Cancer de la prostate : un appel à l’action au niveau européen pour lutter contre cette maladie

Alors que le cancer de la prostate est la troisième grande cause de mortalité chez les hommes européens et que cette maladie masculine atteint 300.000 Européens de plus chaque année, les principaux groupes d'action de lutte contre ce cancer et l'archevêque Desmond Tutu s'unissent pour lancer un « Appel à l'action » auprès du parlement européen afin qu'il s'engage à prendre des mesures sérieuses pour réduire le nombre d'hommes atteints par et mourant du cancer de la prostate. Ce, en garantissant aux hommes ayant un profil à risque ou atteints du cancer de la prostate un accès rapide aux informations ainsi qu'aux services de soins et de soutien.


Cet appel à l'action (soutenu par le laboratoire GlaxoSmithKline) a été lancé à Anvers (Belgique) pendant la semaine européenne de l'urologie (14 et 15 septembre 2009), à l’occasion d'une conférence organisée par Europa Uomo et l'association européenne d'urologie (EAU).

« Nous devons faire plus pour combattre le cancer de la prostate et empêcher que des hommes continuent d'en mourir ou aient à vivre avec le fardeau de cette maladie, alors qu'il existe encore tant de possibilités de renforcer la sensibilisation au diagnostic précoce et l'accès aux ressources, aux services ainsi qu'aux traitements adéquats et au bon moment » a souligné à cette occasion le professeur Louis Denis d'Europe Uomo.

« J'invite urgemment la société toute entière à se saisir du problème du cancer de la prostate afin que nous puissions combattre cette maladie, car nous pouvons y parvenir », a déclaré de son côté l'archevêque Desmond Tutu, lauréat sud-africain du prix Nobel de la paix, atteint lui-même du cancer de la prostate dans le passé et qui soutient pleinement cet appel à l'action.

« L'avenir de la lutte contre le cancer de la prostate n'est pas brillant sans l'engagement de la société pour changer la manière dont cette maladie est perçue. Une population de plus en plus vieillissante signifie que la charge liée à la maladie sera elle aussi plus lourde, créant de graves conséquences socio-économiques » remarque encore le communiqué de la coalition d’organisations luttant contre ce type de cancer.

Dans ce contexte, cette dernière appelle la société, les gouvernements, les professions de santé et la population masculine à agir dans le sens de l'adoption d'une position plus proactive dans la lutte contre le cancer de la prostate, afin de prévenir la maladie et le fardeau quotidien ainsi que les décès qu'elle entraîne.

L'appel à l'action insiste en particulier sur les besoins de :
- Reconnaissance par les gouvernements, des charges de la morbidité et de la mortalité du cancer de la prostate, afin de placer cette priorité au plus haut de la liste de leur agenda de la santé.
- Engagement des gouvernements pour garantir un soutien continu à la recherche de base d'un nouveau biomarqueur et d'une étude clinique sur la comparaison des traitements.
- Éducation des patients par les professionnels de la santé, sur les facteurs du cancer de la prostate, tels que les antécédents familiaux, assurant ainsi aux personnes à risque des informations appropriées.
- Traitements personnalisé par les médecins en fonction des patients, évitant ainsi un sur ou sous-traitement, par le biais de test PSA pour assurer que le bon traitement soit dispensé à ces hommes.
- Construction de partenariats dans la société pour aider à agir et à réduire les inégalités de l'accès au traitement.

Le cancer de la prostate est la troisième principale cause des décès chez les hommes en Europe, avec plus de 300 000 hommes dont le cancer est diagnostiqué chaque année, parmi lesquels, un sur cinq sera victime de cette maladie.
Cancer de la prostate : un appel à l’action au niveau européen pour lutter contre cette maladie

Les urologues français souhaitent un dépistage organisé… Une position controversée

En France, à la lumière du résultat des récentes études (ERSPC, Concord), l'Association française d'urologie (AFU) a demandé un programme de dépistage comparable à ce qui se fait dans le cadre du cancer du sein chez les femmes. Détails :
- De 45 à 54 ans : un dépistage organisé pour les groupes à risques ;
- De 55 à 69 ans : un dépistage organisé, annuel si le PSA est supérieur à 1 ng/ml, tous les
3 ans si PSA est inférieur à 1 ng/ml ;
- De 70 à 75 ans : un dépistage individuel proposé au patient qui doit être informé de la maladie, de ses traitements et de leurs effets indésirables ;
- Après 75 ans : le dépistage n'est pas recommandé.

L'AFU souhaite associer à cette démarche l'ensemble des médecins généralistes en les incitant à proposer ce dépistage à leurs patients selon des modalités précises : l'âge de la population cible ; le toucher rectal et le dosage du PSA ; l'information à délivrer aux patients concernant les bénéfices et les risques du dépistage et des éventuels traitements en cas de détection d'un cancer.

Cependant, la position de l’AFU n’est pas toujours partagée (notamment par certains généralistes) ou même par le professeur Pr Gérard Dubois, professeur de santé publique (Amiens) : « Tous les organismes de référence réfléchissent à ces questions, mais il y a clairement un manque d'enthousiasme. Surtout, contrairement à ce que voudraient faire croire les urologues, ces nouvelles publications ne permettent pas de trancher le débat » explique-t-il dans Le Figaro.

Site de l’AFU

Pour aller plus loin, lire aussi :
Cancer de la prostate : les hommes se regroupent pour mieux faire connaître la maladie

Publié le 21/09/2009 à 11:49 | Lu 3987 fois