Apnées du sommeil : le rôle de l’odontologiste dans la détection de la maladie

A l’occasion de l’édition 2010 du Congrès de l’Association dentaire française (ADF), qui s’est tenue la semaine dernière à Paris au Palais des Congrès, le docteur en chirurgie dentaire Paul Pionchon* fait le point sur le rôle de l’odontologiste dans la détection du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS).


Les maladies du sommeil et tout particulièrement les troubles ventilatoires qui entraînent des phénomènes d’apnées obstructives et de ronflements sont des problèmes de santé importants qui intéressent au premier chef les spécialistes de la médecine bucco-dentaire.

Ce sont des maladies graves par leurs conséquences cardio-vasculaires, cognitives, métaboliques et les risques d’accidents induits par la somnolence lors de l’éveil. Or, le dépistage de ces malades est fortement déficitaire (85% des patients ne seraient pas détectés) et entraîne de ce fait des souffrances et des coûts induits importants.

Dans ce contexte, quels sont les rôles des odontologistes dans ce domaine ? La prise en charge du syndrome d’apnées obstructives du sommeil implique obligatoirement les médecins spécialistes du sommeil qui seuls peuvent faire le diagnostic de la maladie et la prescription d’un traitement orthopédique bucco-dentaire. Cependant, la maîtrise du chirurgien dentiste s’inscrit dans la réalisation et l’adaptation de l’orthèse, dans l’évaluation préalable des contre-indications dentaires ou articulaires, dans la surveillance et la correction des effets secondaires ou délétères d’une orthèse par des contrôles réguliers.

Le rapport de la HAS précise d’ailleurs que : « la confection de l’orthèse doit être réalisée par un praticien ayant des compétences concernant à la fois le sommeil et les dysfonctionnements de l’appareil manducateur ; ce praticien doit être en contact avec un médecin du sommeil qui est le prescripteur de l’orthèse. Et que l’environnement nécessaire est idéalement une équipe pluridisciplinaire avec prescripteurs et opérateur : spécialiste du sommeil, ORL, pneumologue, stomatologue, chirurgien-dentiste ». Dont acte.

De plus, la prévention de cette pathologie revient la plupart du temps à l’odontologiste lors d’examens de routine de la denture et de l’appareil manducateur. Il saura faire un diagnostic, expliquer, traiter ou orienter avec pertinence vers les spécialistes des traitements de ces dysmorphoses (orthodontistes, chirurgiens, ORL).

Enfin lorsqu’il est averti de ces troubles, ce praticien occupe une place fondamentale dans le dépistage du SAOS. Chez l’adulte, une connaissance minimale de cette maladie et de ses symptômes (obésité, difficultés respiratoires au cours des soins, somnolence diurne, troubles métaboliques et cognitifs, problèmes cardio-vasculaires…) lui permettra d’attirer l’attention de son patient et de l’orienter vers le spécialiste adéquat (médecin du sommeil, pneumologue) pour confirmer le diagnostic et envisager une prise en charge thérapeutique.

Ainsi l’action du chirurgien-dentiste s’inscrit dans une démarche préventive de santé publique et thérapeutique au sein d’une équipe médicale dans laquelle sa capacité professionnelle spécifique est parfaitement reconnue.

*Paul Pionchon est docteur en chirurgie dentaire, psychologue diplômé d'études approfondies en psychologie clinique, docteur de l'Université Claude-Bernard en psychologie médicale, maître de conférences des universités, praticien hospitalier, et membre du Conseil d'administration de l'International association for the study of pain.

Publié le 29/11/2010 à 09:37 | Lu 2222 fois