Café contre Alzheimer... Que peut-on retenir des nouvelles données ?

Des études d'observation en population générale ou comparant des sujets atteints par la maladie et des sujets contrôle, ont suggéré depuis quelques années un rôle protecteur du café dans la maladie d'Alzheimer. Cet effet a été retrouvé sur des modèles animaux de la maladie. Un nouveau travail américain chez la souris a fait l’effet d’un scoop lors du Congrès mondial de gériatrie et gérontologie en juillet, à Paris. Où en sommes-nous des études chez l’homme s’interroge Santecafenews.net, site spécialisé sur les effets du café et ses composants sur la santé.





Par Astrid Nehlig, directrice de Recherche, Inserm U666, Faculté de médecine, Strasbourg

Une méta-analyse publiée en 2007, regroupant deux études cas-témoins et deux études de cohorte a montré un effet protecteur clair de la consommation de café, avec une diminution globale du risque de maladie d’Alzheimer de 27 %, mais il existe une grande hétérogénéité des méthodes et résultats entre ces différents travaux. Dans deux de ces études, le thé ne semble pas avoir d'effet protecteur.

L'étude finlandaise CAIDE (Cardiovascular Risk factor, Aging and Dementia) publiée en mars 2009 sur une cohorte de 1.409 personnes âgées, montre une diminution du risque selon le type de démence de 62 à 70 %, pour une consommation de 3 à 5 tasses de café par jour. Le degré de protection observé est environ deux fois plus élevé que la moyenne des études précédentes.

Mais le nombre d'études épidémiologiques évaluant les effets du café sur le développement de la maladie d’Alzheimer et le nombre de cas étudiés restent encore limités ; des études complémentaires, en particulier prospectives, s'avèrent donc nécessaires.

Reste également à préciser la nature des composants du café responsables de cet effet protecteur. Les études sur des modèles animaux destinées à étudier ces mécanismes progressent activement...
Café contre Alzheimer... Que peut-on retenir des nouvelles données ?

Que faut-il retenir des études expérimentales ?
Une nouvelle étude de l'équipe de Gary Arendash (Université de Floride), spécialiste du « sujet caféine et démences », présentée au dernier Congrès mondial de gériatrie et gérontologie apporte de nouvelles pistes.

Cette équipe avait réalisé une première étude en 2006 sur des souris transgéniques porteuses d'une mutation sur le précurseur de la protéine bêta-amyloïdes (APPsw), protéine anormale présente dans le cerveau des malades Alzheimer. La caféine ajoutée à l'eau de boisson, à une dose équivalant à 5 tasses de café quotidiennes chez l'humain, a permis de diminuer les concentrations cérébrales de protéine bêta-amyloïdes et d'améliorer l'apprentissage et la mémoire dans ce modèle de souris Alzheimer.

Ces chercheurs ont répété l'expérience sur ce même modèle de souris APPsw, cette fois-ci âgées de 18-19 mois et ayant déjà développé des déficits cognitifs. La moitié a reçu de la caféine dans l'eau de boisson à une dose équivalant à 8 tasses de café par jour. Le traitement par la caféine a permis d'inverser les déficits cognitifs chez ces souris qui avaient des performances identiques à celles de souris âgées normales, sur des tests dits de « mémoire de travail » et a induit une diminution des dépôts de protéine bêta-amyloïdes dans le cerveau (au niveau de l'hippocampe et du cortex cérébral).

Ces chercheurs ont également montré que la caféine agissait via un mécanisme cellulaire impliquant les médiateurs de l'inflammation dont l'expression est réduite dans l'hippocampe des souris exposées à la caféine.

Quels sont les constituants du café potentiellement actifs ?
Des études animales ont montré que de faibles concentrations d'un polyphénol du café, l'acide férulique, dans l'eau de boisson (doses compatibles avec celles apportées par la consommation quotidienne de café) permettaient la préservation des capacités d'orientation, d'apprentissage et de mémoire des souris ayant reçu une injection intracérébrale de peptide ßamyloïde. Ce polyphénol a aussi permis de prévenir certaines anomalies cérébrales, comme la prolifération des cellules gliales, la mort neuronale et l'inflammation.

En résumé
Ces études laissent penser que la caféine et d'autres constituants du café pourraient être des agents « neuroprotecteurs », potentiellement capables de prévenir, et peut-être même de reverser les troubles cognitifs et l'accumulation intracérébrale de protéine bêta-amyloïdes caractéristiques de la maladie d'Alzheimer.

Article publié le 02/09/2009 à 16:05 | Lu 3175 fois