BPCO : avant de vous tuer, le tabac va vous asphyxier

Que l’on soit fumeur ou victime de tabagisme passif, la menace de développer une BPCO est plus importante lorsqu’on est entouré par le tabac. Ainsi, une personne qui continue le tabac jusqu’à 65 ans a « une chance » sur deux de développer cette pathologie qui peut d’ailleurs apparaitre bien plus tôt, dès la quarantaine, que l’on soit homme ou femme.


Si on note encore d’avantage d’hommes que de femmes qui fument, l’écart se resserre d’année en année : ainsi, 55% des malades sont des hommes et 45% sont des femmes qui représentent déjà plus de 20% des décès.
 
La survenue de la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive ou BPCO chez les femmes est donc en augmentation, du fait de l’augmentation du tabagisme chez ces dernières. Ce n’est pourtant pas faute de savoir que le tabac est mauvais pour la santé…
 
« Des données suggèrent que les femmes seraient plus sensibles au tabac » commente Nicolas Roche, professeur de pneumologie à l’hôpital Cochin AP-HP. Et de poursuivre « quoiqu’il en soit, que l’on soit homme ou femme, le risque de développer une BPCO dès lors que l’on fume est très élevé, et d’autant plus que le tabagisme se prolonge ».
 
Rappelons que la BPCO peut se manifester au début (ou être précédée) par une toux persistante ou récurrente, grasse, qui ramène des expectorations (crachats). Un essoufflement s’installe ensuite de façon progressive, d’abord à l’effort puis au repos. Ces symptômes sont souvent qualifiés de « toux du fumeur » ou de « bronchite chronique ». Deux expressions qui banalisent et donc… minimisent !
 
« Il n’est pas normal de tousser quand on fume, ni de faire deux bronchites par an, martèle Daniel Piperno, pneumologue libéral à Lyon. C’est parfois le début d’une maladie chronique. Tousser signifie qu’il existe déjà une irritation des bronches. Très vite, il se produit un remodelage de leurs parois, qui peut aboutir au O de la BPCO, c’est-à-dire une obstruction ».
 
Seule une mesure du souffle (spirométrie) permet de faire le diagnostic de BPCO et d’évaluer son importance (stade I à IV).
La nature des symptômes permet d’évaluer son degré d’avancement.
STADE 1- BPCO légère : On peut se sentir un peu essoufflé lors d’efforts physiques importants mais le souffle est encore relativement peu altéré.
STADE 2- BPCO modérée. Non soignée, la BPCO évolue vers un rétrécissement plus important, du calibre des bronches, en partie irréversible.
STADE 3- BPCO sévère. A ce stade, le calibre des bronches est très rétréci. On s’essouffle, même pour des efforts limités. On parle alors de handicap respiratoire.
STADE 4- BPCO très sévère. Les difficultés respiratoires sont permanentes. Il n’est plus possible d’aller travailler ou d’effectuer des tâches quotidiennes, de monter des marches aisément. La fatigue se ressent très vite.
 
La BPCO essouffle, pour des efforts physiques de moins en moins importants. Spontanément, les patients commencent à réduire leurs activités physiques très tôt, dès le stade I de la maladie. Cette réduction entraine un déconditionnement physique progressif.

La BPCO s’accompagne ainsi d’une diminution à la fois de la masse musculaire et de la proportion de fibres musculaires responsables de l’endurance. Ces modifications limitent les possibilités d’exercice et réduisent la tolérance à l'effort, encore plus que ne le ferait un essoufflement isolé.

​Témoignage de patient : Philippe, malade depuis 22 ans

J’ai commencé à fumer à l’âge de 15 ans pour faire comme les copains. Ensuite, il y a eu l’ennui et le désoeuvrement du service militaire puis une vie professionnelle très active, des responsabilités diverses et variées, des voyages au long cours ... bref, beaucoup d’engagement et peu de repos qui m’ont amené à beaucoup fumer.
 
A la suite de problèmes respiratoires, j’ai dû consulter ; le diagnostic est tombé : BPCO ! Oxygène la nuit, puis 24h/24. Le quotidien est un combat de tous les jours où je fais le constat des « impossible », « trop loin », « trop haut »... Plus de voyages, de restaurant, de cinéma, de spectacles, de réunions familiales hors du domicile : tout déplacement pouvant se terminer en déroute si l’oxygène vient à manquer.
 
Envolés les projets que l’on échafaudait à la retraite : jardinage, tonte de la pelouse, ramassage des feuilles. Il a fallu aussi investir pour aménager la maison, heureusement de plein pied : carrelage dans les pièces recevant les grandes bouteilles d’oxygène, aménagement de la salle de bain afin de pouvoir se doucher ou se raser, assis, avec de l’aide.
 
Au début, je pouvais encore marcher dans la campagne, faire du vélo d’appartement…Aujourd’hui, malgré l’oxygène, je me déplace difficilement et ne peux plus faire de vélo. Au moindre rhume, je suis souvent hospitalisé. Cette vie est très difficile pour mon épouse qui supporte toutes les contraintes et m’aide à accomplir les gestes simples pour un individu en bonne santé mais qui deviennent pour moi des exploits...

En France, cette maladie potentiellement grave concerne 7,5% de la population adulte de plus de 40 ans, soit 2,5 à 3 millions de personnes. Avec 17 000 morts par an, soit 5 fois plus que le nombre d’accidentés de la route, la BPCO sera en 2020 la troisième cause de mortalité dans le monde. Or, cette maladie est sous-diagnostiquée : deux-tiers des patients ignorent qu’ils sont touchés

Publié le 29/11/2016 à 08:08 | Lu 2728 fois