De l'analyse métabolique des fluides biologiques par résonance magnétique

La médecine de demain et de précision arrive à Paris : le Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (Université de Paris/CNRS) vient de se doter du premier système national d’analyse métabolique à haut débit des fluides biologiques (IVDr) chez l’Homme par résonance magnétique. L’information obtenue est essentielle pour le suivi de la santé de chacun. Explications.





Ce système sera dédié à l’analyse des fluides biologiques chez l’humain. Développé par la société Bruker, cet équipement permet d’obtenir automatiquement la composition des principaux métabolites présents dans les liquides biologiques, le sang et les urines notamment, par une analyse de résonance magnétique. L’information obtenue est essentielle pour le suivi de la santé de chacun.
 
En effet, les variations de ces métabolites reflètent à la fois le patrimoine génétique propre à chaque individu mais également l’influence du mode de vie (alimentation, activité physique, ...) ou de l’environnement (pollution, qualité de vie...) sur la santé. Ce système constitue donc un nouveau pas vers la médecine de précision.
 
Première plateforme française à bénéficier du système IVDr, MétaboParis-Santé devient le centre de référence de ce type d’activité. Le système permettra notamment d’analyser des échantillons pouvant être facilement prélevés chez l’Humain, tels que du plasma, du sérum ou de l’urine, et permettra d’identifier et de quantifier automatiquement les principaux métabolites présents avec une grande précision, le tout en moins de 15 min.
 
Dans la pratique, ces analyses permettront de mieux déceler de nombreuses maladies métaboliques et de comprendre comment elles perturbent le fonctionnement des cellules. Il faut noter que ce type de maladie est en réalité très répandu dans la population, certaines de leurs manifestations les plus connues se traduisant par exemple chez le malade par une mauvaise transformation des sucres, des graisses ou des protéines.
 
Dans ce contexte, ce nouveau système s’annonce comme un « atout majeur pour traiter ces affections qui présentent un réel enjeu de santé publique : « Les analyses de sang permettront par exemple de faire une meilleure évaluation des risques cardio-vasculaires en établissant un profil lipidique contenant 115 paramètres, plus détaillé que celui fourni par les laboratoires d’analyse biologique classiques » explique Gildas Bertho chercheur CNRS et directeur scientifique de la plateforme MétaboParis-Santé.
 
Le potentiel de la technique, basée sur le même principe que l’IRM, est extrêmement puissant, et ses possibilités sont de nos jours continuellement améliorées par des travaux de recherche. Alors que l’IRM est utilisée en médecine pour obtenir une image détaillée de notre corps et de ses organes, l’analyse métabolique par RMN a été développée pour établir une cartographie extrêmement précise, à l’échelle moléculaire, de la composition chimique de notre organisme.
 
Ce système est d’ores et déjà capable d’identifier les marqueurs biologiques caractéristiques de maladies métaboliques rares ou orphelines, depuis le nouveau-né jusqu’à l’adulte.
 
« Il sera possible, par exemple, de réaliser un profil caractéristique de certaines pathologies, et de proposer un diagnostic pour un individu en le comparant aux autres malades qui ont été identifiés et traités auparavant, de suivre, ou pourquoi pas de prévoir, l’évolution de la réponse de volontaires à de nouveaux traitements lors d’essais cliniques visant à développer de nouveaux médicaments, ou encore de décrire finement l’effet de l’exposition d’une population entière à des polluants de l’environnement » poursuit Gildas Bertho.
 
Université de Paris a déjà établi ses premiers partenariats avec des hôpitaux franciliens afin d’utiliser et de valoriser cette technologie. À moyen terme, cette technologie devrait trouver sa place en milieu hospitalier et en laboratoire d’analyse biologique de routine.

Article publié le 13/11/2019 à 02:01 | Lu 1425 fois