Désindexation des retraites complémentaires, le point avec Emmanuel Grimaud de Maximis Retraite

Après quelques semaines de débat où un consensus tacite a été trouvé assez rapidement, les partenaires sociaux sont tombés d’accord pour une désindexation de la valeur du point des retraites complémentaires au 1er avril 2013, soit à près 1% pour l’Arrco et 1,25% pour l’Agirc en dessous de l’inflation.


La raison pour laquelle ces mêmes interlocuteurs sont plus raisonnables dans le régime des complémentaires qu’ils ne le sont lors des négociations sur les retraites du régime général des salariés est que les régimes complémentaires ne peuvent pas être en déficit, tandis que le déficit du régime général est lui absorbé par l’Etat, donc l’impôt, donc le contribuable ; ou par la dette, ce qui revient à de l’impôt futur.
 
Ce déficit qui vient augmenter la dette de la France n’est pas une nouveauté, il est croissant depuis plusieurs années.

La désindexation des retraites complémentaires, une vraie nouvelle ? En réalité, la désindexation est en route depuis longtemps, mais sans que cela ne soit ni affiché, ni officiel.
 
Le constat est simple. Depuis la création du point unifié Arrco en 1999, les valeurs des points ont augmenté respectivement de 24% pour l’Arrco et 21% pour l’Agirc alors que le coût d’achat augmentait lui, de 39% pour l’Arrco et 41% pour l’Agirc. Autrement dit, pour les mêmes cotisations versées, vous disposez de beaucoup moins de retraite.
 
Prenons l’exemple d’un salarié sur ses points Agirc : si son salaire a augmenté rigoureusement de l’inflation, il disposera de 10% de points en moins en 2012 qu’en 1999 alors qu’il aura payé 27% de cotisation en plus. Après élimination de l’inflation, son pouvoir d’achat a donc baissé de 14%.
 
L’Agirc et l’Arrco profitent également de l’astuce qui consiste à augmenter le plafond de la sécurité sociale qui sert de base aux cotisations sociales. Sur la même période, le plafond ayant augmenté de 37% alors que l’inflation n’était que de 25%, l’assiette de cotisations a donc augmenté jusqu’à 12% sans que les taux de cotisations ne soient changés et sans que cela ne soit apparent pour tout le monde.
 
La désindexation affichée n’est que la mise au grand jour d’une pratique qui était déjà en vigueur depuis plusieurs années. Il faut souligner qu’il résulte un effet pervers de cette augmentation du plafond de la sécurité sociale. Cet outil, facile pour faire rentrer des cotisations, va générer dans les années à venir des retraites de salariés très supérieures à ce qu’elles pouvaient être il y a seulement cinq ans (hausse des retraites CNAV de 10% au-dessus de l’inflation).
 
On a l’impression que l’Etat et les organismes sociaux ont un peu joué aux apprentis sorciers… En attendant de vraies réformes, on ne voit toujours rien venir ; si ce n’est des incantations…
 
Par Emmanuel Grimaud, président fondateur de Maximis Retraite

Publié le 05/04/2013 à 09:40 | Lu 1179 fois