Antibiorésistance : coup d'envoi du programme prioritaire de recherche !

De nos jours, l’antibiorésistance, c’est-à-dire des bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques, devient un véritable problème de santé publique… Sachant que la France est le 4ème pays consommateur d’antiobio en Europe, le ministère de la Santé (avec l’Inserm) vient de lancer un programme prioritaire de recherche de 40 millions d’euros sur cette problématique.


Quand les premiers antibiotiques ont été découverts au début du XXe siècle, la mortalité due aux maladies infectieuses a drastiquement diminué. Mais l’émergence de bactéries multi résistantes, causée par le mésusage des antibiotiques, fait craindre que, d’ici à 2050, ces mêmes maladies redeviennent la première cause de mortalité dans le monde.
 
En effet, il faut savoir que les bactéries ont la capacité d’acquérir des gènes les rendant résistantes aux antibiotiques à partir d’autres bactéries résistantes qui possèdent ces gènes. Ainsi, une personne peut être porteuse de bactéries résistantes, sans problème de santé ou symptômes apparents.
 
Il faut savoir que la France figure en 4e position des pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe pour la santé humaine. En conséquence, des bactéries responsables de maladies graves sont plus difficiles à traiter qu’auparavant.
 
On estime que chaque année en France, 125.000 infections à bactéries multi-résistantes induisent environ 5.500 décès par an. Face à cet enjeu crucial en matière de santé publique, la France est particulièrement engagée.
 
Une feuille de route gouvernementale interministérielle a été adoptée en 2016, visant à diminuer la consommation d’antibiotiques et à réduire les conséquences sanitaires et environnementales de l’antibiorésistance.
 
Plusieurs campagnes d’information ont également été réalisées en direction du grand public. Pour anticiper les conséquences de la résistance aux antibiotiques, le Gouvernement souhaite placer la recherche au cœur de son action, pour comprendre les mécanismes d’apparition et de diffusion des résistances et découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques pour y faire face.

D’où le lancement de ce programme de recherche dans une approche dite « une seule santé » combinant santé humaine, santé animale, et compréhension des environnements. Ce programme prioritaire de recherche fera l’objet d’un suivi interministériel qui associera également les ministères chargés de l’agriculture et de l’environnement dans le cadre du grand plan d’investissement.
 
Cet appel à manifestation d’intérêt permettra de proposer puis financer à hauteur de 1 à 3 millions d’euros des projets de recherche ambitieux, structurants, de longue durée (4 à 6 ans), avec pour objectif de favoriser l’interdisciplinarité et de faire émerger une synergie des recherches fondamentales, environnementales, cliniques, de santé publique, et vétérinaires.
 
Les manifestations d’intérêt devront porter sur un ou plusieurs axes suivants :
- Contrôler et maîtriser l'usage et la dissémination des antibiotiques dans tous les domaines pour réduire la pression de sélection environnementale ;
- Elucider et ralentir l’émergence et la dissémination des mécanismes de résistance et des bactéries résistantes ;
- Accélérer l’innovation des outils diagnostics, thérapeutiques et préventifs de la résistance bactérienne et de sa diffusion et proposer de nouvelles stratégies antiinfectieuses ;
- Comprendre les paramètres anthropologiques, sociologiques et économiques qui concourent à un mésusage des antibiotiques.

Publié le 13/01/2020 à 01:00 | Lu 1351 fois