Cancer du sein : Les Amazones s’exposent à Paris

Le mois d’octobre est traditionnellement le mois du cancer du sein (Octobre Rose)… A cette occasion, on peut découvrir à la Mairie de Paris depuis le 16 octobre dernier et jusqu’au 8 novembre prochain, une exposition baptisée Les Amazones s’exposent qui présentent par le biais de photographies, de peintures ou de sculptures, des femmes ayant été touchées par la maladie.





Les Amazones s'exposent
Aujourd’hui, dans une société pourtant riche en images, ce corps féminin différent est absent de toute représentation.

Cette exposition, les Amazones s’exposent, invite donc hommes et femmes à ne plus redouter et à apprivoiser cette autre réalité.

Chaque année, en France, plus de 40 000 nouveaux cas de cancer du sein sont dépistés. Une maladie qui touche les jeunes femmes comme les plus âgées et qui, pour une femme sur trois, passe par une ablation du sein.

En dépit des solutions chirurgicales proposées, 90 % des femmes décident de ne pas avoir recours à la chirurgie réparatrice, faisant le choix courageux de vivre dans un corps à jamais différent. Ces femmes au sein unique, en référence aux guerrières antiques, se surnomment les Amazones.

La légende des Amazones

La légende des Amazones, femmes guerrières réputées pour leur adresse à monter à cheval et à manier l’arc, est à l’œuvre dans toute la littérature antique, d’Homère à la fin de l’Empire romain. Dans les récits mythologiques, ces femmes menées par leur reine Penthésilée, tiennent tête aux plus grands héros grecs, d’Achille à Thésée.

Plus largement, le mythe des Amazones est à entendre comme une histoire de la différence. Femmes différentes qui luttent pour faire admettre cette différence, femmes indépendantes soucieuses de leur indépendance, l’histoire des Amazones est un sujet passionnant que se partagent philosophes et artistes, historiens et psychanalystes.

Au vingtième siècle, l’histoire des Amazones se fond avec l’histoire de la lutte des femmes. Suffragettes anglaises ou féministes françaises, tout acte de militantisme féminin vient s’en référer aux Amazones.

Reste une légende, celle du sein coupé pour mieux tirer à l’arc, mutilation choisie par ces guerrières antiques. Une ablation vécue aujourd’hui par des milliers de femmes atteintes du cancer du sein en France et qui dans la majorité des cas font le choix de vivre dans ce corps à jamais différent.

Le cancer du sein en France

En France, le cancer du sein touche chaque année plus de 40 000 femmes entraînant plus de 10 000 décès par an. Grâce à un dépistage renforcé, ce chiffre est en diminution. Mais le cancer du sein reste en France la première cause de mortalité féminine.

Dans près d’un cas sur trois, l’ablation d’un sein est nécessaire. Après cette intervention, seule une femme sur cinq décide d’avoir recours à la chirurgie plastique et reconstructrice qui permet de retrouver une poitrine proche de celle d’avant la maladie.

Cette chirurgie, proposée par le cancérologue accompagné d’un chirurgien plasticien, souffre, au-delà du cercle médical, d’un déficit d’image. Patientes et entourage n’étant que peu familiarisés avec les changements physiques entraînés par le cancer du sein.

Pour une grande partie des cas, la reconstruction mammaire consiste en l’implantation d’une prothèse. Parfois, elle passe également par une greffe de tissus prélevés sur la femme atteinte du cancer du sein. En aucun cas, la reconstruction mammaire n’a d’incidence sur la maladie en tant que telle.

L’exposition

Créée en 2007, l’association Les Amazones s’exposent, est à l’origine de l’exposition aujourd’hui accueillie par l’Hôtel de Ville de Paris. Conçue par Annick Parent, auteur d’un ouvrage très personnel sur le cancer du sein, cette exposition est le fruit de l’engagement de plusieurs artistes (peintres, sculpteurs et photographes) qui s’interrogent sur l’évolution du regard porté sur le cancer.

Quelques témoignages de femmes…

Après le temps de l’effroi, après celui où l’on détourne les yeux de la trace, vient le temps de l’apprivoisement, de l’acceptation de son blason caché. Chaque soir, je m’astreins à poser ma main doucement sur cet espace vide, exercice périlleux et incroyablement solitaire. Mes doigts tâtonnent dans le noir, essayant de mémoriser cette géographie nouvelle et de la faire mienne.

Aujourd’hui, je m’affronte du regard. Mon buste est totalement androgyne. J’évite de penser à mon ex-sein. Je suis centrée sur la procédure d’adoption. Adoption de cette peau nue tout d’abord, puis du contraste entre les deux côtés de mon corps.

C’est tout un art de s’habituer à cette nouvelle différence, cela demande de la vigilance. Tous les jours, de petits coups d’oeil sur les vingt centimètres de chair recousue pour apprivoiser la cicatrice. Pas plus. J’ai retrouvé ma liberté devant la glace. Pas l’ombre d’une surprise devant mon image, l’asymétrie fait partie de moi, je l’ai adoptée et m’y sens bien.

Itinéraire d’une Amazone – Cancer du sein, l’intime partagé.

Annick Parent.
Octobre 2006 | Édition Ellébore.

Vigneronne en Bourgogne, Annick Parent, découvre à l’occasion d’une mammographie de contrôle, qu’elle souffre d’un cancer du sein. Guérie, elle en publie le récit en 2006 dans Itinéraire d’une Amazone – Cancer du sein, l’intime partagé, récit personnel, étape par étape de sa terrible maladie. Ce récit explore tous les recoins de la maladie, du dépistage à l’ablation du sein. Il aborde également la question de la reconstruction chirurgicale, interrogation de toute femme touchée par une ablation du sein. Une question au coeur même de cette exposition.

Infos pratiques

Les Amazones s’exposent
Exposition gratuite
Tous les jours sauf dimanche et jours fériés de 10h à 19h

Hôtel de ville
Salon d’accueil
29, rue de Rivoli, Paris 4e
Du 16 octobre au 8 novembre 2008

Article publié le 17/10/2008 à 11:18 | Lu 16648 fois