Cholestérol : mieux gérer grâce à l'alimentation...

Loin d'être du superflu, la nutrition est, à plusieurs titres, capitale pour les personnes vivant avec le VIH. En connaître les grands principes leur permet à la fois de : reprendre des forces afin de combattre la maladie, freiner les complications associées à l'infection, favoriser un mieux-être général et réguler leur poids.


Comme le cholestérol est apporté pour un tiers par l'alimentation, le choix des aliments n'est pas anodin. Par ailleurs tous les gras ne se valent pas. Schématiquement il existe deux grands groupes de gras : les graisses complexes et les acides gras, parmi lesquels les saturés augmentent le cholestérol sanguin, contrairement aux mono et polyinsaturés qui le diminuent.
 
En vertu de quelques grands principes alimentaires, il est possible d'aider les personnes vivant avec le VIH à maîtriser leurs désordres lipidiques. Comme le souligne le docteur Jean-Michel Lecerf dans sa préface « il n'est pas nécessaire de tout changer ! (…) Il faut par contre faire des adaptations nécessaires ».
 
En voici les principales grandes lignes :

1- Modérer le sel et les aliments qui peuvent altérer le profil métabolique

Les graisses saturées sont à surveiller, parmi lesquelles : les plats cuisinés, la charcuterie, la crème fraîche, les produits à base de lait entier, le beurre, le jaune d’œuf, les viandes grasses comme l'agneau, les abats dont notamment le foie, etc. et surtout les boissons sucrées (sodas, limonades, nectars, etc.) qui sont pour le Docteur Lecerf « l'interdit le plus formel ».
 
2- Favoriser les aliments protecteurs

A contrario, les avocats, grâce à leur faible teneur en graisses saturées, sont à privilégier tout comme les oléagineux riches en minéraux (magnésium, potassium, calcium, phosphore, zinc, fer), fibres, protéines végétales et en acides gras insaturés. Les aliments à base de glucides sont pauvres en graisses donc peu caloriques et permettent de maintenir un taux de cholestérol faible. Mais encore les légumes (« verts » ou secs), les fruits, les épices, les produits laitiers fermentés... les aliments qui agissent favorablement sur le fonctionnement vasculaire sont plus nombreux qu'on ne le croit !
 
3- Prôner le juste équilibre alimentaire

Deux mots résument l'équilibre alimentaire : la variété et la modération. Pas d'excès, pas d'exclusion totale (à l'exception des boissons sucrées !), pas de monotonie, de la diversité dans les plats, dans les modes de cuisson, et bien sûr le respect des 5 grands groupes d'aliments lors de chaque repas : une source de protéines, une source de glucides complexes (féculents), des légumes, un produit laitier, des matières grasses (bien choisies), et de l'eau.

Interview du Docteur Jean-Michel Lecerf, Professeur associé à l'Institut Pasteur de Lille, Endocrinologue - nutritionniste

Comment l’alimentation influence-t-elle les lipides du sang (cholestérol – triglycérides) ?

Il existe deux lipides (ou graisses) circulants dans le plasma : le cholestérol et les triglycérides. Ces graisses sont transportées dans des particules appelées lipoprotéines qui les véhiculent depuis l’intestin ou le foie jusqu’aux tissus et organes qui s’en servent pour de l’énergie ou des synthèses. C’est dire leur importance. Le cholestérol est transporté soit dans des LDL et des HDL, soit dans des VLDL avec les triglycérides.
 
Dans certains cas, les taux peuvent être anormaux et devenir dangereux (Chol LDL haut – Chol HDL bas – Triglycérides hauts). Cela est favorisé soit par une fabrication excessive dans le foie en cas de prise de poids (du ventre notamment) ; soit par une alimentation déséquilibrée :          excès de sucres qui augmente la fabrication de triglycérides par le foie et diminue le Chol HDL ; déséquilibre des graisses alimentaires (trop de graisses saturées, insuffisance de graisses insaturées et insuffisance de fibres alimentaires végétales) ce qui augmente le Chol LDL.
 
Certains médicaments et l’hérédité peuvent favoriser les perturbations lipidiques. Ces anomalies peuvent accroître le risque de maladies métaboliques ou cardiovasculaires, d’autant plus s’il existe un manque d’activité physique, un excès de poids, un tabagisme, une hypertension artérielle ou un diabète.

 
Pour les personnes vivant avec le VIH, quels seraient les 3 conseils primordiaux à retenir en matière de diététique et de nutrition ?

Le premier message est un message de modération des aliments sucrés et des aliments glucidiques (pain, féculents, etc.) qui se transforment très facilement en graisses dans le foie. Il faut aussi modérer les aliments très (trop) riches en calories et en graisses, souvent peu utiles bien que attirants (et souvent salés ou sucrés). Cette modération n’est pas un interdit, c’est une prudence. Pour y arriver plus facilement, le plaisir doit être maintenu : apprendre à manger peu (et avec plaisir) des bonnes choses, par exemple le chocolat !
 
Le second conseil est celui de la variété. Car la variété est un gage d’équilibre alimentaire. Cela veut dire que tous les aliments doivent être régulièrement présents à table, sans oublier poisson, légumes, fruits, pain complet, viande, laitage et fromage, beurre et huile, céréales et légumes secs, oléagineux, etc. Pour cela, cuisiner est un atout car cela permet de savoir qu’on les utilise et qu’on les transforme correctement (ne pas les malmener à la cuisson).
 
Le troisième message concerne l’activité physique qui est l’allié parfait, sûr et sincère de la diététique et de la santé. Chaque jour, chaque fois que possible se servir de ses jambes pour toutes les activités quotidiennes. 

Publié le 14/04/2015 à 01:00 | Lu 2015 fois