Anévrisme aortique abdominal : une simple échographie pourrait sauver la vie de nombreux seniors

La Société canadienne de chirurgie vasculaire* sollicite aujourd'hui un programme national pour le dépistage de l'anévrisme aortique abdominal (AAA). En effet, les recherches de la « Société » révèlent que le dépistage échographique d`un AAA chez les hommes âgés entre 65 ans et 75 ans pourrait-être aussi rentable que sauver une vie par mammographie.





Selon le Dr Thomas Lindsay, chirurgien vasculaire au University Health Network de Toronto et porte-parole national de la Société canadienne de chirurgie vasculaire : « Le vieillissement de la population canadienne augmentera le nombre de personnes exposées au risque de contracter un AAA, et si vous en avez un, il est fort probable qu'il se produise une rupture ».

Dans ce contexte, la Société canadienne de chirurgie vasculaire en appelle à tous les ministres de la Santé, aux échelles nationale, provinciale et territoriale, pour qu'ils mettent en place des programmes de dépistage de l'AAA afin de prévenir des décès évitables. Aux Etats-Unis, le dépistage est offert à tous les citoyens seniors dans le cadre de l'examen Welcome to Medicare. Au Royaume-Uni, l'Etat s'est décidé sur un programme de dépistage en janvier 2008 et en planifie maintenant la mise en oeuvre.

Selon le communiqué de la Société canadienne de chirurgie, la détection et le traitement précoce d'un anévrisme aortique abdominal pourrait éviter un risque de rupture pouvant être mortel. Tous les hommes âgés entre 65 ans et 75 ans et ceux de moins de 65 ans avec des antécédents familiaux devraient donc « faire l'objet d'un dépistage ». Les femmes de plus de 65 ans exposées à un risque élevé en raison d'antécédents de tabagisme et d'antécédents familiaux devraient aussi faire l'objet d'un dépistage.

Anévrismes aortiques abdominaux
Un anévrisme aortique abdominal (AAA) est une augmentation pathologique de la taille du principal vaisseau sanguin dans l'abdomen. La taille normale de l'aorte est d'environ 2 cm chez les hommes et un peu plus petite chez les femmes. A mesure que l'aorte grossit, le risque de rupture s'accroît. Cette maladie est souvent silencieuse, et la rupture peut en être le premier symptôme. L'intervention chirurgicale réparatrice non urgente est offerte au Canada et entraîne de bien meilleurs résultats par comparaison à ceux qu'on observe chez les personnes atteintes d'une rupture de l'aorte.

Les anévrismes aortiques abdominaux (AAA) sont courants et peuvent être mortels en l'absence de traitement. Lorsqu'une rupture de l'aorte se produit, la majorité des personnes qui en sont frappées n'en réchappent pas.

Personnes à risque : 5% des hommes et moins d'un pour cent des femmes ayant plus de 65 ans souffrent d'un anévrisme aortique abdominal (AAA).

Initiatives de dépistage actuelles de l'AAA
En juin 2005, les Preventive Services Task Force des Etats-Unis ont recommandé un dépistage échographique unique de l'AAA chez les hommes âgés entre 65 ans et 75 ans qui n'ont jamais fumé. Pour les hommes ayant déjà fumé et les femmes et les hommes ayant des antécédents familiaux positifs et atteignant l'âge de 65 ans, un dépistage unique de l'AAA est offert dans le cadre de l'examen physique Welcome to Medicare. Ce programme a été lancé le
1er janvier 2007.

Le gouvernement du Royaume-Uni s'est décidé sur un programme de dépistage en janvier 2008 et en planifie maintenant la mise en oeuvre. En mars 2007, le National Screening Committee du Royaume-Uni a reconfirmé que le dépistage de l'AAA pourrait être offert aux hommes âgés de 65 ans, pourvu que les hommes invités soient clairement renseignés sur les risques d'une intervention chirurgicale réparatrice non urgente et qu'on prenne des mesures pour créer des réseaux de services de chirurgie vasculaire qui permettraient une spécialisation accrue, un débit plus important et, par conséquent, une réduction du risque.

Prise de position sur le dépistage de l'anévrisme aortique abdominal
L'anévrisme aortique abdominal (AAA) est une importante cause de mortalité au Canada. Il survient le plus souvent chez les hommes de plus de 65 ans. L'AAA peut être détecté avec fiabilité de manière rentable par une simple échographie de l'abdomen permettant de visualiser l'aorte abdominale. Bien que des facteurs de risque accroissent la probabilité de l'AAA, le dépistage dans la population des hommes de 65 à 75 ans s'est révélé efficace s'agissant de réduire la mortalité due à l'AAA.

La Société canadienne de chirurgie vasculaire (SCCV) a examiné et publié les données probantes médicales sur le dépistage de l'AAA. Ces données démontrent que le dépistage dans la population masculine âgée de 65 à 75 ans abaissera de moitié la mortalité due à l'anévrisme, et le suivi de sept ans fait ressortir que la mortalité toutes causes confondues diminue également. Trois anévrismes décelés au dépistage et pris en charge par une intervention chirurgicale non urgente préviendront un décès des suites d'un anévrisme. Le programme de dépistage sélectif de l'AAA s'est révélé rentable.

Dans cette affection, le nombre d'hommes à soumettre au dépistage pour prévenir un décès est du même ordre que le nombre de femmes à soumettre à la mammographie pour prévenir un décès lié au cancer du sein.

Une analyse économique canadienne indique qu'un programme de dépistage, à l'échelle du pays, des hommes de 65 ans est une stratégie viable du point de vue économique.

L'incidence de l'AAA chez la femme est beaucoup moindre que chez l'homme, et le dépistage de toutes les femmes n'est pas une mesure qui réduirait la mortalité. Les données probantes appuient dans une certaine mesure le bien-fondé du dépistage sélectif des femmes de plus de 65 ans présentant de multiples facteurs de risque d'anévrisme (antécédents de tabagisme, antécédents familiaux d'AAA (un parent ou un membre de la fratrie), la maladie cérébrovasculaire).

*La Société canadienne de chirurgie vasculaire se voue à l'excellence dans la promotion de la santé vasculaire des Canadiens par le truchement de l'éducation, de la recherche, de la collaboration et de l'action sociale. La Société fournit une tribune pour la formation médicale continue destinées aux chirurgiens vasculaires et aux autres professionnels intéressés à la recherche sur les maladies vasculaires et au traitement des personnes qui en sont atteintes.

Article publié le 09/09/2008 à 18:10 | Lu 10275 fois