Et si on considérait enfin les "vieux" à leur juste valeur ? Tribune libre de Charles Berdugo

Le mot « vieux » est souvent perçu négativement dans la culture française. Pourtant dans certaines cultures du monde, les « vieux » se voient attribuer d'autres noms autrement plus élogieux : « aînés », « anciens », « sages », « doyens »… Mais qu'est-ce qui justifie un tel décalage de point de vue ? Rien. Car les seniors sont peut-être les piliers de notre société future et ne méritent nullement d'être réduit à l'état de fardeau. Ils méritent au contraire toute notre attention. Tribune libre de Charles Berdugo, président Fondateur d'Ensembl'*.





Les retraités de 2018 ne sont pas les retraités d'il y a 20 ou 30 ans, satisfaits d'un repos bien mérité. Les seniors du 21ème siècle ont une soif d'activité qui a son impact sur notre société actuelle et sur celle que nous construisons ensemble.
 
Si les seniors retraités ne sont plus actifs sur le plan du travail, ils se rattrapent en donnant de leur temps pour les autres. En effet, les seniors de 65 ans à 85 ans ont une vie associative très active et représentent à eux seuls un quart de l'ensemble des bénévoles français. Les jeunes s'engagent également mais leur taux d'engagement n'égale pas encore celui de leurs aînés, très investis et plus disponibles.
 
Notons également que les personnes âgées de plus de 50 ans représentent plus de la moitié des donateurs en France. Sans être l'apanage des seniors, la solidarité et l'entraide, valeurs fondamentales d'une société à laquelle chacun aspire, semblent donc reposer en majeure partie sur les épaules de nos aînés.
 
Leur engagement associatif, qu'il soit caritatif, culturel ou sportif, permet par ailleurs de dynamiser l'activité locale. Ils sont ceux qui font vivre nos villes de l'intérieur en participant aux divers évènements locaux, en s'engageant dans des associations, en achetant leurs vivres au marché ou auprès de petits commerçants de quartier. Ils sont d'ailleurs les premiers à déplorer la perte de dynamisme des centres-villes.
 
Si ces constats sonnent comme des clichés, il n'en demeure pas moins que ces mêmes clichés que nous continuons à voir d'un œil moqueur, s'avèrent en réalité être un vrai trésor. Ces doyens qui se mobilisent, souvent sans même le savoir, pour redonner de la valeur à leurs actes et à leur ville partagent cette philosophie avec la nouvelle génération qui a à cœur de renverser le mode de vie « fast » pour revenir à des valeurs d'antan.
 
La jeune génération qui se recentre sur les circuits courts, adopte un mode de vie plus « slow » et recherche la satisfaction du fait-main s'est vue attribuée le nom de « sellenials », contraction habile des termes « seniors » et « millenials ».
 
Il y a donc un véritable rapprochement à opérer entre ces générations qui partagent plus qu'elles en ont conscience. Comment ? En repensant nos villes, pour des quartiers plus inclusifs qui répondent aux enjeux de ces deux générations et qui favoriseraient leur rencontre.
 
En s'appuyant sur des solutions nouvelles comme les réseaux sociaux de voisinage ou les services dédiés au développement du lien social dans les quartiers. En repensant l'habitat pour mettre en avant des solutions intergénérationnelles qui réunissent sous un même toit « jeunes » et « vieux ».
 
En repensant les initiatives locales originales comme les cantines intergénérationnelles. Mais par-dessus tout, en repensant notre vision et en posant un autre regard sur ces anciens qui ont un rôle majeur à jouer dans notre avenir.

*Ensembl' (ex ma-residence.fr) est un réseau social français d'échange et d'entraide entre voisins.

Article publié le 12/12/2018 à 04:10 | Lu 3756 fois