Cancer du sein : bilan à six ans du « diagnostic en un jour » à l'Institut Gustave Roussy

Alors que l’Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val de Marne) mettra prochainement en place une nouvelle demi-journée « diagnostic en un jour » du cancer du sein à partir du 28 septembre 2010, revenons sur le bilan chiffré de six années de pratique et près de 9.000 femmes vues dans le cadre de cette organisation.


En mars 2004, une première journée hebdomadaire de « diagnostic en un jour » du cancer du sein a été mise en place par le Dr Delaloge, cancérologue et responsable du Comité de Pathologie mammaire à l’Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR, Villejuif).

Aujourd’hui, avec six ans d’expérience et près de 9.000 femmes vues dans le cadre de cette organisation, l’IGR annonce détenir « l’une des plus grandes expériences mondiales en la matière ».

Cette organisation qui se veut « pionnière en France » est destinée aux femmes ayant une suspicion de cancer du sein suite à une mammographie réalisée en ville. L'objectif de cette journée est de réduire le temps de doute et l'errance diagnostique.

Dans ce contexte, le Dr Delaloge a réalisé un bilan chiffré des six années d'expérience de cette organisation. Parmi les 8.896 femmes vues dans le cadre de cette journée, les données de 7.653 d’entre elles ont été analysées. Sur cette série, les trois-quarts (75%) des patientes ont eu leur diagnostic dans la journée et 25% des femmes ont attendu une médiane de quinze jours pour obtenir un résultat définitif, car les résultats obtenus le jour même ne pouvaient trancher, ou bien parce que le délai pour réaliser, lire et analyser une biopsie sous échographie ou une macrobiopsie stéréotaxique est plus long.

Pendant la journée diagnostique, sur la série analysée, 26% des femmes ont eu une mammographie sur place, 53% une échographie et dans 72% des cas une ponction à l’aiguille fine (ou cytoponction) ou une biopsie a été effectuée. Pour 28% des femmes le diagnostic a pu être posé à partir d'un examen d'imagerie seul. Pour 48% une cytoponction supplémentaire à été nécessaire et pour 12% une biopsie sous échographie ou une macrobiopsie stéréotaxjque.

Un diagnostic de cancer a été posé pour 45% des femmes et un diagnostic de maladie bénigne a été posé pour 55% des femmes. Trois femmes sur quatre (74%) présentaient une masse ou nodule et 26% des femmes présentaient des micro-calcifications.

« En moyenne, deux médecins ont été vus par chaque patiente, mais bien sûr les médecins discutent entre eux des examens, du diagnostic et des propositions thérapeutiques pour chaque patiente, de façon pluridisciplinaire, grâce à l’unité de lieu et de temps de cette organisation », a commenté le Dr Delaloge.

La sensibilité et la spécificité diagnostiques de la journée diagnostique étaient toutes deux élevées, à 97,9% et 99,8% respectivement. Les informations délivrées au cours de la journée aux patientes ont été bien intégrées avec 70 à 80% de l'information correctement retenue à deux jours. « Ce sont des bons résultats, nous avions peur que les patientes reçoivent trop d'informations en une seule journée et ne les retiennent pas », a déclaré le Dr Delaloge.

Dans l'ensemble, les patientes étaient satisfaites de leur expérience de cette journée de « diagnostic en un jour », avec 90% déclarant une bonne à excellente satisfaction. Toutefois, certaines patientes avaient quand même du mal à contrôler leurs émotions pendant la journée ; 28,8% ont déclaré avoir des souvenirs traumatisants trois mois plus tard. Cela, quelque soit le diagnostic, bénin ou malin.

Avec ces six années de recul, ce mode de fonctionnement semble particulièrement efficace tant pour les femmes que pour les médecins. En 2008, sur ce même modèle l'IGR a ouvert une journée de « diagnostic en un jour » du cancer de la thyroïde.

A noter qu’à partir du 28 septembre 2010, l'Institut mettra en place une seconde demi-journée hebdomadaire de « diagnostic en un jour » de cancer du sein dédiée aux femmes ayant besoin d’une prise en charge diagnostique urgente, en présence d’une tumeur de grande taille par exemple, ou en cas de grossesse en cours, ou bien encore en présence d’une inflammation du sein.

Rappelons que l’Institut de cancérologie Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe est un établissement privé participant au service public hospitalier et habilité à recevoir des dons et legs. Il constitue un pôle d’expertise global contre le cancer entièrement dédié aux patients. Il réunit sur un même site près de 2.300 professionnels dont les missions sont le soin, la recherche et l’enseignement.

Site Internet : www.igr.fr

Publié le 27/09/2010 à 08:01 | Lu 2226 fois