Dysfonction érectile : la confiance, souvent au cœur des troubles…

A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue la semaine dernière dans le Cadre du salon Direction Santé au Féminin, plusieurs spécialistes (sexologues, andrologues, gynécologues, psychiatres, etc.) sont intervenus sur le thème : « Evaluer la dysfonction érectile masculine, c’est redonner confiance au trio patient, médecin, couple ». Détails et explications, sans tabou.


S’il est un mot que les médecins entendent souvent, à propos des troubles sexuels, c’est bien celui de confiance. Alors cause ou conséquence ?

Pour en évaluer son importance, son impact, son effet sur la compliance du patient à la prise en charge, plusieurs outils diagnostics ont été élaborés.

Questionnaires et échelles ont été mis au point afin d’évaluer le dysfonctionnement érectile, son impact sur la qualité de vie, l’efficacité des traitements et leur influence sur l’estime de soi.

La confiance : du concept à la réalité clinique
- Qu’est ce que la confiance ?
« Sans doute faut-il voir dans les fulgurantes transformations des sociétés contemporaines, l’origine du sentiment d’incertitude généralisée qui habite l’individu et auquel la confiance fait écho » déclare le Dr André Corman, Directeur d’enseignement CHU Toulouse III, Président du syndicat national des médecins sexologues.

En effet, on ne peut parler de confiance que si l’existence d’une incertitude ou d’un doute est reconnue. « On parle ordinairement de confiance pour désigner l’attitude que l’on a, à l’égard d’un être ou d’un objet dont on pense prévoir le comportement futur. » La confiance est ainsi la conséquence d’une réflexion dans l’estimation du probable, en présence d’une incertitude. Elle se construit sur des faits et ne s’accorde pas les yeux fermés…

En psychologie, la confiance en soi s’acquiert par le biais d’expériences et de réussites… « Etre confiant, c’est se penser capable d’aboutir à ce que l’on veut, au but que l’on s’est fixé. La confiance en soi est fondée sur nos actes et conditionne l’estime de soi », confie de son côté le Dr Marie Chevret-Measson, psychiatre-sexologue à Lyon.

- La dysfonction érectile altère la confiance
La dysfonction érectile altère profondément la confiance à tous les niveaux, aussi bien envers soi-même que dans ses rapports avec les autres (partenaire, environnement, médecin...)

La confiance en soi
L’impact des troubles sexuels déborde largement de la sphère sexuelle et constitue pour l’homme un véritable problème d’identité et s’étend à la vie relationnelle (perte de la confiance en soi). L’homme est envahi par des sentiments de dévalorisation, d’humiliation… tel que « je ne suis plus un homme ». A cela s’ajoute « l’anxiété de performance après une ou deux pannes » et la peur de l’échec. Elle est à l’origine d’un véritable cercle vicieux contribuant à maintenir et aggraver les troubles.

Cette anxiété de performance fait le lit de la dysfonction érectile. Par ailleurs, d’un point de vue physiologique, le stress et l’anxiété inhibent l’érection. En effet, les médiateurs chimiques du stress réactivent le centre orthosympathique qui agit comme un frein à l’érection.

La confiance dans le dialogue médecin/patient
Les hommes atteints de troubles de l’érection tardent encore trop souvent à en parler à un médecin, alors qu’ils souhaiteraient pourtant être aidés… Ils évitent le sujet du fait de leur honte, de leur crainte d’être jugés ou parce qu’ils craignent que leur demande soit rejetée…

Une enquête (Fisher W, Meryn S, JMHG) menée sur 298 hommes afin de connaître leurs principales émotions ressenties lors de leur première consultation, montre que les patients sont : « plein d’espoir » (52%), « angoissés » (30%), « gênés » (29%) et « soulagés » (28%).

« En majorité, ils n’ont pas confiance dans la réaction du médecin et n’en parlent pas spontanément. Différentes enquêtes ont montré que les hommes attendent du médecin qu’il pose la question de la sexualité », souligne le Dr André Corman. « Or, le médecin n’a pas forcément envie : lui aussi il n’a pas toujours confiance… En effet, pour beaucoup de médecins généralistes, il est difficile de parler de sexualité, Ils se sentent parfois mal préparés à mener un entretien sur les troubles sexuels, ils n’ont pas été vraiment formés à cela… »

La confiance dans le traitement
L’homme s’interroge et s’inquiète sur l’efficacité du traitement et sur ses effets secondaires.
« La communication sur le médicament est essentielle pour créer la confiance. Le médecin doit bien expliquer le traitement, son mécanisme d’action et persuader le patient que cela va être efficace, sinon il va rester dans l’anxiété et dans l’échec… » explique encore le Dr André Corman. Ensuite, plus l’homme constate la rigidité de son érection et son maintien sur une durée suffisante et plus, il reprend confiance.

