Baromètre européen du vieillissement actif : focus sur le bien-vieillir et les représentations de l'âge

A l’occasion du premier baromètre européen du vieillissement actif mené par Odoxa pour le compte d’Orpea (actuellement dans la tourmente), réalisé en novembre 2021 auprès de près de 6.000 personnes (dont 444 résidents d’EHPAD), voici un intéressant focus sur le bien vieillir et les différentes perceptions de l’âge…





Pour les Français, on est une « personne âgée » à 72 ans, et la situation devient difficile à 80 ans Personnes âgées, seniors, aînés, troisième âge… Nos concitoyens les plus âgés sont régulièrement désignés par ces appellations globalement floues. Dès lors, il est légitime de se demander à partir de quand est‐on considéré comme âgé ?
 
En moyenne, les Français considèrent que l’on devient une personne âgée à 72 ans. D’après les données de l’INSEE, cela représente un peu plus de 8 millions de personnes. 
 
Cette moyenne masque évidemment des opinions divergentes. Ainsi, 5% jugent que l’on est une personne âgée avant 60 ans, 16% entre 60 et 69 ans, 43% entre 70 et 79 ans et 35% à 80 ans voire plus. 
 
Notons aussi que cette perception évolue avec l’âge des répondants. Plus on vieillit… plus on repousse le curseur de cet âge fatidique ! Pour un Français de 18 à 24 ans, on devient une personne âgée à 65 ans en moyenne tandis qu’on appartient à cette catégorie à partir de 77 ans chez les Français de 65 ans et plus. 
 
Si les Français jugent que l’on est une personne âgée à 72 ans, ils estiment qu’il est difficile de l’être à partir de 80 ans en moyenne. Les deux tiers indiquent d’ailleurs un âge de 80 ans ou plus. Autrement dit, selon nos concitoyens, on peut être une personne âgée sans que cela soit difficile pendant environ 8 ans.
 
45% des Français jugent que notre société ne permet pas aux personnes âgées de bien vieillir
De plus en plus nombreuses, les personnes âgées ont évidemment comme objectif de vieillir le mieux possible. De nombreux acteurs proposent des solutions et de la prévention pour bien vieillir et accompagner les personnes âgées dans leur quotidien. 
 
Mais il reste encore du travail. Si la majorité des Français (53%) estime que la société permet de bien
vieillir, ils ne sont que 6% à être vraiment affirmatif (oui, tout à fait) et surtout 45% des Français jugent que non, dans notre pays, la société ne permet pas aux personnes âgées de bien vieillir. 
 
Ce résultat n’est pas catastrophique. La France fait plutôt figure de bon élève parmi les principaux pays européens. Mais deux résultats démontrent qu’il existe encore une marge de manœuvre en la matière. D’abord, les résidents d’Ehpad sont nettement plus positifs sur cette question : 74% d’entre eux jugent que notre société permet de bien vieillir.
 
Ensuite, la France est nettement en deçà de l’Autriche, pays dans lequel 70% des habitants jugent que la société le permet. Cette enquête révèle aussi qu’il existe de nombreuses disparités dans les opinions sur le « bien vieillir » : les femmes sont moins positives (50%) que les hommes (57%) et plus les foyers sont modestes, moins ils pensent que la société permet aux personnes âgées de bien vieillir (51% chez les foyers les plus modestes contre 60% chez les foyers les plus aisés).
 
Enfin et surtout, les premiers concernés, les 75 ans et plus, ne sont que 51% à partager ce sentiment contre 59% des 25‐34 ans.
 
L’autonomie et le domicile, principaux enjeux du « bien vieillir »
Pour mieux vieillir en France, les pouvoirs publics et les acteurs du secteur doivent apporter des réponses sur deux enjeux en particulier. D’abord, pour 59% des Français, « bien vieillir », c’est avant tout rester autonome. Ensuite, les Français affirment que c’est pouvoir rester à son domicile le plus longtemps possible.
 
