Cancer : l'immunothérapie pour lutter contre la maladie…

Dans un récent article, l’Institut Curie indique que la « célèbre revue américaine Science » considère qu’en matière de recherche, « l'avancée majeure de 2013 a concerné l'immunothérapie pour lutter contre les cancers ». Détails.


« Cette année marque un tournant en cancérologie. Car les efforts déployés depuis longtemps pour utiliser le système immunitaire contre la tumeur portent enfin leurs fruits -et cela même s'il reste encore beaucoup de questions à résoudre pour l'avenir », explique la prestigieuse revue Science.
 
Et c'est pour ça qu'elle a choisi -après de longs débats en interne semble-t-il- de faire de l'immunothérapie contre le cancer son numéro un du top dix des avancées scientifiques de l’année 2013.
 
Avant d’aller plus loin, rappelons que l’immunothérapie consiste à stimuler et éduquer notre système immunitaire pour lui enseigner à éradiquer les cellules cancéreuses dans l'organisme. « L'immunothérapie représente une nouvelle façon de traiter le cancer puisqu'il ne s'agit plus de cibler la tumeur, mais le système immunitaire », souligne la revue Science.

En quoi consiste l’immunothérapie ?

Le système immunitaire peut se dérégler. Il peut réagir :

1. soit trop fortement en rejetant une greffe de tissu ou d'organe ou en provoquant des états d’hypersensibilité à certains antigènes (allergies),
2. soit trop faiblement, en déployant des défenses trop limitées vis-à-vis d'un microbe en cas de maladie infectieuse,
3. soit de façon inadaptée dans certaines maladies auto-immunes, l’organisme fabriquant alors des anticorps contre ses propres cellules (exemple : sclérose en plaques).
 
Le but de l'immunothérapie est de stimuler les mécanismes immunitaires c'est-à-dire les réponses immunes quand celles-ci sont insuffisantes, on parle alors d'immunostimulation. Dans certains cas, l'immunothérapie permet de juguler l'immunité, on parle alors d’immunosuppression, quand la réponse immune est excessive ou encore indésirable.
 
L’immunothérapie a vraiment débuté au cours des années 1960, avec les greffes de moelle osseuse, qui transfèrent des cellules immunitaires (lymphocytes) du donneur au receveur. Les thérapeutiques disponibles se sont accrues, dans le dernier quart du XXe siècle, avec l’isolement de substances produites au cours d’une réaction immunitaire (cytokines) et avec la possibilité de modifier des lymphocytes en dehors de l’organisme.
L’immunothérapie recouvre aujourd’hui une grande famille de solutions thérapeutiques préventives ou curatives faisant appel au système immunitaire des individus.

Si médecins et chercheurs travaillent à développer ce concept depuis très longtemps, cette année les succès obtenus par des essais cliniques avec des patients atteints de mélanome de la peau, de cancer de poumon et du rein ont levé les derniers doutes existant encore sur cette voie thérapeutique. Toutefois, de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour comprendre le fonctionnement de ces thérapies et les optimiser, mais aussi pour analyser les échecs et essayer d'y trouver des solutions.
 
A l'Institut Curie, le laboratoire Immunité et cancer de Sebastian Amigorena cherche à comprendre les réponses immunologiques aux tumeurs et étudie comment utiliser le système immunitaire pour lutter contre le cancer. Ces recherches vont de l'analyse des aspects les plus fondamentaux du transport intracellulaire dans les cellules du système immunitaire, aux aspects fonctionnels des réponses immunitaires aux tumeurs dans des modèles animaux, en passant par l'immunothérapie clinique chez les patients atteints de cancer.
 
Par ailleurs, depuis de nombreuses années, plusieurs programmes incitatifs et coopératifs, entièrement financés par les fonds propres de l'Institut Curie, et pour grande partie par la générosité publique, portent sur l'immunothérapie. L'un des derniers en date intitulé « Thérapies ciblées » comporte un volet sur l'immunothérapie. Son objectif : mettre au point des vaccins thérapeutiques pour apprendre aux cellules immunitaires à engager le combat contre le cancer… 

Publié le 07/01/2014 à 09:47 | Lu 1243 fois