Chroniques Saganesques à l'Artistic Théâtre : le charmant petit montre est de retour

On connaissait, ou croyait connaître à peu près tout de Françoise Sagan, par ses romans, ses pièces de théâtre et ses passages sur les plateaux de télévision. Très jeune, en 1954 -elle avait tout juste 19 ans- elle fit la une des journaux lors de la parution de « Bonjour Tristesse », son premier roman qui la lança définitivement dans le milieu littéraire.





Puis il y eut, quelques années après, ce terrible accident de voiture dont elle ne se remit jamais totalement. Puis, puis, puis…
 
On connait Sagan par l’image qu’elle a donnée d’elle-même, mondaine, désabusée et parfois superficielle.
 
On connait moins la femme engagée qu’elle fut en de nombreuses circonstances, sans doute parce qu’elle le fit toujours avec une discrétion qui faisait partie de son élégance.
 
C’est ce côté-là de Sagan qu’ont eu envie d’explorer Anne-Marie Lazarini et toute son équipe de l’Artistic Théâtre en se plongeant dans les « Chroniques » de l’auteur, écrites entre 1954 et 2003, année de sa disparition.
 
Trois acteurs, un homme et deux femmes, nous délivrent une astucieuse mise en scène de ces textes, dont des extraits judicieusement choisis sont lus alternativement par un des trois comédiens. Ils sont assistés par un pianiste et un barman, l’ensemble de la scène évoquant un cabaret du siècle dernier. D’ailleurs les spectateurs sont attablés sur l’avant-scène  comme au cabaret.
 
On y retrouve ce qu’on sait déjà de Sagan, l’amour de la vitesse, du jeu et aussi des drogues, mais aussi ce qu’on connait moins d’elle, un voyage à Cuba, la guerre d’Algérie ou mai 68. Et son inconditionnelle admiration pour Billie Holiday et Orson Welles…
 
Frédérique Lazarini et Coco Felgeirolles nous donnent à voir alternativement deux versants de l’écrivaine, l’un plus extraverti, l’autre plus intérieur. Cédric Colas, quant à lui, plus en retrait, choisit le registre du récit.
 
Une mise en scène très dynamique évite toute longueur et le temps passe dans un tourbillon, comme l’aimait Françoise Sagan, justement. La musique d’Andy Emler, jouée par Guiherme de Almeida, contribue à nous plonger dans l’ambiance de « cabaret littéraire ».
 
Pour conclure ce spectacle, Anne-Marie Lazarini a choisi l’épitaphe rédigé par l’écrivaine elle-même, quelques années avant sa mort.
 
« Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour Tristesse, qui fut un succès mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même ».
 
Françoise Sagan
Chroniques 1954-2003
Cabaret littéraire
 
Artistic Théâtre
45 bis rue Richard-Lenoir
M75011 Paris
mardi 20h mercredi jeudi 19h, vendredi 20h30, samedi 17h 20h30,  dimanche 17h

Article publié le 22/06/2021 à 08:42 | Lu 2807 fois