Dalida : inteview de Sveva Alviti, l'actrice qui joue le rôle de la chanteuse

Alors que le film Dalida de Lisa Azuelos sort cette semaine sur les écrans français, revenons sur ce long-métrage avec Sveva Alviti, la jeune actrice qui interprète avec une grande justesse le rôle de la chanteuse. Une belle découverte et une comédienne prometteuse.


Sveva Alviti, le public français ne vous connait pas encore, qui êtes-vous ?

Je suis italienne, de Rome et j’ai 32 ans. Toute jeune, je voulais être joueuse de tennis, j’ai d’ailleurs atteint un niveau professionnel, jusqu’au jour où ma soeur m’a inscrite au concours de mannequins Elite Model Look Italie. J’ai eu la chance de gagner ce concours et donc de partir vivre à New York à 17 ans. Très tôt, j’ai su que je voulais être actrice mais le mannequinat m’a permis de me payer la meilleure formation de comédienne possible là-bas. J’ai fait ça pendant neuf ans, et au moment où j’allais laisser tomber mon rêve, déçue de n’avoir pas trouvé de rôles intéressants… Dalida est arrivée !
 
Comment cela s’est-il passé ?

Ce qui est drôle, c’est que j’ai commencé par refuser de rentrer en Europe pour faire le casting. Mon agent insistait encore et encore, mais je pensais que je n’aurais aucune chance, c’était un rôle trop grand pour moi ! Et puis je ne parlais pas du tout français, je ne chantais pas, je ne dansais pas... Pourquoi ils me voulaient, c’était bizarre non ? Mon agent a quand même réussi à me convaincre de faire une vidéo de démo sur mon iPhone. C’est en la préparant que j’ai vraiment découvert Dalida. Je connaissais ses chansons, comme tous les Italiens, mais pas du tout la femme. Une interview d’elle sur Youtube a tout changé. Je me suis sentie touchée et si proche d’elle, soudain… Comme si je la comprenais intimement. Comment ne pas vouloir incarner une femme si sensible, si gentille et si forte ? J’ai commencé à rêver…
 
Et après ?

Lisa a vu 200 actrices et il en est resté vingt. Là, j’ai fait le déplacement jusqu’à Paris, quand même ! Il y avait une chanson à préparer, en play-back. J’ai choisi Je suis malade car c’est celle qui m’émouvait le plus. Je pensais que je n’avais pas beaucoup de chances d’être choisie mais tant pis, je l’ai fait pour moi, pour donner ce quelque chose que je sentais en moi… Cette chanson, c’est aussi un poème, et j’en comprenais la douleur. À la fin, tout le monde est resté silencieux. J’ai vu que Lisa Azuelos pleurait. Je lui ai juste dit « Je suis Dalida ». Et elle a simplement répondu « Je sais ».
 
Comment s’est passée votre rencontre avec Orlando ?

J’avais très peur de le rencontrer, mais j’ai inclus ça dans mon travail sur le personnage, sur les moments de trac que Dalida avait dû vivre. Orlando a été extrêmement bienveillant, il m’a fait faire tout un travail sur ma gestuelle mais il m’a laissée donner ma version de Dalida, pas seulement une imitation, car il était important que je me l’approprie. À la fin du tournage, Orlando m’a fait le plus beau cadeau qui soit, en m’offrant une paire de boucles d’oreilles qui ont appartenu à Dalida et en m’appelant « sa petite soeur… »

Comment vous êtes-vous préparée ?

J’ai eu neuf mois pour me préparer et j’ai énormément travaillé, déjà pour apprendre le français ! Le tournage a duré 3 mois, en France, Italie et au Maroc. C’était assez éprouvant car j’avais quatre heures de maquillage par jour. Perruque, prothèse sur le nez, fausses dents, un gros travail ! Surtout certains jours, quand je devais passer d’une scène des années 50 à une scène des années 80. J’avais un coach pour m’aider à répéter, et j’ai travaillé le scénario jusqu’à le savoir littéralement par coeur.
 
J’ai aussi été aidée par les autres acteurs, tous plus expérimentés que moi et de très bon conseil. Nicolas Duvauchelle, Niels Schneider, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve… Ils m’ont soutenue et donné confiance. Et Lisa Azuelos a été déterminante, bien sûr. Elle était comme une mère avec moi, compréhensive, confiante, encourageante… Pour elle, ce qui compte, c’est l’émotion, donc elle laisse de la place à l’improvisation, ce qui est très agréable.
 
Comment trouve-ton le ressort émotionnel pour incarner une femme suicidaire de 54 ans quand on est si jeune ?

Mais la fragilité n’a rien à voir avec l’âge ! Comme Dalida, je suis instinctive, portée à introspection, donc je comprenais très bien ce qu’elle ressentait. Quand on est actrice la plus belle chose est de pouvoir donner ce qu’on a, caché à l’intérieur de soi. Nous avons tous une part noire dans notre personnalité et pour moi c’était intéressant d’explorer cela artistiquement... La scène la plus difficile, pour moi n’a pas été celle de la fin mais celle de l’avortement… Le sacrifice de cette femme qui ne rêvait que de ça, avoir un enfant, a quelque chose d’inhumain. Mais Dalida, ça n’est pas que de la souffrance, heureusement !
 
Les scènes de joie m’ont fait un bien fou. Quand j’ai chanté dans le vrai Olympia ou à San Remo, c’était une émotion incroyable. Peut-être mes plus beaux souvenirs. Il y a eu un moment du tournage où je ne savais plus si j’étais Sveva ou Dalida, c’était vertigineux, dans le bonheur comme dans la douleur. Aujourd’hui, Dalida s’est un peu éloignée de moi, c’était salutaire, mais elle reste le plus beau cadeau que la vie m’a fait à ce jour.

 
Que saviez-vous de Dalida avant de lire le scénario ?

Je savais qu’elle était très connue en France et je connaissais ses chansons en version originale, car elle a souvent repris des tubes italiens. Pour mes parents, c’était une énorme star ! Quant à son frère Orlando, je connaissais juste son nom, j’ignorais qu’il avait été si important dans sa carrière.

Publié le 13/01/2017 à 01:00 | Lu 2529 fois





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