Dysfonction érectile : quand crise économique et problèmes cardiovasculaires s'en mêlent...

La libido et le stress sont étroitement liés. C’est ce qu’a récemment démontré une étude menée par le laboratoire Pfizer sur la dysfonction érectile à travers l’Europe. Car si le cœur est un facteur clé de la satisfaction sexuelle lorsqu’il s’en mêle, il peut également s’emmêler en cas de dysfonction érectile. Et ce symptôme peut être annonciateur d’une pathologie cardiovasculaire. Détails.


La crise économique, un lien avec la dysfonction érectile

Selon l’étude menée par Pfizer, 10% des Françaises et Français interrogés ont affirmé que le contexte économique de leur pays avait un impact sur leur désir de faire l’amour.

A la même question, c’est 34% des Espagnols et 21% des Italiens qui répondent favorablement.

Il apparaît donc que, dans les pays présentant une plus grande instabilité économique, l’impact de l’économie sur la vie sexuelle des habitants est plus fort. De fait, 70% des hommes interrogés, ayant reconnu l’impact de la situation économique sur leur vie sexuelle, ont déclaré souhaiter une amélioration de la dureté de leur érection. Plus précisément, en France, les hommes victimes de troubles de l’érection sont davantage à se dire affectés par la crise économique au niveau de leur vie sexuelle (14%) que les autres (10%).

Parmi les personnes (hommes et femmes) interrogées qui se disent inquiétées par la situation économique, 83% déclarent avoir envie d'améliorer leur vie sexuelle, contre 59% des personnes qui ne sont pas inquiètes. Ils se disent également davantage concernés par les disputes avec leur partenaire, une faible estime de soi et de la tristesse quand ils ont une vie sexuelle qui ne les satisfait pas. Les raisons pour lesquelles ils ne font pas plus souvent l’amour sont la fatigue (37%) et le stress (34%).

Quant aux femmes interrogées lors de l’étude et qui se disent inquiètes concernant l’économie, elles sont 47% à souhaiter que leur partenaire ait une érection plus dure.

Pour le Docteur Sylvain Mimoun, gynécologue et directeur du Centre d'Andrologie à l’hôpital Cochin à Paris, « pour qu'il y ait du désir et une érection, il faut de l'espace et du temps, ce que la crise ne permet pas. Un homme préoccupé par la crise et l'évolution du monde en général a la tête parasitée et peut ne pas arriver à lâcher prise ».

La dysfonction érectile, pourquoi un regard différent entre homme et femme ?

Selon cette même étude, plus du quart (27%) des hommes français interrogés connait des troubles de l’érection (ce résultat se base sur l’échelle de la qualité de l’érection (EHS) qui considère que les hommes sont en situation de dysfonction érectile si leur pénis augmente de volume mais n’est pas dur (Niveau 1), s’il est rigide mais ne permet pas la pénétration (Niveau 2) ou s’il est rigide et permet une pénétration de qualité moyenne (Niveau 3). Le Niveau 4 concerne les hommes dont la rigidité du pénis est complète.

Dysfonction érectile : quand crise économique et problèmes cardiovasculaires s'en mêlent...
Pourtant, quand on les interroge sur la qualité de l’érection de leur partenaire, seulement 19% des femmes françaises le perçoivent comme présentant une érection de niveau 1 à 3. Il existe donc un écart de 8 points entre les deux « perceptions ».

Si 24% des Françaises souhaiteraient que leur partenaire ait une érection plus forte pour que leur vie sexuelle s'améliore, elles sont quand même 85% à se dire satisfaites de l'érection de leur partenaire. « Quand il s'agit de qualifier la qualité de l'érection, les hommes et les femmes ne mettent pas la barre au même niveau » avance le Dr Mimoun.

