Alzheimer : le public souhaite obtenir un diagnostic précoce de la maladie

Selon les résultats d’une grande enquête internationale* élaborée et analysée par l’Université de Santé Publique d’Harvard (Etats-Unis) et l’association Alzheimer Europe, le grand public souhaiterait, malgré la peur qu’engendre cette maladie neurodégénérative et son impact, obtenir un diagnostic précoce. Détails.


L’étude menée aux Etats-Unis, ainsi qu’en France, Allemagne, Espagne et Pologne, a été élaborée et analysée par Alzheimer Europe et l’Université de Santé Publique d’Harvard.

Dans quatre des cinq pays, la maladie d’Alzheimer était la deuxième plus grande peur en terme de santé après le cancer. A noter que les personnes interrogées devaient choisir quelle était la maladie dont ils avaient le plus peur entre sept maladies telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et les accident vasculaires cérébraux.

Environ 25% des adultes dans quatre des cinq pays ont répondu á cette question en choisissant la maladie d’Alzheimer.

Précisons que laa peur de la maladie d’Alzheimer devient plus forte avec l’âge. Mais les jeunes adultes sont également inquiets, avec près d’un sur sept, parmi les 18-34 ans, répondant que parmi les sept maladies de la liste, leur plus grande peur est d’avoir la maladie d’Alzheimer.

L’étude a également montré qu’une grande proportion du public a déjà été confrontée á la maladie d’Alzheimer. La majorité des personnes interrogées dans les cinq pays ont répondu qu’elles connaissaient ou avaient connu quelqu’un qui vivait avec la maladie: environ sept personnes sur dix en France (72%), Allemagne (73%), Espagne (77%) et aux Etats-Unis (73%), et 54% en Pologne.

De plus, environ trois personnes sur dix ont connu la maladie personnellement avec un de leur proche affecté. La proportion de personnes ayant un de leur proches vivant avec la maladie allait de 19% en Pologne á 42% aux Etats-Unis.

Cette forte proportion de contact avec la maladie explique probablement la grande reconnaissance des symptômes les plus communs que sont la confusion et le fait de se perdre, qui ont été identifiés par, respectivement, au moins 86 et 88% des personnes interrogées.

Peu de personnes reconnaissent la gravité de la maladie d’Alzheimer avec seulement environ 40% qui savent que la maladie est mortelle (33 á 61% selon les pays). En réalité, la maladie d’Alzheimer est la septième cause de décès dans les pays à revenus élevés et la seule parmi les dix plus fréquentes causes de décès sans traitement préventif ou ne pouvant être guérie.

Beaucoup des personnes interrogées croient qu’il existe un traitement médical ou pharmaceutique efficace qui ralentit la progression de la maladie et réduit la gravité des symptômes (27-63%). Egalement, près de la moitié croient qu’il existe un test fiable pour savoir si quelqu’un qui a des signes de confusion et de perte de mémoire est à un stade précoce de la maladie d’Alzheimer (38-59%).

L’étude révèle aussi l’intérêt du public pour un test de diagnostic précoce. Près de deux tiers des personnes interrogées ont répondu qu’elles choisiraient un test médical qui leur permettrait de savoir si elles risquaient d’avoir la maladie d’Alzheimer, sans symptôme préalable.

Selon Heike von Lützau-Hohlbein, présidente d’Alzheimer Europe : « Les résultats montrent l’importance d’être honnête avec les patients quand il s’agit du diagnostic de la maladie d’Alzheimer. M’étant occupée de quelqu’un qui avait la maladie d’Alzheimer, je suis pleinement consciente de l’importance de pouvoir mettre un nom sur toutes les incertitudes liées à leur condition, et ensuite d’avoir le temps de mettre de l’ordre dans leurs affaires. Recevoir un tel diagnostic sera toujours difficile mais les médecins doivent permettre à leurs patients et leurs proches de prendre les mesures nécessaires. L’étude révèle également une grande reconnaissance de la maladie, ce qui prouve le succès des nombreuses campagnes de sensibilisation menées par les associations de lutte contre la maladie ».

De son côté, le Dr. Robert Blendon, professeur de politique de santé et analyse politique á l’Université de Santé Publique d’Harvard a déclaré : « Une grande partie du public attend beaucoup des possibilités de nouveaux traitements et de tests médicaux. Il est essentiel que les médecins parlent avec leurs patients des traitements et des tests qui sont disponibles ».

Florence Lustman, Coordinatrice du Plan Alzheimer en France, a dit pour sa part : « la maladie d’Alzheimer est mortelle et touche la vie de la plupart d’entre nous à un moment ou un autre. Une des priorités du Plan Alzheimer en France est le diagnostic précoce, et les résultats de cette étude confirment la validité de notre choix. L’étude révèle un large soutien du public d’être informé de ce diagnostic ».

Enfin, Marie-Odile Desana, présidente de l’Union nationale France Alzheimer a rappelé que « la maladie d’Alzheimer est une maladie très longue. Le diagnostic précoce est donc important puisqu’il permet de mettre un nom sur des symptômes et ensuite de proposer une prise en soin et un accompagnement psychosocial efficace de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer et de sa famille. Il s’agit de soutenir les capacités restantes et de préserver l’autonomie de la personne malade, tout en accompagnant les aidants familiaux mais aussi de faciliter leur libre choix quant au mode d’hébergement le plus adapté. Cet accompagnement doit prendre en compte l’évolution de la maladie. »

*L’étude examine la perception et la reconnaissance publique de la maladie d’Alzheimer, et vise á comprendre les opinions du public sur la valeur du diagnostic. L’étude incluant 2 678 personnes a été élaborée et analysée par l’Université de Santé Publique d’Harvard et Alzheimer Europe. La recherche a été menée, par TNS – une société de recherche indépendante basée á Londres, par téléphone (fixe et mobile) auprès d’un échantillon représentatif de la population d’adultes de 18 ans ou plus dans cinq pays (Etats-Unis, Allemagne, France, Espagne et Pologne). L’étude a été financée par une subvention de Bayer SA octroyée á Alzheimer Europe. Bayer n’a pas été impliqué dans l’élaboration de l’étude ou l’analyse des résultats.

Publié le 20/07/2011 à 09:01 | Lu 1944 fois