Cancer : dendrogénine A, une molécule du cholestérol aux propriétés anti-cancéreuses

Si le cholestérol, en trop grande quantité dans l'organisme, est bien connu pour ses effets néfastes sur la santé, des chercheurs pourraient réhabiliter sa réputation via l'un de ses dérivés. En effet, l'équipe de chercheurs* de l'Inserm et du CNRS au « Centre de recherche en cancérologie de Toulouse », vient non seulement de découvrir une nouvelle molécule issue du cholestérol, la dendrogénine A (DDA), mais, elle apporte en plus la preuve, chez la souris, que celle-ci possède des propriétés anti-cancéreuses.





On le sait, le cholestérol est impliqué dans diverses pathologies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires et dans le cancer.
 
Les connaissances actuelles laissaient supposer un rôle négatif du cholestérol sur les cancers, principalement pour deux raisons…
 
D'une part, le cholestérol est un précurseur des androgènes et des oestrogènes qui sont tous deux associés au développement des cancers dit « hormono-dépendants ». D'autre part, la voie de synthèse du cholestérol conduit à l'activation de gènes pro-tumoraux.

Le blocage en amont de la voie de biosynthèse du cholestérol par des inhibiteurs tels que les statines aurait dû conduire à une protection contre la survenue de cancer, voire à une efficacité anticancéreuse, ce qui n'a pas été confirmé par des études cliniques impliquant de très larges cohortes de patients... Ceci suggère donc une complexité plus importante de son métabolisme.
 
L'équipe* de chercheurs dirigée par Marc Poirot et Sandrine Silvente-Poirot s'est donc précisément intéressée au métabolisme du cholestérol. Grâce à des techniques de criblage et de synthèse chimique, les chercheurs ont pu établir que le produit de la réaction chimique d'un dérivé du cholestérol avec l'histamine générait une nouvelle classe de stérols... Et cette molécule, obtenue en laboratoire, présente des propriétés remarquables d'induction de la différenciation et de la mort de cellules cancéreuses.
 
Ces observations les ont conduits à rechercher cette molécule dans les tissus de mammifères. Ils ont découvert que la DDA était présente dans les tissus et cellules saines chez l'homme tandis qu'elle n'était pas détectable dans les cellules tumorales. Chez la femme, son taux est cinq fois plus faible dans les tissus de tumeurs mammaires comparé au tissu normal.
 
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont ensuite tenté de restaurer la déficience de la DDA dans des tumeurs implantées chez les animaux. Chez ces derniers, l'administration de la DDA conduit à un contrôle de la prolifération tumorale et prolonge leur vie.
 
Pour les chercheurs, cette découverte est importante car elle constitue la preuve de l'existence d'une nouvelle voie métabolique chez l'homme, à la croisée entre le métabolisme du cholestérol et celui de l'histamine, mais également parce que la DDA, grâce à ses propriétés anticancéreuses, pourrait être utilisée pour le traitement de différents cancers.

Article publié le 28/05/2013 à 07:00 | Lu 2480 fois