Allergies aux insectes par le Dr Berenger

Dans le cadre du 10ème Congrès francophone d’allergologie qui s’est tenu la semaine dernière à Paris sur le thème Allergies et Vie Moderne, le docteur Berenger de Marseille revient en détail sur les différentes allergies et réactions que l’homme peut avoir suite à des contacts avec des insectes. Sachant que les plus dangereux ne sont pas toujours ceux qu’on croit…





Jusqu’à il y a peu, les réactions aux insectes piqueurs étaient résumés -au moins en France métropolitaine- par l’allergie aux venins d’hyménoptères, guêpes et abeilles. Avec le développement des voyages lointains, touristiques et professionnels, on a vu se développer progressivement des pathologies dues à des insectes venimeux jusqu’alors inconnus dans nos contrées.
 
Pour les arthropodes, les venins sont des poisons faisant partie de leur système de défense -ou d’attaque- envers un animal d’une autre espèce, l’être humain y compris. Il peut s’agir d’une défense soit active par injection de venin à l’aide d’un dard ou d’un harpon par exemple, ou passive par des sécrétions du tégument ou bien encore par ingestion ou contact avec le milieu intérieur.
 
Ainsi, les scorpions représentent la deuxième cause d’envenimation au monde après les serpents. Les plus dangereux appartiennent à la famille des buthidés répartie sur tous les continents : Afrique du nord, Afrique, Proche Orient, Inde, Mexique et Amérique du Sud. Leur venin est neurotoxique, agissant par stimulation de l’influx nerveux pré ou post synaptique, par passage continu des neurotransmetteurs (acétylcholine et noradrénaline). Ceci a pour effet des tremblements, une hypersalivation, des vomissements, des troubles cardiovasculaires, allant jusqu’au au collapsus et au coma, des contractures musculaires qui entrainent une paralysie progressive des muscles, en particulier respiratoires pouvant conduire au décès par asphyxie.
 
Un seul scorpion (Hemiscorpius sp.) possède un venin cytotoxique qui provoque des lésions nécrotiques graves pouvant conduire au décès. On le trouve au Moyen Orient (Iran, Iraq, Arabie, Yémen) au Pakistan et en Erythrée.
 
Les Araignées possèdent des venins pouvant être neurotoxiques ou nécrosants. L’envenimation par morsure de Loxosceles donne un aspect marbré de la peau caractéristique, et il existe une forme viscéro-cutanée rare mais grave associant une hémolyse intravasculaire et une défaillance rénale. Le loxoscelisme devient actuellement un problème sanitaire en Amérique du Sud. Le venin de Lactodectus est un venin neurotoxique très puissant. C’est une araignée de petite taille (2 cm) qu’on trouve plutôt en milieu rural. Elle est considérée comme la plus dangereuse de France ou elle est nommée Malmignatte de Corse et de Provence.
 
Les araignées du genre Atrax (Australie - en photo) sont les plus dangereuses au monde. Leur venin est toxique essentiellement pour l’homme. Les Phoneutria sont très agressives, mais les envenimations sévères sont rares, l’inflammation des nerfs sensitifs est surtout très douloureuse. Enfin le venin des Mygales américaines est peu dangereux malgré leur taille impressionnante. On craindra plutôt les soies irritantes de l’abdomen qu’elles peuvent projeter en cas de danger.
 
Chez les Acariens, une toxine paralysante est contenue dans la salive de certaines tiques. Chez les Myriapodes (millepattes), on distingue les diplopodes qui sont des venimeux passifs pourvus de glandes répugnatoires contenant des benzoquinones, de l’acide cyanhydrique, et ont un pouvoir répulsif ou dangereux s’ils sont projetés dans les yeux, et les chilopodes (scolopendres), venimeux actifs par injection de venin produisant des inflammations sérieuses suivant les espèces.
 
A côté des hyménoptères très fréquents dans nos régions (guêpes, abeilles, frelons), qui provoquent des réactions toxiques lorsque les piqûres sont multiples, voire allergiques anaphylactiques parfois mortelles chez les sujets sensibilisés, certaines fourmis ont un potentiel toxique non négligeable, « fourmis de feu » et « fourmis 24 h » en Guyane par exemple.
 
Les soies des larves des Lépidoptères (chenilles) sont urticantes et venimeuses. Elles contiennent un venin qui provoque des inflammations sévères, notamment certaines espèces d’Amérique du sud chez les collecteurs de résine de caoutchouc. On rapporte le cas d’une jeune femme ayant écrasé cinq chenilles au cours d’une randonnée au Pérou et qui est décédée après son retour au Canada par coagulation intravasculaire disséminée. C’est la toxine d’une chenille de Lonomia qui peut provoquer ces symptômes. Le traitement est symptomatique mais des sérums ont pu être mis au point. En général ces chenilles de Lonomia colonisent surtout des plantes de la famille des Anacardiacées, mais peuvent aussi se retrouver sur des plantes domestiques ou exotiques acclimatées, fréquentes dans les jardins et aux alentours des maisons. C’est un problème de santé publique au Brésil où il est en pleine expansion.

Article publié le 30/04/2015 à 01:00 | Lu 2111 fois