Des dents toujours plus blanches : innovations technologiques et choses à savoir...

A l’occasion de l’édition 2008 du Congrès de l’Association dentaire française (ADF) qui s’est tenue fin novembre à Paris, les docteurs Eric Bonnet et Christian Pignoly ont fait le point sur les dernières avancées techniques en matière de blanchiment des dents : principes, effets secondaires et limites. Explications.


Par les docteurs Eric Bonnet (Limonest) et Christian Pignoly (Marseille)

A une époque où l’esthétique semble un atout indispensable pour répondre à une certaine « normalité », les techniques de blanchiment ou plus précisément d’éclaircissement, représentent une thérapeutique qui trouve une place de choix dans l’arsenal de la chasse au « blanc ».

On le trouve actuellement partout et sous toutes les formes : supports audiovisuels, magazines, linéaires dans les supermarchés, pharmacies et, enfin, chez les praticiens de l’art dentaire. Alors, comment choisir ? Il est essentiel de connaître le principe de cette thérapeutique et ses effets secondaires pour mieux comprendre ses indications et ses limites.

Plutôt grises ou jaunes ? L’éclaircissement, une technique adaptée à la couleur des dents

Dans le domaine de l’esthétique, la couleur des dents n’est qu’un élément parmi tous les critères qui la définissent : la couleur peut nettement améliorer des situations bien définies mais elle ne peut prétendre répondre à tous les traitements de la « beauté »… Le rôle du chirurgien-dentiste est donc d’informer le patient tant sur les effets attendus et espérés de l’éclaircissement que sur ses effets secondaires, trop souvent méconnus.

L’éclaircissement consiste en un traitement ultraconservateur, qui trouve parfaitement sa place au sein des multiples solutions de restaurations esthétiques dentaires et qui peut rendre de très grands services.

• Le principe majeur repose sur la mise en contact d’un agent éclaircissant, l’eau oxygénée, avec les pigments colorés contenus dans la dent.
- Selon un procédé d’oxydation, cet agent chimique reconnu transforme des molécules foncées en des molécules plus claires.
- L’agent éclaircissant se présente sous différentes formes (poudre ou gel) et à différentes concentrations et son action peut être augmentée par la présence de lumière et de chaleur.

• Pour éclaircir une ou des dent(s), il est primordial de bien poser l’indication de ce type de traitement. Deux types principaux de colorations existent : les dents « jaunes » et les dents « grises ».
Les colorations jaunes sont les plus simples à éclaircir, car elles se rapprochent du blanc en fin de traitement. Inversement, l’éclaircissement de « dents grises » est beaucoup plus difficile à obtenir. De la même façon, plus la dent aura une teinte homogène, meilleur sera le résultat. Enfin, il est important de rappeler que seules les dents naturelles peuvent être éclaircies excluant donc de ce type de traitement toutes les reconstitutions en résine ou en céramiques.


Quelques situations cliniques

• Les dents dévitalisées
Les dents dévitalisées -souvent en raison d’un choc- tendent à se colorer avec le temps. Ce type de cas répond très bien au perborate de sodium, présenté sous forme de poudre et qui, mélangé à l’eau, se dissocie en eau oxygénée à l’intérieur de la dent.

• Les dents vivantes
La dent étant intacte initialement, il est inconcevable de diffuser directement un quelconque produit à l’intérieur. Le chirurgien-dentiste a donc recours au gel de peroxyde de carbamide qui se dissocie également en eau oxygénée et se diffuse depuis l’extérieur de la dent pour traverser la barrière de l’émail et agir sur les pigments colorés.

- L’eau oxygénée, trois fois plus concentrée que le gel de peroxyde de carbamide peut, elle aussi, être utilisée.
- Plus la concentration en eau oxygénée est élevée, plus le traitement sera rapide.
- La lumière et la chaleur activent également le processus d’éclaircissement, mais présentent un inconvénient majeur : le risque accru de sensibilité dentaire.

• Attention, hypersensibilité !
Le principal effet secondaire de tous les traitements d’éclaircissement est d’induire une hypersensibilité, mais uniquement pendant le traitement. Plus la concentration en eau oxygénée est élevée, plus l’action sur la dent est rapide, mais plus les chances d’induire des hypersensibilités augmentent.

« Ambulatoire » ou « au fauteuil » : deux modes d’éclaircissement

Aujourd’hui, le chirurgien-dentiste dispose de deux grands modes d’éclaircissement : le mode « ambulatoire » et le mode « au fauteuil ».

Eclaircissement ambulatoire
- Le praticien réalise des gouttières que le patient porte la nuit pendant 2 à 3 semaines.
- La concentration en peroxyde de carbamide est faible (entre 10 et 16%, correspondant à de l’eau oxygénée à 10 à 16 volumes) ; la durée de traitement avec ces gouttières doit donc être assez longue pour pouvoir saturer la dent en eau oxygénée.
- Les hypersensibilités, quand elles existent, sont modérées.
- Les résultats sont très stables dans le temps et un entretien tous les 2 ans permet de maintenir l’éclat obtenu.

Eclaircissement au fauteuil
- L’ensemble du processus se réalise directement au cabinet dentaire avec l’utilisation d’eau oxygénée à forte concentration pendant des temps plus courts.
- L’augmentation de la concentration a pour effet des hypersensibilités plus fréquentes et plus intenses et la diminution du temps d’action entraîne une moindre stabilité de l’éclaircissement dans le temps.
- Le traitement au fauteuil seul dure environ 6 mois. Il peut être complété par une technique ambulatoire pendant 1 semaine immédiatement après la séance au fauteuil. Les résultats sont alors identiques, quelque soit le mode d’éclaircissement choisi.

Les techniques d’éclaircissement très variées et d’apparence très simples répondent toutes à un protocole très rigoureux. La maîtrise parfaite de l’indication et des matériaux est gage de reproductibilité et de stabilité dans le temps. La bonne connaissance des produits permet également au praticien de simplifier ses gestes.

Eclaircissement et plan de traitement

Le processus d’éclaircissement doit nécessairement s’intégrer dans le cadre global du plan de traitement du patient. Le timing est ainsi judicieusement défini pour ne pas entraver d’autres interventions.

Si l’éclaircissement concerne de jeunes patients -qui présentent souvent peu de restaurations-, le moment du traitement dépend de son âge et de l’indication qui doit être bien posée. Concernant les patients plus âgés, la présence de prothèses (couronnes, bridges…) implique une organisation du plan de traitement avec une logique à respecter. Trop souvent, le patient exprime le souhait en fin de traitement prothétique ! Erreur, l’éclaircissement n’est pas la cerise sur le gâteau ! Il doit être réalisé avant la pose des prothèses car il détermine la teinte des futures prothèses et non le contraire !

Il est impossible de déterminer au préalable la teinte finale d’un blanchiment… Alors attention à ne pas faire des promesses qui ne pourraient être tenues !

Publié le 05/12/2008 à 09:50 | Lu 9668 fois