurés de manière à permettre aux personnes de travailler au moins jusqu'à l'âge légal de la retraite, ce qui implique une modification radicale de la vie professionnelle » a souligné Mme Kurki.

L'organisation et la gestion du travail doivent être compatibles avec le processus de vieillissement à toutes les étapes d'une carrière. Il faut adapter les conditions et l'environnement de travail à des travailleurs d'âges différents et lutter contre la discrimination et les jugements de valeur négatifs à l'égard des travailleurs plus âgés.

Pour conclure, Leila Kurki souligne également l'importance de l'actualisation des compétences professionnelles et de la prévention en matière de santé.

Article publié le 11/07/2011 à 09:54 | Lu 2433 fois