Don d'organe : il n'y a pas d'âge

A l’occasion de la 15ème Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, il convient de rappeler qu’il n’y a pas d’âge limite pour donner ! Ce qui est important, c’est l’état de santé de l’organe. Ainsi, l'âge moyen des donneurs d'organes est passé de 38 ans en 1998 à 56 ans en 2013. Mais ce qui est tout aussi important, c’est d’en parler avant avec ses proches…



La majorité des Français est favorable au don d’organes. Pourtant, l’année dernière, seules 5.400 personnes ont pu bénéficier d’un don (un quart des demandeurs), alors que 20.300 personnes étaient en attente d’une greffe. Il est donc primordial d’améliorer la quantité de greffons dans le respect des principes qui régissent cette pratique en France depuis trente ans : la gratuité, l’anonymat entre donneur et receveur et le consentement présumé.
 
C’est d’ailleurs l’objectif de cette 15ème Journée nationale de réflexion du don d’organes : sensibiliser le grand public à l’importance du don et l’inciter à en parler à leurs proches, pour faire connaître leur avis sur le sujet…
 
Développer le don, c’est aussi l’objectif du projet de loi de modernisation du système de santé français, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Ce dernier conforte le rôle irremplaçable du dialogue avec les familles et les proches du défunt. Il en fait un préalable obligatoire au prélèvement des organes et prévoit que des règles de bonnes pratiques viennent encadrer ce dialogue, pour qu’il réponde aux mêmes critères de qualité partout en France.
 
Ce projet de loi renforce aussi les moyens de connaître l’avis du défunt, et notamment son refus. Rappelons que le registre national des refus tenu par l’Agence de la biomédecine (ABM), est reconnu comme le moyen principal, mais non le seul, d’expression du refus. Une concertation nationale sera lancée prochainement avec les associations, les familles, les médecins, les patients… pour définir d’autres moyens d’exprimer le refus.
 
De nos jours, rappelons que le prélèvement est possible à tout âge. S’il est vrai qu’un coeur est rarement prélevé après 60 ans, les reins, le foie ou les cornées peuvent l’être sur des personnes beaucoup plus âgées. En 2007, un tiers (32%) des donneurs avait plus de 60 ans et un quart des reins greffés provenait de donneurs de plus de 60 ans ! La moyenne d’âge des donneurs prélevés est par ailleurs passée de 40 ans en 1999 à 50 ans en 2007 et 56 ans en 2013. Toujours en 2013, 29% des donneurs avaient de 50 à 64 ans et 37,5% plus de 65 ans. Ainsi, le nombre de donneurs de plus de 65 ans a presque triplé au cours des dix dernières années (notamment pour le foie et le rein).
 
Il n’y a pas non plus de conditions de santé à remplir pour donner. Le prélèvement sur personnes décédées peut être envisagé même si celles-ci étaient sous traitement médical ou avaient des antécédents médicaux lourds. Les médecins sont seuls juges, au cas par cas, de l’opportunité du prélèvement au moment du décès et de la qualité de chacun des organes.
 
Selon la représentation commune, pour donner ses organes, il faut être jeune et bien portant. La représentation du donneur comme un jeune de vingt ans, décédé suite à un accident de la route, est encore très présente dans les esprits. Une grande majorité du grand public pense donc qu’au-delà de 60 ans, réfléchir et faire un choix sur le don de ses organes n’est plus utile. Que nenni !
 
C’est ainsi que les plus de 60 ans sont peu nombreux à réfléchir à la question, à l’aborder avec leurs proches et à transmettre leur choix personnel. Ils ne sont que 30% à avoir décidé de ce qu’ils voudraient après leur mort. Et si 48% des personnes de moins de 60 ans ont déjà parlé du don d’organes avec leurs proches, seuls 32,5% des plus de 60 ans ont abordé la question avec une personne de leur famille.
 
Le progrès médical permet aujourd’hui de prélever et de greffer en toute sécurité des organes qui autrefois pouvaient être exclus parfois en raison de l’âge du donneur. Ainsi, des greffons de « moins bonne qualité » que ceux pris sur de jeunes donneurs permettent de pallier la pénurie d’organes chez certains receveurs seniors. Pour le rein par exemple, les médecins font généralement en sorte qu'il n'y ait pas plus de quinze années de différence entre l’âge du donneur et celui du receveur.
 
Tout le monde peut être confronté un jour à cette situation : apprendre la mort brutale d’un parent, d’un conjoint… et être sollicité pour témoigner en urgence de sa décision sur le don de ses organes. Quand le choix du défunt sur le don de ses organes est connu, l’échange avec l’équipe médicale est grandement facilité. Dans le cas contraire, les conditions du dialogue sont beaucoup plus difficiles, le désarroi des proches s’ajoute au choc du deuil. Dans certains cas, la famille hésite et, parfois, dans le doute, refuse le prélèvement.
 
Pour discuter et transmettre son choix sur le don d’organes, la première étape consiste souvent à aborder le sujet avec son conjoint, son compagnon, ou le cas échéant avec un parent ou un ami très proche qui serait vraisemblablement sollicité par les enfants en cas de décès brutal. En revanche, l’échange avec les enfants peut être ressenti comme plus difficile…
Publié le 23/06/2015 à 03:48 | Lu 1591 fois


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