Pour le Docteur Béatrice Cuzin, médecin chirurgien urologie andrologie à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon et membre de l’AIHUS, Association inter-hospitalo universitaire de sexologie, « cette différence de perception au sein du couple est liée au ressenti. Si la femme considère l'érection de son partenaire comme tout à fait satisfaisante, l'homme ressent directement la qualité de son érection. Il a donc une appréciation différente liée au ressenti de son propre corps et à son passé sexuel, et est plus exigent et anxieux vis-à-vis de lui-même et de sa performance sexuelle ».

Dysfonction érectile, de sa prise en charge à la prévention des pathologies cardiovasculaires : en parler à son médecin

« A priori, la dysfonction érectile est un signal d'alarme » affirme le Dr Sylvain Mimoun. « Un homme peut connaître des troubles de l'érection dans des situations psychogènes, surtout s'il est de nature anxieuse. Mais si l'homme est dans une phase de stabilité émotionnelle et qu'il connaît des pannes, cela vaut le coup de vérifier si une pathologie ne se cache pas derrière ».

De ce fait, la dysfonction érectile étant avant tout une maladie à prédominance vasculaire, elle est le reflet non seulement d’anomalies vasculaires au niveau de l’appareil génital mais elle doit être considérée aujourd’hui comme l’un des marqueurs précoces de la maladie coronarienne. D’après le Docteur Béatrice Cuzin, « le principal lien entre la dysfonction érectile et les maladies cardiovasculaires est la dysfonction endothéliale, les facteurs de risque peuvent être le diabète ou l'hypercholestérolémie ».

Les patients atteints de dysfonction érectile ont ainsi deux fois plus de risques de présenter un infarctus du myocarde. C’est ce qu’a révélé une étude rétrospective portant sur plus de 10.000 hommes présentant une dysfonction érectile et un nombre similaire sans trouble de l’érection. De plus, ce risque d’infarctus du myocarde associé à la dysfonction érectile augmenterait avec l’âge. L’étude a conclu que les praticiens devaient mettre en évidence une dysfonction érectile chez leurs patients et être particulièrement attentifs à ceux qui n’avaient aucun symptôme cardiaque.

Ainsi, la dysfonction érectile et les maladies cardiovasculaires apparaissent fréquemment associées et partagent de multiples facteurs de risque. Tout homme qui évoque une plainte de dysfonction érectile devrait avoir une évaluation de son risque cardiovasculaire en plus de la prise en charge de son trouble érectile. Inversement, et le cas est beaucoup plus fréquent –les hommes abordant encore peu spontanément leurs troubles érectiles avec leur médecin- l’évaluation d’une éventuelle dysfonction érectile doit être incluse dans l’évaluation cardiovasculaire de tout patient.

Pour le Dr Cuzin, « les médecins devraient systématiquement intégrer une question pour dépister les difficultés sexuelles au cours de la consultation, sans insister pour autant. Le patient peut ne pas y répondre, mais il faut qu’il sente une écoute possible du médecin sur ce sujet ». La première consultation est une étape essentielle vers l’amélioration de la fonction érectile et la prévention des maladies cardiovasculaires sous-jacentes. Chaque médecin établit son diagnostic à partir d’un simple échange, de questions… et d’un examen clinique. Mais encore faut-il que cette première consultation ait lieu !

Face au tabou encore présent, le laboratoire a décidé de s’engager « afin de libérer la parole masculine et inciter au dialogue médecin-patient ». Après avoir diffusé une brochure « Troubles de l’érection, un baromètre de votre état de santé » et des posters destinés au salle d’attente les années passées, Pfizer propose sur son site Internet, au sein de l’espace dédié aux troubles de l’érection, quatre vidéos pour dédramatiser le sujet et engager le dialogue. Réunies sous l’intitulé « Vous doutez de la qualité de vos érections ? Parlez-en à votre médecin », ces vidéos prennent le parti d’en sourire et propose un autre regard sur la dysfonction érectile.

Publié le 02/10/2012 à 10:28 | Lu 2398 fois