Antioxydants et compléments alimentaires : pourquoi ? Pour qui ? A quelle dose ?

Dans le cadre de la 49ème Journée annuelle de la nutrition et de diététique (JAND), qui s’est tenue le 30 janvier 2009 au Cnit de Paris-la-Défense, le docteur Jean-Louis Berta* de Angers s’est penché sur le rôle des antioxydants et des compléments alimentaires sur la santé : pourquoi en prendre, pour qui et à quelle dose ? Détails.


Les antioxydants sont à la mode et font l’objet d’un véritable engouement au travers, notamment, des compléments alimentaires et de leurs promesses revendiquées en matière de santé. Les études expérimentales qui leur sont consacrées tentent de démontrer l’intérêt de leur apport, sous forme alimentaire ou sous forme de compléments à des doses efficaces et sans danger pour le consommateur.

Impact des antioxydants sur la santé : les résultats des études…
Les essais d’intervention(1) réalisés avec des compléments alimentaires (capsules ou gélules contenant des doses(2) de vitamines, minéraux ou phyto-constituants antioxydants) montrent une réduction du risque de cancer mais ne font apparaître aucune diminution du risque de maladies cardio-vasculaires.

Ainsi, l’étude française SUVIMAX, qui utilise des doses nutritionnelles(3) d’antioxydants, met en évidence une diminution de 31% du risque de cancer, toutes localisations confondues, et une baisse de 37% du risque de décès chez les hommes.

L’étude américaine CARET et l’étude finlandaise ATBC confirment cependant l’effet négatif d’apports élevés d’un antioxydant, le béta-carotène, sur le risque de cancer du poumon chez les fumeurs.

Par ailleurs, l’étude américaine Physicians’Health Study, qui apporte des doses élevées de vitamine E (400mg) ou de vitamine C (500mg), conclut à une absence de bénéfice sur le risque d’accidents cardio-vasculaires chez des hommes de plus de 50 ans.

Il n’existe en revanche pas d'études d’intervention menées avec un apport contrôlé d’antioxydants par l’alimentation. Seules sont disponibles les données d’enquêtes épidémiologiques sur l’effet d’un régime riche en fruits et légumes de type méditerranéen. Pour exemple, une récente analyse des données d’études réalisées sur des populations suivant un régime de type méditerranéen(4) révèle une diminution de la mortalité cardio-vasculaire, une baisse de la mortalité par cancer, un abaissement de l’incidence des maladies de Parkinson et d’Alzheimer.

Néanmoins, ces données épidémiologiques ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre antioxydants et réduction du risque de maladie.

Origine et dose d’antioxydants : les recommandations pour la population
Dans l’état actuel des connaissances, l’apport d’antioxydants par l’alimentation peut être considéré comme favorable à la santé. Sachant que les principales sources d’antioxydants sont les fruits et légumes, la consommation de ces derniers doit continuer à être encouragée.

Quant aux compléments alimentaires, ils peuvent également être utiles pour des populations dont le statut en antioxydants est médiocre. Dans tous les cas, ils doivent être utilisés parallèlement aux apports alimentaires.

Quelle dose d’antioxydants recommander ?
En matière d’apport alimentaire, la recommandation qui prévaut est d’avoir une alimentation variée et équilibrée apportant tous les éléments, y compris les antioxydants. Concernant les compléments alimentaires, ces produits doivent apporter des doses nutritionnelles(5). Des doses de vitamines et minéraux antioxydants seront prochainement fixées par la commission européenne (voir la publication récente de la directive 2008/100/CE du 28 octobre 2008 concernant les apports journaliers recommandés).

Pour les autres substances revendiquant le statut d’antioxydant, seules des études cliniques bien conduites permettront de préciser les doses efficaces et sans danger pour le consommateur.

Plus généralement, le nouveau règlement allégation (CE 1924/2006), qui impose d’apporter la preuve scientifique des allégations de santé, va conduire à développer, dans ce domaine des antioxydants, des études cliniques de qualité.

(1) Un essai d'intervention permet de suivre deux populations dont l'une fait l'objet d'une mesure ou intervention particulière, l'autre non.
(2) Doses et formes galéniques répondant à la définition des compléments alimentaires telle que proposée par la directive européenne 2002/46/CE.
(3) Niveau d'apport de type alimentaire (consommation d'aliments courants, à doses plutôt faibles) et non pharmacologique (apport à doses plus importantes).
(4) Méta-analyse conduite par Francesco Sofi.
(5) La presque totalité des avis de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) relatifs aux compléments alimentaires contenant des antioxydants n’évoque aucun risque pour le consommateur avec les doses habituellement utilisées (les seules réserves concernent le bêta-carotène).

*Intervention du Docteur Jean-Louis Berta, Pharmanager Development, Angers

Publié le 18/02/2009 à 17:53 | Lu 9632 fois