Canada : le départ à la retraite des baby-boomers va-t-il nuire aux petites PME ? (étude)

Au cours des dix prochaines années, la moitié des baby-boomers propriétaires de petites entreprises prendront leur retraite. Malgré ces chiffres, une nouvelle étude publiée par le Centre Info-retraite de BMO semblent montrer que plusieurs facteurs devraient empêcher cette vague de départs à la retraite de nuire à l'économie canadienne. Explications.





Les occasions sont là
S'ils ne prennent pas la peine de rechercher et d'étudier toutes les options qui s'offrent à eux en guise de porte de sortie, les entrepreneurs courent le risque de mal évaluer la valeur potentielle de leur entreprise. Le fait de mettre en place un plan de succession ou une stratégie de sortie pourrait aider à limiter le nombre de fermetures d'entreprises à la suite d'un départ à la retraite.

« Le processus de planification successorale devrait être entrepris bien avant la date prévue de départ à la retraite, l'élaboration d'un plan détaillé pouvant prendre jusqu'à plusieurs années. Un plan de succession complet devrait comprendre un échéancier de départ à la retraite, une estimation de la valeur de l'entreprise, ainsi que l'identité des successeurs ou acheteurs éventuels », a expliqué Tina Di Vito*, directrice générale, Stratégies de retraite de la Banque de Montréal O Groupe financier.

Les baby-boomers travaillent plus longtemps
Les entrepreneurs âgés de plus de 45 ans travaillent plus longtemps. Cette décision est en partie influencée par l'attitude tout à fait particulière de cette génération par rapport au vieillissement et au travail, de même que par les répercussions de la situation économique des derniers temps. Dans l'ensemble, les recherches du Centre Info-retraite démontrent que la récession a eu une influence négative sur les résultats de près de 60% des entreprises.

« Quatre entrepreneurs sur dix âgés de plus de 45 ans ont répondu que la récession les avait obligés à modifier la date qu'ils avaient prévue pour leur retraite. Si l'attitude envers l'idée de travailler plus longtemps persiste même après la reprise de l'économie, cela permettra de réduire le nombre de propriétaires de petites entreprises qui prendront leur retraite au cours des dix prochaines années. Il s'agit là d'une bonne nouvelle pour l'économie », a ajouté Mme Di Vito.

« La plupart des entrepreneurs consacrent tellement d'énergie au développement et à la pérennité de leur entreprise qu'ils trouvent difficile, et même épuisant sur le plan des émotions, la simple idée de la revendre ou de la fermer » soulignent encore les auteurs de cette enquête.

La tendance au travail autonome pourrait faire augmenter le nombre de nouvelles entreprises
Entre 1990 et 2008, la croissance du nombre de travailleurs autonomes s'est principalement observée chez les gens âgés de 55 ans et plus, ceux-ci ayant plus que doublé (toujours au Canada), pour passer de 350 000 à 723 000. Par ailleurs, une étude publiée récemment par le service des études économiques de BMO indique que le travail autonome tend à s'accroître à un rythme régulier, indépendamment de ce qui se passe dans l'économie.

« Si la tendance actuelle en faveur du travail indépendant se poursuit, cela aura pour effet de réduire les répercussions sur l'économie provenant des entrepreneurs qui prennent leur retraite. Avec la possibilité de voir un plus grand nombre de baby-boomers travailler à leur compte après la retraite, le Centre Info-retraite estime que le Canada pourrait observer une hausse du nombre de petites entreprises, puisque les membres les plus âgés de la génération la plus importante de l'histoire sont sur le point d'atteindre 64 ans » explique encore Mme Di Vito.

Il est toujours agréable d'être son propre patron
Les entrepreneurs enthousiastes exercent une influence positive sur ceux qui songent à démarrer leur propre entreprise. Les patrons de sociétés satisfaits font connaitre autour d'eux que de belles expériences attendent ceux qui sont prêts à courir des risques en démarrant une entreprise. Lorsqu'ils parlent de leur propre expérience, 92% des entrepreneurs affirment qu'ils recommenceraient le même parcours avec joie, tandis que de nombreux autres affirment qu'ils ne prendront jamais leur retraite.

« Les entrepreneurs satisfaits savent persuader ceux qui pensent à démarrer une entreprise. Cela permettra de renouveler les effectifs des entrepreneurs, grâce à un bassin diversifié de jeunes gens, d'immigrants, de femmes et de baby-boomers à la retraite qui sont prêts à démarrer leur propre entreprise » a conclu Mme Di Vito.

*Soulignons que Mme Di Vito dirige également le Centre Info-retraite de BMO, un centre d'études et de recherches mis en place en 2008 par la Banque afin d'offrir des réflexions de pointe sur des enjeux concernant la retraite.

Article publié le 22/10/2009 à 07:44 | Lu 4074 fois