Si l’autonomie est un enjeu majeur partout en Europe, la question du domicile est particulièrement prégnante dans l’Hexagone. Comme nous le détaillons dans notre focus européen, dans aucun autre pays, rester à son domicile n’est synonyme de bien vieillir pour plus de la moitié des répondants. C’est même un enjeu marginal en Espagne ou en Italie.
 
Après l’autonomie et le fait de demeurer à leur domicile, les Français considèrent que bien vieillir, c’est continuer à voir régulièrement ses proches (35%). Ils associent aussi cela à l’accès aux soins (28%), à la stimulation intellectuelle (26%), à l’accès aux lieux de vie adaptés aux besoins liés à l’âge (25%) ou encore à l’activité physique et aux loisirs (24%) et à un état d’esprit enthousiaste et optimiste (20%). Plus marginalement, 11% l’associent aux activité associatives ou bénévoles. 
 
La définition du bien vieillir évoluent aussi beaucoup avec l’âge. Plus les Français sont âgés, plus ils l’associent à l’autonomie (68% chez les 75 ans et plus contre 44% chez les 18‐24 ans). Les jeunes, eux, sont presque trois fois plus nombreux (17% des 25‐34 ans contre 6% des 75 ans et plus) à considérer que pratiquer des activités associatives est synonyme de bien vieillir.
 
Autre différence fondamentale entre les générations : le lieu du vieillissement. Plus les Français sont âgés, plus ils sont attachés au domicile (79% des 75 ans et plus contre 28% des 18‐24 ans). Les jeunes, eux, associent autant le bien vieillir au domicile qu’à l’accès à un lieu adapté à son âge : 28% contre 30% chez les 18‐24 ans et 32% contre 33% chez les 25‐34 ans quand seuls 13% des 75 ans et plus pensent au lieu de vie adapté lorsqu’on évoque le bien vieillir.
 
Si les Français associent autant le bien vieillir à la perte d’autonomie, c’est parce qu’elle constitue, à leurs yeux, l’une des principales difficultés des personnes âgées en France aujourd’hui, à égalité avec l’isolement social (54%). Souvent cause de la perte d’autonomie, la dégradation de l’état de santé est selon eux la troisième des difficultés pour les personnes âgés (39%).
 
Mais ce n’est pas tout : les personnes âgées doivent aussi selon eux faire face à des difficultés d’accès à des établissements d’hébergement de qualité lorsqu’elles quittent leur domicile (34%). Elles n’ont pas toujours accès à des solutions d’accompagnement et d’aide pour faire face à la perte d’autonomie (28%).
 
Plus marginalement, les Français jugent qu’il existe aussi un manque de solidarité entre les générations (21%), des risques de maltraitances (18%), un manque d’activités adaptées à leur âge et à leur situation (17%) et enfin une difficulté liée au regard de la société (11%).
 
Une perte d’autonomie subie plutôt qu’active pour 78% des Français
Comme constaté, la perte d’autonomie fait à la fois figure d’enjeu du bien vieillir et de principale difficulté rencontrée par les personnes âgées. La cause de ce sentiment partagé par de nombreux Français est évidente à leurs yeux : la perte d’autonomie n’est pas suffisamment anticipée dans notre société.
 
Plus des trois-quarts (78%) de nos concitoyens considèrent en effet que, la plupart du temps, la perte d’autonomie liée au vieillissement est subie par les personnes âgées, c’est‐à‐dire qu’il faut prendre des mesures d’urgences lorsque les personnes se retrouvent dépendantes. 
 
Seuls 21% des Français considèrent au contraire, que la perte d’autonomie est active. A leurs yeux, les
personnes ont eu le temps et l’aide nécessaire pour anticiper leur situation de dépendance et préparer les solutions adéquates pour y faire face. Notons que toutes les catégories d’âge partagent ce sentiment, à commercer par les 75 ans et plus. 
 
Pour rassurer les Français sur la possibilité de bien vieillir dans notre pays, il apparaît donc primordial
d’apporter des solutions de prévention sur la perte d’autonomie pour que, le jour où cette dernière se
présente, ils soient armés pour y faire face.

Article publié le 27/01/2022 à 01:00 | Lu 9518 fois


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