Alzheimer : le CHU de Nancy travaille sur plusieurs études

Cette étude originale et européenne qui sera lancée prochainement vise à fiabiliser les tests de mémoire. Elle sera menée en parallèle* dans quatre pays en plus de la France : l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et les Pays-bas.





En termes scientifiques, un test de mémoire est une « échelle psychométrique », invention anglaise, en référence à la psychométrie*, science de la mesure de l'esprit, qui s'appuie notamment sur des techniques statistiques variées. Elles sont également employées pour évaluer l’efficacité des médicaments dans les cas de pathologies neurodégénératives comme Alzheimer.
 
Dans le monde, ces mesures sont effectuées à partir de résultats obtenus via des évaluations réalisées en demandant aux patients de mémoriser, entre autre, des mots ou des phrases identiques dans tous les pays. Pour autant, de nos jours, leur légitimité semble remise en question. De fait, le doute s’est insinué auprès des scientifiques sur la validité auprès de participants non anglophones de ces échelles traduites de l’américain : leurs résultats sont-ils bien comparables à ceux des patients d’Outre Atlantique ? 
 
Par exemple, la traduction de l’expression anglaise très populaire « No ifs, ands or buts », intégrée à une échelle d’évaluation globale, avait donné lieu à la traduction française « Pas de mais, de si, ni de et ». A l’évidence, cette version n’a pas de sens dans la langue de Voltaire et la mémoire ne peut s’appuyer sur aucun moyen visuel, auditif ou verbal pour restituer un groupe de mots qui n’a aucune résonnance culturelle.
 
Se pencher sur la traduction de ces échelles pour leur conférer l’exactitude scientifique nécessaire à l’évaluation d’un test mémoire chez des patients non anglophones devient donc une urgence. Dans chacun des centres impliqués par l’étude CLEARLY, une soixantaine de personnes seront mises à contribution pour déterminer quelles traductions sont les plus scientifiquement adaptées à l’obtention d’une réponse adéquate dans leur culture. Les résultats sont attendus pour 2017/2018. 
 
Autre étude à laquelle contribue le CM2R de Nancy depuis ce mois-ci, celle portant sur l’efficacité d’un médicament contre la maladie à corps de Lewy. Coordonnée au niveau français par le CHU de Strasbourg, cette recherche vise à soigner une pathologie des fonctions cognitives se rapprochant sur certains points de la maladie d’Alzheimer et de la maladie de Parkinson. A ce jour les traitements, face à cette pathologie handicapante qui concerne principalement les personnes âgées, restent trop limités.
 
Cette étude, à laquelle participent des patients volontaires jusque fin 2016, évaluera l’efficacité d’une nouvelle molécule du laboratoire Merck dans le blocage d’un des mécanismes majeurs impliqué dans la maladie d’Alzheimer, à savoir : la formation de plaques dans le cerveau, liée à l’accumulation anormale de peptides amyloïdes. Clôture de l’étude prévue fin 2019. 
 
D’ici la fin de l’année deux autres études seront mises en place qui concernant Alzheimer : de quoi élargir un éventail d'essais à différents stades ou avec différents objectifs afin de permettre à un maximum de personnes d’y participer et d'insuffler ainsi une dynamique. 
 
Aujourd’hui en France, on estime que près de 900.000 personnes sont atteintes par la maladie d’Alzheimer. Une pathologie neurodégénérative qui concerne bien évidemment en premier lieu les malades, mais qui résonne également sur le quotidien des trois millions de proches et notamment des conjoints et des enfants…

*Portée par Janssen Research & Development  et baptisée, CLEARLY, elle fédère 5 centres en France : Paris, Lyon, Marseille, Lille et Nancy où elle est coordonnée par le Dr Thérèse Jonveaux qui dirige le Centre Mémoire de Ressources et de Recherche (CM2R) au sein du service hospitalier  de gériatrie du Pr Athanase Bénétos.

Article publié le 21/09/2016 à 01:00 | Lu 1357 fois