Arrêt cardiaque : où en sont les connaissances des Français aujourd’hui ?

Que savent les Français de l’arrêt cardiaque et des gestes qui sauvent ? Alors que l’installation des défibrillateurs est en augmentation en France, savent-ils à quoi ça sert et comment l’utiliser ? La FFC et la Croix-Rouge française viennent de publier une enquête, réalisée par TNS Healthcare, auprès des Français afin de mesurer l’évolution de leurs connaissances depuis deux ans. On y apprend, notamment, que les seniors se sentent peu concernés par « les gestes qui sauvent », alors qu’ils font clairement partie des populations à risque !


En 2009, souligne cette enquête, la connaissance des Français s’est améliorée. À la question, « quelle attitude adopter face à un arrêt cardiaque ? », 40% d’entre eux citent spontanément le massage cardiaque (vs 30% en 2007) et 15% l’utilisation du défibrillateur (vs 1% en 2007 !).

En revanche, ils ne sont encore que 2% à citer dans l’ordre les trois gestes qui sauvent (appeler, masser, défibriller). Enfin, un tiers des Français (38%) ne se sentent pas prêts à utiliser un défibrillateur parce qu’ils ne sont pas formés (88 %).

Les Français connaissent de mieux en mieux les gestes qui sauvent
• Aujourd’hui, les Français connaissent mieux les gestes à effectuer face à un arrêt cardiaque qu’il y a deux ans. 40% de la population (contre 30% en 2007) citent le massage cardiaque et 15% l’utilisation du défibrillateur (vs 1% en 2007).
• Si la grande majorité des Français pensent à alerter les secours (87%), ils sont de plus en plus nombreux (28%) à savoir qu’il faut appeler le 15 (vs 23% en 2007).
• Cependant, ils ne sont que 7% à citer, dans le désordre, les trois gestes fondamentaux que sont l’appel, le massage cardiaque et l’utilisation du défibrillateur contre 2% seulement dans l’ordre. Même si ce chiffre est encore insuffisant, il est en nette augmentation par rapport à 2007 où seulement 0,3% des Français étaient capables de le faire.
• De même, la connaissance de ce qu’est un défibrillateur s’améliore nettement entre 2007 et 2009. Près de neuf Français sur dix déclarent savoir ce qu’est un défibrillateur (contre 67% en 2007) et c’est au total 27 % de la population Française (vs 19% en 2007) qui sait avec précision ce qu’est un défibrillateur.

Les hommes, les jeunes et les actifs sont mieux formés aux gestes d’urgence
• Les Français sont plus nombreux à avoir reçu une formation ou une initiation aux gestes qui sauvent depuis deux ans. 42% des Français ont été formés ou initiés aux gestes qui sauvent. 29% d’entre eux sont titulaires d’un diplôme ou d’un brevet attestant qu’ils ont reçu une vraie formation (vs 25% en 2007) et 14% une initiation. Plus des deux-tiers (69%) des Français déjà formés ou initiés aux gestes qui sauvent aimeraient suivre une nouvelle formation qu’elle soit gratuite ou payante. Ce chiffre est très encourageant car il est impératif de renouveler cette formation tous les trois ans pour pouvoir agir efficacement en cas d’urgence.
• Concernant le défibrillateur, une très large majorité des Français (80%) estime qu’une formation est nécessaire à son utilisation et, parmi eux, 68% souhaiteraient en suivre une. La formation joue un rôle essentiel dans la connaissance des gestes qui sauvent. Plus de la moitié (55%) des individus qui sait précisément ce qu’est un défibrillateur ont suivi une formation ou une initiation (vs 38% parmi ceux qui ne savent pas exactement ce que c’est).
• Les hommes (46%) et ceux qui travaillent en entreprise sont plus nombreux à avoir reçu une formation ou une initiation aux gestes qui sauvent. 54% des moins de 35 ans déclarent avoir été formés ou initiés. Ce dernier point montre le rôle non négligeable de l’entreprise pour former ses salariés aux gestes qui sauvent en leur proposant régulièrement des formations.

