Alcool : une trop forte consommation accentue le déclin cognitif

Bon on le sait déjà… L’alcool est à consommer avec modération… C’est mauvais pour la santé. Pour le foie, pour le cœur, etc. Mais l’alcool consommée en trop grande quantité à l’âge adulte (notamment chez les hommes) accélérerait le déclin cognitif, indique une récente étude réalisée conjointement par des chercheurs britanniques de l’University College London et des scientifiques français de l’Inserm. Détails.


Dans cette nouvelle étude, la consommation d’alcool habituelle a été étudiée à trois reprises sur une période de dix ans chez 5.054 hommes et 2.099 femmes.
 
Par consommation d’alcool, comprendre, le vin, la bière et des spiritueux.
 
Des premiers tests cognitifs ont ensuite eu lieu lorsque les participants étaient âgés en moyenne de 56 ans. Ces tests ont été répétés à deux reprises à cinq et dix ans de distance.
 
Plus concrètement, les scientifiques franco-britanniques ont étudié les capacités de mémorisation et les fonctions exécutives des personnes suivies, c’est-à-dire leur capacité d’attention et de raisonnement utilisées afin d’atteindre un objectif.
 
Le test de mémoire consistait à se rappeler en une minute du plus grand nombre de mots possibles parmi une  liste de vingt mots énoncés juste avant. Les fonctions exécutives étaient quant à elles évaluées à partir de trois tests : un de raisonnement logique et deux tests de fluence verbale durant lesquels les participants devaient écrire respectivement le plus de mots commençant par S et de mots d’animaux, en une minute.
 
La plupart des études sur l’association de la consommation d’alcool avec la mémoire et les fonctions exécutives ont été mené chez des personnes âgées et non des jeunes seniors…. « Notre étude est basée sur des personnes âgées en moyenne de 56 ans lors des premiers tests cognitifs, ce qui est relativement jeune par rapport aux études précédentes sur ce sujet. Elle suggère qu’une forte consommation d’alcool serait associée à un déclin cognitif plus rapide dans tous les domaines cognitifs étudiés » indique l’auteur de l’étude Séverine Sabia de l’University College London en Angleterre.
 
Chez les hommes, alors qu’aucune différence dans le déclin de la mémoire et des fonctions exécutives n’a été observée entre ceux qui ne boivent pas, les anciens buveurs et les buveurs légers à modérés, les gros buveurs quant à eux montrent un déclin de la mémoire et des fonctions exécutives plus rapide que les buveurs modérés.
Cette différence est, selon les tests cognitifs, comprise entre 1.5 et 6 années supplémentaires de déclin cognitif. Par exemple, un gros buveur de 55 ans aurait un déclin de mémoire comparable à celui d’une personne de 61 ans.
 
Cependant, cette étude n’a pas pu étudier de fortes consommations d’alcool chez les femmes qui buvaient des quantités comparables aux hommes car trop peu d’entre elles consommaient de telles quantités... Toutefois, un déclin plus rapide des fonctions exécutives est suggéré chez celles qui buvaient plus de deux verres d’alcool.
 
Les mécanismes impliqués dans l’association entre une forte consommation d’alcool et un déclin cognitif accéléré ne sont pas simples. Une des principales hypothèses concerne les mécanismes cérébraux et cardiovasculaires qui pourraient impliquer des effets sur de longues périodes dans le temps. En effet, une forte consommation d’alcool est un facteur de risque reconnu de maladies vasculaires et il existe de nombreux arguments en faveur d’une contribution de différents facteurs vasculaires au déclin cognitif. De plus, une forte consommation d’alcool aurait un effet délétère à court et long termes sur le cerveau, via des effets neurotoxiques et pro-inflammatoires, et des effets indirects via les maladies cerobro-vasculaires et la déficience en vitamines.
 
Pour les auteurs de cette publication, « il serait intéressant de pouvoir répéter ce genre d’étude afin d’évaluer plus en détails l’impact d’une forte consommation d’alcool sur le déclin cognitif chez les femmes. De plus, de nouvelles mesures de fonctions cognitives seront bientôt disponibles chez les mêmes participants. Elles permettront d’étudier si l’effet de la consommation d’alcool en milieu de vie (40 à 60 ans) sur le déclin cognitif est d’autant plus évident lorsque les personnes vieillissent ».
 
En termes de santé publique, cette étude est en accord avec les précédentes et suggère qu’il est peu probable qu’une consommation d’alcool modérée soit délétère pour le vieillissement cognitif. Toutefois, ces résultats suggèrent également qu’une forte consommation d’alcool en milieu de vie pourrait entraîner un déclin cognitif plus rapide au cours de la vieillesse.
 
Cette étude a été publiée le 15 janvier 2014 dans la revue scientifique Neurology.

Publié le 21/01/2014 à 08:00 | Lu 984 fois