Egaux à tout âge : agissons contre l'âgisme !

Les célébrations par les Nations Unies du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme nous rappelle que les droits humains sont des droits dont nous devons toutes et tous pouvoir jouir, sans distinction d'âge, de genre, d'appartenance ethnique, de croyance ou de religion, d'orientation sexuelle, de statut social, etc.


Profitant de cette occasion unique, la campagne « Égaux à tout âge » nous invite pendant 70 jours à réfléchir à la gravité de l'âgisme ainsi qu'à l'importance de nous mobiliser pour nos droits, quel que soit notre âge.
 
Lancée le 1er octobre, journée internationale des personnes âgées, la campagne « Égaux à tout âge » culminera le 10 décembre, journée internationale des droits humains. Depuis la première semaine de la campagne, nous avons recueilli des preuves de l'omniprésence de l'âgisme dans le langage courant, dans les lois nationales, dans les politiques de santé, dans les statistiques... et même dans notre manière d’évaluer le respect des droits humains !
 
De nombreux exemples au travers de l’Europe nous rappellent que, si nous n’agissons pas contre l’âgisme, nous sommes tous, un jour, susceptibles de se voir discriminés du fait d’un âge que l’on aura considéré trop vieux… A titre d'exemple : les limites d'âges qui empêchent la participation des travailleurs âgés à des formations sont encore largement répandues aujourd'hui.
 
Pour les personnes sans emploi âgées de plus de 55 ans, il est plus que probable qu'elles ne seront jamais réembauchées. Dans certains États membres de l'Union européenne, les personnes de plus de 70 ans se voient refuser le droit de louer une voiture, quelles que soient leurs capacités à conduire.
 
Si ces discriminations étaient basées sur le sexe ou la couleur de peau, nous les trouverions inacceptables – pourquoi sont-elles permises sur la base de l'âge ?
 
Une approche thématique et intersectionnelle pour montrer la diversité des personnes âgées
Structurée autour de 10 semaines thématiques, la campagne « Égaux à tout âge » veille à refléter la diversité des profils, des identités et des expériences de nos aînés, qui influencent par là-même les discriminations multiples auxquelles font face certains groupes alors qu'ils atteignent un âge avancé.
 
Cette approche intersectionnelle –s’intéressant au croisement de plusieurs discriminations– a ainsi permis de mettre en lumière les expériences singulières vécues par les femmes âgées, les personnes âgées lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, les personnes âgées en situation de pauvreté et celles sans-abri, les personnes âgées migrantes ou dont les familles ont migré, les personnes âgées de couleur et Roms, les personnes vieillissant avec un handicap ou celles développant un/des handicap(s) avec l’âge…
 
Parce que certains groupes ont connu des traitements différentiés parfois tout au long de leur vie, ils vieillissent souvent dans des conditions de vie plus précaires et en moins bonne santé. Les idées préconçues sur les personnes âgées et les mécanismes d’exclusion visant à dénigrer leur capacité à contribuer à la société et à prendre des décisions pour elles-mêmes constituent généralement une double peine pour ces groupes déjà marginalisés.
 
Ainsi, il n’est pas rare d’entendre que des personnes vivant avec un handicap physique perdent leurs droits à des
services de soutien une fois passé un certain âge, que des vieux gays sont passés sous silence, que des personnes migrantes ayant développé une démence ne peuvent plus communiquer avec leurs soignants car la maladie les fait revenir au seul usage de leur langue maternelle...
 
Une communauté d’activistes en devenir ?
La campagne invite tout un chacun à faire entendre sa voix autour de ce déni méconnu des droits humains. Remettre en question nos idées fausses sur le vieillissement et les personnes âgées est un effort collectif et de tous les instants ; une prise de position des institutions seules ne suffira pas. Il s’agit là d’un effort collectif pour créer une masse critique de convaincus prêts à défier les stéréotypes et attitudes âgistes afin que chaque région, chaque quartier, chaque ménage, chaque individu entende parler des effets négatifs de l’âgisme et de l’importance de lutter contre.
 
A cet égard, les membres et partenaires de AGE font figure de leaders d’opinion : la campagne « Égaux à tout âge » a été relayée en Albanie, en Allemagne, en Espagne, en Finlande, en France, en Grèce, en Italie, au Portugal, en Serbie, en Suède, au Royaume-Uni ainsi qu'au-delà des frontières européennes.
 
Si le chemin reste encore long, la campagne porte ses premiers fruits : après avoir de nouveau mis en lumière le caractère discriminatoire des limites d'âge au remboursement des soins psychologiques en Belgique, les membres belges de AGE ont pu rencontrer le conseiller de la Ministre de la Santé, Maggie De Block. Après le 10 décembre, AGE continuera de travailler avec ses membres et partenaires à la lutte contre l’âgisme, notamment à l’occasion de la prochaine campagne pour les élections au Parlement européen.

Publié le 28/11/2018 à 01:00 | Lu 2091 fois