Des obstacles à surmonter pour poursuivre la pédagogie des gestes qui sauvent
• La part des Français souhaitant être formé aux gestes qui sauvent a baissé par rapport à 2007
(61% vs 66%). Il semble que ce soit essentiellement lié à des raisons financières. En effet, 37% d’entre eux souhaiteraient effectuer une formation aux gestes qui sauvent (vs 35% en 2007) mais ce chiffre descend à 24% si c’est payant (vs 31% en 2007).
Les seniors (50 ans et plus) se sentent moins concernés alors qu’ils appartiennent à une population à risque. 54% des 50 ans et plus ne souhaitent pas recevoir de formation aux gestes qui sauvent ou être initiés. 70% des 50 ans et plus n’ont reçu aucune formation. La marge de progression parmi cette population est donc très importante, à la fois en termes de pédagogie mais aussi de potentiel de vies sauvées, puisqu’ils sont plus susceptibles d’être témoin d’un arrêt cardiaque.

Ces chiffres sur la population des seniors sont révélateurs d’une culture de la solidarité peu développée en France, alors que les gestes de premiers secours sont inculqués dès le plus jeune âge dans d’autres pays. Par conséquent, les Français ont du mal à inscrire parmi leurs devoirs de citoyen, celui de savoir porter secours en cas d’urgence médicale.

• Les Français ont peur d’utiliser un défibrillateur. Plus d’un Français sur trois n’oserait pas s’en servir. Les raisons principales sont le souci de ne pas être formés (88%) mais aussi une peur liée à l’utilisation du défibrillateur (66%). En effet, les Français ont peur de se tromper en utilisant l’appareil et de paniquer. Ce frein technique pourrait être levé si les Français connaissaient mieux l’appareil et, en se formant, il pourrait le démystifier. En effet, même si les Français déclarent savoir ce qu’est un défibrillateur, ils en ont une définition imparfaite dans plus de 70% des cas.

Le samedi 12 septembre, à l’occasion de la journée des premiers secours, plus de 72 villes se mobilisent pour initier le plus grand nombre aux gestes de premiers secours. Pendant les trois semaines qui suivront les bénévoles de la Croix-Rouge française continueront à se mobiliser pour informer, former et convaincre le grand public.

Un arrêt cardiaque, c'est quoi ? :

Chaque année en France, selon l’Inserm, 40.000 à 60.000 personnes (150 par jour en moyenne) décèdent suite à un arrêt cardiaque extrahospitalier. Cela correspond à la seconde cause de décès en France après le cancer.

L'arrêt cardiaque inopiné est principalement causé par un trouble du rythme cardiaque appelé fibrillation ventriculaire qui peut aussi bien survenir sur un coeur sain que sur un coeur malade : le coeur ne se contracte plus normalement mais se met brutalement à vibrer - à fibriller, ne permettant plus d'envoyer du sang oxygéné à tous les organes et entraînant donc la mort en quelques minutes.

La fibrillation est réversible si un massage cardiaque est effectué avec une ventilation artificielle et si un choc électrique est administré très rapidement. On estime ainsi que 3.000 à 4.000 vies pourraient être sauvées chaque année en France. Par ailleurs, le taux de survie à un arrêt cardiaque est quatre à cinq fois plus élevé dans les pays dont les lieux publics sont équipés de défibrillateurs automatisés externes et la population formée aux gestes qui sauvent.

Pour cette raison, le décret de mai 2007 autorise l'utilisation par le public de défibrillateurs automatiques afin que le premier témoin, quelle que soit sa compétence, et sans formation préalable délivre le plus tôt possible un choc électrique externe pouvant sauver une vie.

Publié le 11/09/2009 à 10:08 | Lu 4116 fois