La confiance dans la réaction de la partenaire
L’homme souffrant de dysfonction érectile appréhende souvent la réaction de sa partenaire. Il doit être déculpabilisé et mis en confiance. De son côté, la partenaire aussi devrait être vue en consultation pour être déculpabilisée et mise en confiance. Moins une femme a confiance en elle, plus elle aura des réactions négatives vis-à-vis de son partenaire. « Expliquer au couple les mécanismes de vieillissement et le mécanisme de cercle vicieux peuvent dédramatiser et rétablir le dialogue » remarque le Dr Marie Chevret-Measson.

La restauration de l’intimité et de la confiance au sein d’un couple est capitale pour une stimulation harmonieuse et sans angoisse. « Poser des questions à la femme sur les changements dans sa sexualité et leur sexualité lui permet de se replacer en tant que femme désirable dans son couple et non comme « une infirmière » ou un « cobaye », reprend le Dr Marie Chevret-Measson.

Confiance et dysfonction érectile : de la réalité à la mesure
La dysfonction érectile est un phénomène complexe aux multiples retentissements physiques et psychologiques. Afin d’en évaluer tous les paramètres (et notamment « la confiance »), différents outils de diagnostic et de suivi ont été élaborés.

Ainsi, de nombreux questionnaires patients et échelles ont été mis au point afin d’évaluer la dysfonction érectile (DE) et l’efficacité d’un traitement. Ils sont généralement complémentaires et montrent bien les multiples facettes de la DE et son impact sur la qualité de vie. Ils sont utilisés au cours des essais cliniques, mais ils peuvent aussi aider à la prise en charge du patient.
Dysfonction érectile : la confiance, souvent au cœur des troubles…

- Les sept principaux sont :

1. L’index international de la fonction érectile (IIEF)
Cet index validé, traduit en 32 langues comporte 15 items dans cinq domaines : fonction érectile, satisfaction des rapports sexuels, fonction orgasmique, désir sexuel et satisfaction globale.

2. Le questionnaire sur la santé sexuelle de l’homme (SHIM)
Il est encore appelé IIEF-5 car il s’agit d’une version abrégée de l’IIEF.
Il comporte 5 questions et est plus facile à utiliser en pratique clinique. La première, par exemple est la suivante : « au cours des 6 derniers mois, comment qualifierez-vous votre confiance à pouvoir obtenir ou maintenir une érection ? »

3. Le score de rigidité de l’érection (EHS)
C’est un outil de mesure important qui sert d’aide au diagnostic et de suivi de l’efficacité du traitement. Il est basé sur une échelle à 4 points :
grade 1 : pénis augmenté de volume, mais non rigide.
grade 2 : pénis rigide, mais pas suffisamment pour la pénétration
grade 3 : pénis assez rigide pour la pénétration, mais pas complètement rigide
grade 4 : pénis complètement rigide.

4. Le questionnaire de qualité de l’érection (QEQ)
Il comporte six items sur la satisfaction de la qualité de l’érection sur les quatre dernières semaines.

5. L’évaluation de la satisfaction à l’égard des traitements médicaux de la D E (EDITS)
Ce questionnaire comporte 11 items permettant d’apprécier la satisfaction à l’égard du traitement et l’impact de cette satisfaction sur le suivi du traitement.

6. Le questionnaire SEAR
Il comporte 14 items qui permettent d’évaluer l’impact de la DE sur l’estime de soi, la confiance, la satisfaction à l’égard de la relation sexuelle.

7. Le questionnaire d’expérience sexuelle (SEX-Q)
Il comporte 12 items dans trois domaines (érection, satisfaction individuelle et satisfaction du couple)

Dysfonction érectile : la confiance, souvent au cœur des troubles…
- Corrélation entre les scores
De nombreuses études ont montré qu’une érection plus ferme est directement corrélée à la satisfaction sexuelle, à la satisfaction vis-à-vis du traitement et à des impacts psychosociaux positifs.

En effet, des corrélations positives ont été retrouvées entre le score de rigidité de l’érection (EHS) et le score de qualité de l’érection (QEQ) et l’index international de la fonction érectile (IIEF). Le score de rigidité est également corrélé avec tous les items du questionnaire SEAR sur l’estime de soi et la confiance, ainsi qu’avec la satisfaction vis-à-vis du traitement médicamenteux (EDITS)

- Des érections de grade 4 (EHS) pour rétablir la confiance et la satisfaction
Les érections de grade 4 sur l’échelle de rigidité (EHS) sont le but optimal du traitement pour les hommes souffrant de dysfonction érectile. L’optimisation de la rigidité de l’érection est fortement corrélée avec des améliorations significatives dans la relation sexuelle, la confiance et l’estime de soi ainsi que dans la satisfaction vis-à-vis du traitement de la DE. Toutes ces améliorations sont significativement plus importantes que celles obtenues avec une érection de grade 3.

