Corée du sud : les Ajumma, des femmes seniors de caractère

Tous ceux qui sont un jour allés en Corée du sud, ont forcément croisé ces femmes d’une soixantaine d’années. Ces Ajumma qui se distinguent par leurs vêtements, leurs comportements, leurs caractères et qui représentent tout une génération qui a vécu « à la dure », le développement du pays depuis la fin de la guerre. Et qui depuis quelques années, profitent de la vie !





On les croise un peu partout en ville, dans les campagnes et en voyage à travers la Corée du sud. En ville ou dans les campagnes, elles sont souvent seules. En voyages, elles sont toujours en groupe. Que des femmes d’une soixantaine d’années.
 
Elles portent souvent des vêtements aux couleurs criardes, avec des carreaux, des rayures, des motifs, des fleurs, des choses qui ne vont pas forcément ensemble. Sur leur tête, pour protéger leurs cheveux courts et frisés (permanentés), elles portent le plus souvent une casquette à visière transparente et des chaussures confortables aux pieds.  
 
Ces femmes, ce sont les Ajumma (littéralement femme mariée qui a eu son premier enfant en coréen), les baby-boomeuses sud-coréennes en quelque sorte. Elles sont nées dans les années 50, pendant ou juste après la guerre de Corée. Elles ont vécu une enfance difficile dans un pays en pleine reconstruction, elles ont eu une vie de femme pas toujours agréable, devant s’occuper du foyer, du mari, des enfants et de la belle famille…

Mais depuis quelques années, ces femmes robustes se sont libérées de tous ces carcans. Les enfants ont quitté le nid familial, le mari file droit et elles, elles s’amusent. Elles s’habillent confortablement, elles font du shopping, arpentent les grandes villes en vous bousculant dans le métro pour s’asseoir ou en vous passant devant dans une file au restaurant ou pour prendre un taxi.

Et il ne faut surtout pas leur faire des réflexions, au risque de vous prendre une belle bordée d’injures coréennes ! D’ailleurs, les locaux ne s’y risquent pas, ils font comme s’ils n’avaient rien vu lorsqu’une Ajumma leur passe devant.  

En ce qui concerne le métro, des places de deux ou trois personnes en vis-à-vis sont réservées aux personnes âgées (donc aux ajumma, aux femmes enceintes ou au personnes handicapées). Même si le métro est bondé et que ces places sont libres et qu’il n’y aucun ainés alentours, ne les prenez pas, c’est très mal vu, très mal poli.

Les Ajumma voyagent à travers la Corée, la plupart du temps, en bande d’une dizaine de personnes. Impossible de les rater, d’une part, compte-tenu de leur accoutrement et d’autre part, car elles ne sont pas discrètes ! Dans un bus, elles parlent fort, s’invectivent, critiquent, chantent, lancent des sortes de youyous lorsqu’elles sont contentes. Bref, on les reconnait et on les entend de loin.
 
Oui mais derrière ce portrait peu flatteur, ces femmes sont souvent extrêmement gentilles. Et puis il faut bien avoir en tête que si la Corée du sud est parvenue à un tel niveau de développement en si peu de temps, c’est en grande partie grâce aux Ajumma, c’est d’ailleurs pour cela que la plupart des Coréens ont un grand respect pour ces mères de famille.

Si vous êtes en voyage organisé avec elles et qu’elles vous « adoptent », elles vous offriront des bonbons et de grands sourires, prendront des photos avec vous et vous communiqueront en quelques minutes, une formidable joie de vivre et un sacré peps !

Jean-Philippe Tarot

Article publié le 30/08/2022 à 08:49 | Lu 18837 fois