Cancer : la réinsertion professionnelle jugée difficile par les Français après la maladie

Chaque année, en France, près de 350.000 personnes sont touchées par un cancer. Parmi elles, 100.00 travaillent. Une situation qui, avec le recul de l’âge de la retraite, risque d’être de plus en plus fréquente. Selon le sondage Viavoice réalisé pour le compte de l’Institut Curie, la réinsertion dans le monde professionnel est pour 43% des sondés, la principale difficulté des personnes ayant été traitées pour un cancer.


« Cette inquiétude des Français complète parfaitement les résultats de notre enquête sur les répercussions du cancer sur la vie professionnelle » déclare le Dr Bernard Asselain de l’Institut Curie.

« Si huit salariés sur dix retravaillent après un cancer, la moitié d’entres eux disent rencontrer des difficultés » ajoute-t-il.

Fatigue, troubles de la mémoire et de la concentration, perte de l’estime de soi, de confiance liée à la peur de la récidive, autant d’obstacles et d’incertitudes pour réussir la réinsertion socio-professionnelle des personnes ayant été atteintes de cancer. Environ 20 % des salariés disent même avoir été pénalisés dans leur emploi à cause de leur maladie.

Le moment du retour au travail représente un double enjeu social et psychique. Le manque d’anticipation, le dialogue insuffisant avec le médecin du travail, l’incompréhension de la hiérarchie et des collègues semblent être les obstacles à lever en priorité.

Comment ? Par la mise en place d’actions concertées entre les divers acteurs pour faciliter le passage du statut de malade à celui de personne de retour dans la vie. « Le patient et l’entreprise ne sont généralement pas prêts à ce retour au travail » complète Monique Sevellec, co-auteur de cette étude et psychosociologue à l’Institut Curie. Souvent par manque d’anticipation. « Dès le début de la prise en charge médicale, le cancérologue doit pouvoir avec le patient envisager le retour au travail et les conditions de celui-ci » explique encore Bernard Asselain.

Dans l’immédiat, pour sensibiliser les salariés sur les difficultés spécifiques que présente le retour dans la vie professionnelle, Bernard Asselain et Monique Sevellec envisagent la création d’un livret d’information reprenant l’expérience d’anciens patients, qui permettrait au salarié une meilleure anticipation de sa situation.

Première étape d’une série d’actions basées sur le dialogue et l’accompagnement personnalisé (formalisation des consultations de l’après-cancer, visite de pré-reprise professionnelle systématique, aménagements…) et impliquant tous les acteurs (salarié, médecin du travail, oncologue, médecin traitant, ressources humaines…).

« Tout doit en effet être mis en oeuvre pour aider les patients à entrer dans l’après-cancer » explique le Dr Laure Copel, responsable de l’Unité mobile d'accompagnement et de soins continus de l’Institut Curie. Le Plan Cancer 2009-2013 a d’ailleurs fait de cette phase de reconstruction essentielle, l’un de ces axes prioritaires.

Une réalité dont sont conscients les Français puisque pour 86% des personnes interrogées lors du sondage Viavoice pour l’Institut Curie, il est prioritaire de favoriser le retour à l’emploi des anciens malades et 85% estiment qu’il faut réduire les discriminations vis-à-vis des personnes ayant été traitées pour un cancer, pour l’obtention d’un prêt notamment.

Autre donnée intéressante selon ce même baromètre, les deux-tiers des Français estiment qu’une personne ayant été traitée pour un cancer peut retrouver la même vie qu’avant. Une perception qui apparaît là en total décalage avec le ressenti des personnes ayant été malades, dont les propos évoquent souvent l’impossibilité d’un retour à l’avant.

A l’avenir, ce baromètre permettra de suivre l’évolution de l’opinion des Français sur l’après-cancer. On considère qu’aujourd’hui, en France, au moins deux millions de personnes vivent en ayant eu un jour un cancer et ayant fini leur traitement initial. « C’est un constat encourageant puisqu’on peut désormais parler de guérison, mais cela nécessite un plan d’actions, porté par tous les acteurs, pour faciliter la réinsertion socio-professionnelle des personnes touchées » conclut le Dr Laure Copel.

Rappelons que l’Institut Curie est une fondation reconnue d’utilité publique associant le plus grand centre de recherche français en cancérologie et deux établissements hospitaliers de pointe. Pionnier dans de nombreux traitements, cet ensemble hospitalier est référent pour les cancers du sein, les tumeurs pédiatriques et les tumeurs de l’oeil. Il assure la diffusion d’innovations médicales et scientifiques aux niveaux national et international. Fondé en 1909 sur un modèle conçu par Marie Curie et toujours d’avant-garde, « de la recherche fondamentale aux soins innovants », l’Institut Curie rassemble 3 000 chercheurs, médecins, soignants, techniciens et administratifs.

Pour en savoir plus : www.curie.fr

Publié le 02/05/2011 à 10:05 | Lu 2666 fois