Blanchiment des dents : les techniques sont-elles inoffensives ?

A l’occasion de l’édition 2010 du Congrès de l’Association dentaire française (ADF) qui se tient actuellement à Paris au Palais des Congrès, le docteur Eric Bonnet, membre de l’ADF fait le point sur les différentes techniques de blanchiment des dents : les produits, les effets secondaires, les résultats... Quelques éclaircissements indispensables à connaitre sur le blanchiment…


Au regard des nombreux forums sur le thème du blanchiment, hormis la question du prix et de l’efficacité, on retrouve très souvent cette question : « les techniques de blanchiment sont-elles dangereuses ? ».

Par ailleurs, le terme de blanchiment devrait être remplacé par « éclaircissement » : à partir de ce dernier, le patient serait plus à même de comprendre l’efficacité de ce type de traitement, mais surtout, il lui éviterait d’attendre des résultats souvent inespérés.

Pour pouvoir répondre de manière précise à cette question, il semble important de connaître parfaitement le mécanisme d’action des agents éclaircissants. Le produit phare utilisé pour éclaircir les dents est encore l’eau oxygénée (ou peroxyde d’hydrogène). On le trouve à différentes concentrations, selon son mode d’utilisation : les faibles concentrations sont destinées à une utilisation « à la maison » alors que les fortes concentrations sont réservées à une utilisation exclusive en cabinet dentaire.

Le principe d’action est le suivant : l’eau oxygénée oxyde les molécules foncées contenues à l’intérieur de la dent pour obtenir des molécules plus claires. L’efficacité de ce produit est directement liée entre le rapport temps de contact/concentration. Plus le temps d’application est long, plus la concentration utilisée sera faible et inversement.

Les techniques mises à la disposition des praticiens sont les suivantes : technique « à la maison » (= ambulatoire) et/ou technique « au fauteuil » (= en cabinet dentaire). Ces deux techniques se font sous contrôle permanent du chirurgien-dentiste.

Plusieurs autres éléments sont à connaître pour pouvoir réaliser un éclaircissement dans de bonnes conditions : ces produits ne sont efficaces que sur des dents naturelles, en aucun cas sur les prothèses ou sur les reconstitutions en résine. Par ailleurs, les traitements ne sont pas les mêmes sur les dents vivantes par rapport à un traitement sur une dent dévitalisée.

Les effets secondaires les plus fréquents liés à l’utilisation de produits de blanchiment sont d’une part une irritation de la bouche et d’autre part, une sensibilité accrue des dents aux variations de température. Fort heureusement, ces deux effets sont temporaires lorsqu’ils sont présents. L’utilisation de produits d’éclaircissement dentaire contenant du peroxyde d’hydrogène peut comporter des risques pour les consommateurs, risques qui augmentent à mesure que la concentration en peroxyde d’hydrogène et la fréquence d’application se multiplie.

Quels sont alors les effets secondaires qui ont été étudiés ?

- effets toxiques locaux ou généraux induits par le peroxyde d’hydrogène : il n’existe pas de risques toxiques ou carcinogéniques décrits sur l’homme à ce jour. La faible quantité d’eau oxygénée utilisée dans l’ensemble de ces techniques permet d’exclure tous ces risques (Agence internationale de Recherche sur le Cancer = IARC).

- effets sur les différents tissus dentaires (émail et dentine) : selon les différentes études à notre disposition, on constate soit une absence de modifications, soit de légères altérations de ces tissus constitutifs de la dent.

- effets sur la gencive : on peut constater une irritation de ces tissus pendant le traitement, irritations qui disparaissent avec l’arrêt de ce traitement.

- effets sur la pulpe : le principal effet secondaire est représenté par une hypersensibilité, c’est à dire des sensibilités accrues aux variations de températures. Ce phénomène est transitoire et réversible.

- effets sur les matériaux de restauration présents en bouche : les produits de blanchiment semblent modifier l’état de surface de certains matériaux esthétiques. Toutes les restaurations dites esthétiques, qui sont à reprendre après l’éclaircissement, doivent être différées de quelques jours mais ne doivent en aucun cas être réalisées immédiatement en fin de traitement.

- contrôle de l’ingestion de peroxyde d’hydrogène : les faibles concentrations utilisées n’entraînent aucun problème pour l’organisme humain.

- contrôle de la concentration sur les produits « commerciaux » : actuellement, la faible concentration de ces produits n’entraînerait pas de danger mais aussi l’efficacité reste douteuse…

L’ensemble des techniques permet d’obtenir un résultat qui est temporaire, qui doit être entretenu dans le temps afin de maintenir l’effet lumineux de ces fameuses dents « blanches ». La stabilité moyenne que l’on observe est de deux à trois ans : un mini-traitement peut ainsi être entrepris pour retrouver l’éclat du traitement initial.

Une analyse précise et détaillée de chaque cas par un chirurgien-dentiste nous semble indispensable avant de mettre en place ce type de traitement, pour s’assurer d’une bonne efficacité mais aussi d’une innocuité. Le rapport temps de contact de l’eau oxygénée/concentration doit être scrupuleusement respecté afin d’éviter tous ces ennuis.

En conclusion, une indication bien posée, une bonne connaissance des produits utilisés, un protocole simple mais rigoureux et un contrôle permanent pendant toute la durée du traitement par un chirurgien-dentiste sont les garants d’une sécurité optimale d’un éclaircissement de qualité.

Publié le 26/11/2010 à 09:13 | Lu 3614 fois