- L’échelle de rigidité : une aide pour la prise en charge
Une étude observationnelle (SCORED) sur près de 1.500 patients souffrant de DE, suivis par des médecins généralistes et des spécialistes, montre que la rigidité de l’érection et son maintien sont des attentes très importantes de la part du patient vis à vis d’un traitement médicamenteux. L’utilisation d’un questionnaire de rigidité de l’érection (EHS) permet de faciliter de diagnostic et la discussion avec le patient : pour 81% des médecins généralistes et pour 83% des patients, il est d’une grande aide.

- De la mesure au traitement de la dysfonction érectile
La prise en charge de la DE n’est jamais, sauf rares exceptions, ni uniquement physique, ni uniquement psychique, mais elle vise à obtenir une intégration dans la vie psycho-émotionnelle et affective de l’homme et dans la dynamique du couple. Il faut que le patient retrouve confiance en lui, mais il doit avoir également confiance dans sa partenaire, dans le médecin et dans le traitement.

- Personnalisation de la prise en charge
Le médecin doit avant tout rassurer le patient : il existe des moyens pour l’aider. Il lui proposera une prise en charge adaptée. Le traitement oral par un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 comme le sildénafil (Viagra) est le traitement de première intention.

La posologie initiale recommandée est de 50 mg à prendre selon les besoins, environ une heure avant toute activité sexuelle. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose peut être portée à 100 mg (dose maximale) ou réduite à 25 mg.

Une étude a été menée chez près de 500 hommes (moyenne d’âge 53 ans) comparant l’efficacité et la tolérance d’un traitement commencé avec 50 mg de sildnénafil pendant 4 semaines et continué à la même dose ou poursuivi à une dose augmentée à 100mg pendant 4 semaines supplémentaires. A la fin de l’étude, les patients recevant 100 mg de sildénafil se sont déclarés plus satisfaits que ceux traités par 50 mg (scores QEQ et SEX-Q plus élevés). Le pourcentage d’effets secondaires les plus fréquents (flushs, céphalées..) n’était pas plus élevé dans le groupe de patients ayant augmenté la dose à 100 mg par rapport à ceux ayant continué à la dose de 50 mg.

- Confiance dans les explications du médecin
« Il est nécessaire que la prescription soit bien encadrée pour une utilisation optimale du traitement. En effet, on constate parfois des échecs des traitements médicamenteux lorsqu’il n’y a pas eu suffisamment d’explications et de soutien de la part du médecin. », précise le Dr Pierre Desvaux, andrologue, sexologue à l’Hôpital Cochin – Paris.

Il appartient au médecin d’expliquer le mécanisme d’action du médicament : il s’agit d’un grand facilitateur de l’érection qui nécessite une stimulation sexuelle. L’homme doit être encouragé à faire plusieurs essais et si cela ne marche pas, à augmenter la posologie. Il ne doit pas s’inquiéter : les médicaments qui facilitent l’érection sont sans danger lorsqu’ils sont prescrits par un médecin qui élimine les rares contre-indications.

Une étude a été menée pendant 8 semaines afin de montrer le bien-fondé de cette attitude. Pendant la première phase du traitement, les patients recevaient 50 mg de sildenafil et suivaient les instructions de la notice. Pendant la 2ème phase, la dose de sildenafil était adaptée en fonction de l’efficacité et de la tolérance et les médecins donnaient des conseils d’utilisation aux patients. 75% des patients étaient très ou assez satisfaits du traitement après la phase 1. A la phase 2, 53% des patients ont augmenté la dose de sildenafil à 100 mg et 2% l’ont diminué à 25 mg et les résultats ont été encore améliorés. La satisfaction des patients était alors de 86% et parmi les hommes non satisfaits à la fin de la phase 1,64% sont devenus très ou assez satisfaits à la fin de la phase 2.

- Confiance dans un traitement efficace et bien toléré
De nombreuses études ont confirmé une amélioration significative de la qualité de vie dans son ensemble, et pas seulement dans sa dimension sexuelle, associée à une amélioration de toute une série de paramètres psychologiques (anxiété, dépression, confiance en soi..) et des indices généraux de santé, après un traitement efficace des problèmes d’érection par le sildénafil (Viagra).

L’efficacité et l’innocuité du Viagra sont abondamment documentées dans plus de 120 études cliniques effectuées chez plus de 14 000 patients (données Pfizer : 10ème anniversaire Viagra). La célèbre pilule bleue a célébré son 10ème anniversaire l’année dernière. Elle a été utilisée par plus de 35 millions d’hommes dans plus de 120 pays.

Parmi toutes les études, citons une étude d’efficacité et de tolérance, menée pendant quatre ans auprès de 1000 hommes souffrant de DE, montrant que les hommes ayant rapporté une amélioration de leur érection ont également affirmé avoir développé une plus grande aisance à initier une activité sexuelle.

Aussi, plus de 94% des hommes ont été satisfaits des effets du Viagra sur la qualité de leurs érections. Cette étude démontre également la bonne tolérance du traitement sur une période prolongée.

Publié le 18/06/2009 à 12:10 | Lu 7935 fois