Cancer, diabète, risques cardiovasculaires, etc. : risque sanitaire numéro un pour la Chine

« Les maladies non transmissibles (MNT)* telles que le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les affections respiratoires chroniques constituent la menace sanitaire numéro un en Chine » pour les personnes âgées de 40 ans et plus dans les années qui viennent indique un récent rapport de la Banque mondiale. Une conséquence directe du vieillissement accéléré du pays, mais également des mutations sociales, économiques et environnementales.


Le rapport baptisé « Vers une vie saine et harmonieuse en Chine : Comment endiguer la vague de maladies non transmissibles » a été élaboré en concertation avec le ministère chinois de la santé et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), sur la base d'évaluations conduites par la Banque mondiale en 2008-2010. Il met en évidence les conséquences économiques et sociales de l'explosion des MNT en Chine, et propose toute une panoplie de politiques et de stratégies qui permettraient de les combattre et de les prévenir.

D'après ce rapport, le nombre de cas de maladies cardiovasculaires, de bronchopneumopathies chroniques obstructives, de diabète et de cancer du poumon chez les Chinois de plus de quarante ans va doubler, voire tripler, dans les vingt prochaines années, si des stratégies efficaces de prévention et de lutte contre ces MNT ne sont pas appliquées.

Cette évolution trouve son origine dans les mutations sociales, économiques et environnementales que le pays a connues au cours des dernières décennies. Le vieillissement rapide de la population et son exposition à des facteurs de risque tels que le taux de tabagisme élevé chez les hommes, l'obésité croissante due à la consommation de produits de restauration rapide riches en graisses et en sel et celle de boissons non alcoolisées riches en sucre, ainsi que la diminution de l'exercice physique dans les villes.

« En premier lieu, c'est le bilan humain qui devrait inquiéter les décideurs qui s'emploient à lutter contre les MNT. La hausse des coûts médicaux a une incidence très sensible sur les personnes et les familles en cas de MNT, et la disparition d'êtres chers cause un immense chagrin qui aurait pu être évité si des mesures appropriées avaient été mises en place », a déclaré à cette occasion Klaus Rohland, directeur pays pour la Chine à la Banque mondiale. « Mais les MNT ont également un coût économique substantiel. »

Cancer, diabète, risques cardiovasculaires, etc. : risque sanitaire numéro un pour la Chine
Ainsi, d'après les estimations présentées dans ce rapport pour la Chine, le bénéfice économique retiré de la réduction des maladies cardiovasculaires de 1% par an sur une période de trente ans (2010-2040) permettrait de générer une valeur économique équivalente à 68% du PIB réel de la Chine en 2010, soit plus de 10,7 milliards de dollars.

Une mise en garde est formulée : si une parade efficace n'est pas trouvée, la charge de morbidité aggravera les conséquences économiques et sociales du vieillissement prévu de la population et de l'amenuisement de la main-d'oeuvre en Chine. Il est noté dans le rapport qu'une population active en moins bonne santé et une population âgée souffrant de maladies chroniques accroîtraient les risques de ralentissement économique à l'avenir et soulèveraient des difficultés sociales importantes en Chine.

D'après le rapport, les dix prochaines années vont être un moment crucial où la Chine devra prévenir et combattre « l'épidémie ». Une grande partie de la charge de morbidité imputable aux MNT dans le pays pourra être évitée ou gérée à condition que soient adoptées de bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves à l'échelon international, après adaptation au contexte local.

Shiyong Wang, auteur principal du rapport et Spécialiste senior de la santé à la Banque mondiale, indique : « Il existe des options politiques rentables qui permettent d'apporter une réponse plurisectorielle exhaustive aux MNT en Chine. Si l'on adopte un comportement plus sain, si l'on améliore les conditions socioéconomiques qui favorisent une bonne santé, et si l'on élargit l'accès à des services de santé de qualité, non seulement les gens vivront plus longtemps, mais la réduction des maladies et incapacités aura également un impact sur leur qualité de vie. »

Les activités couronnées de succès dans les pays industrialisés montrent que les progrès, en matière de santé, se font sentir à moins long terme qu'on ne le pense couramment - un an et quelque, et non plusieurs décennies -une fois l'exposition à de grands risques sanitaires réduite ou supprimée.

Selon Patricio Marquez, co-auteur du rapport et Spécialiste principal de la santé auprès de la Banque mondiale, « on peut y parvenir en imposant des droits d'accise plus élevés sur le tabac et les produits alcoolisés, en prenant des mesures réglementaires pour freiner la publicité et interdire de fumer dans les lieux publics, ainsi que des mesures d'information, d'éducation et de communication, afin d'informer la population de ces risques. On peut aussi revoir le système de santé de manière à permettre l'accès, en temps utile, à des soins médicaux de qualité, en particulier des soins de santé primaires bien organisés et financés. »

Le rapport indique en conclusion qu'une population en meilleure santé et plus productive est la cheville ouvrière de la croissance économique durable et du développement social harmonieux en Chine, à moyen et à long terme.

*Par MNT on entend un ensemble de maladies chroniques, notamment : maladies cardiovasculaires, affections respiratoires chroniques et diabète. Elles se caractérisent par une longue période de latence, une évolution clinique et des symptômes d'affaiblissement.

Publié le 11/08/2011 à 09:54 | Lu 1681 fois