AVC : première cause de mortalité chez les femmes

Rappelons qu’en France, l’AVC est la première cause de mortalité chez les femmes, du fait de leur longévité et du nombre élevé d’AVC survenant chez celles-ci à des âges tardifs. A l’occasion de la journée internationale de la femme, le laboratoire Boehringer Ingelheim a souhaité faire un bilan de la situation des femmes face à cette pathologie.


Un article récent du Dr France Woimant, neurologue à l’hôpital Lariboisière et vice-présidente de l’association France AVC, paru dans la revue Neurologie pratique, du 12 septembre 2011, nous permet d’apporter quelques précisions chiffrées sur ce problème de santé publique.

D’après les enquêtes déclaratives Handicap-Santé-Ménages et Handicap-Santé-Institution, la prévalence de l’AVC en France peut être estimée à 1,2% de la population (1,3% chez l’homme et 1,2% chez la femme), 0,8% ayant des séquelles. Le nombre de personnes en France ayant été victimes d’un AVC est estimé à 771.000 dont environ 380 000 femmes.

En 2008, 18.729 femmes sont décédées de maladies cérébro-vasculaires en France et 13.452 hommes (respectivement 7 et 5% des causes de décès). En comparaison, 11.605 femmes sont décédées d’un cancer du sein (4% des causes de décès chez la femme).

Le pronostic de l’AVC en termes de handicap et de qualité de vie est moins bon chez la femme

Après un AVC, les femmes ont une moins bonne qualité de vie et une plus grande dépendance que les hommes. Plusieurs explications sont proposées… et encore discutées. Les femmes victimes d’AVC sont plus âgées. Par ailleurs, 87% des hommes seraient autonomes avant l’AVC, alors que seulement 78% des femmes le seraient. Les infarctus cérébraux (IC) de la femme sont plus sévères et ceci pourrait être expliqué en partie par la cause principale des IC de la femme : l'arythmie cardiaque. Les infarctus cérébraux d’origine cardio-embolique sont souvent plus sévères que ceux d’autres étiologies. Par ailleurs, les complications post AVC sont plus fréquentes chez la femme, qu’il s’agisse des infections respiratoires, urinaires ou de la dépression.

AVC : première cause de mortalité chez les femmes
Reconnaître un AVC

L’ensemble de ces données nous conduit à rappeler qu’il est important de connaître les signes d’alerte d’un AVC, afin d‘obtenir une prise en charge rapide des victimes. Plus les patients sont pris en charge et traités rapidement, plus le risque de handicap diminue. C’est pourquoi chaque minute compte.

On suspecte l’AVC, dès la survenue brutale et soudaine de l’un des signes suivants :

- Paralysie du visage
Vérifiez si la personne peut sourire de façon symétrique.

- Faiblesse du bras (faiblesse, paralysie, engourdissement d’un bras)
érifiez si la personne peut lever les deux bras de la même manière.

- Trouble de la parole (perte soudaine de la parole, difficultés pour parler, pour articuler ou comprendre ce qui est dit)
vérifiez si la personne peut parler clairement et comprendre ce que vous dites.

Ces signes peuvent être associés -ou non- à l’apparition brutale de troubles de l’équilibre, de maux de tête intenses ou d‘une baisse de la vision. Même si les signes régressent, une seule conduite à tenir : appeler le 15.

AVC de la grossesse et du post-partum

Durant la grossesse, le risque d’AVC n’est pas réellement augmenté ; en revanche, il est multiplié par plus de 12 durant la période du post-partum. Cette augmentation de risque concerne les infarctus, les hémorragies et les thromboses veineuses. Les facteurs de risque principaux sont l’hypertension artérielle gravidique, l’âge maternel, la réalisation d’une césarienne.

Contraception orale et infarctus cérébraux

Deux méta-analyses ont montré que la contraception orale (CO) était associée à un risque accru d’infarctus cérébraux. L’association existe quelque soient la génération de pilule et le dosage d’œstrogènes. Elle est plus faible avec les pilules de dernière génération et celles microdosées*.

Toutefois, compte tenu de la très faible incidence des AVC chez les femmes jeunes, l’augmentation de risque absolu est très faible. Par contre, les femmes de plus de 35 ans, ou ayant des facteurs de risque (hypertension artérielle, tabac, diabète), des migraines (avec aura) ou un antécédent d’accident thromboembolique ont un risque plus élevé. Aussi, un antécédent d’accident ischémique transitoire ou d’infarctus cérébral est une contre-indication formelle et définitive à la prescription d’une CO oestroprogestative. Il est dans ce cas recommandé d’adopter une contraception non hormonale. Si une contraception hormonale est souhaitée, il est possible le cas échéant de prescrire une CO par progestatif seul (microprogestatifs ou implant ou DIU au lévonorgestrel).

Une situation en évolution

Au total, les femmes sont davantage victimes d’AVC que les hommes. L'impact social de cette pathologie est majeur et va encore augmenter dans les années à venir, du fait du vieillissement de la population. Les pertes d'autonomie conduisant à l'institutionnalisation et les démences post AVC sont déjà plus fréquentes chez la femme que chez l'homme.

* OR : 4,53 si > 50 µgr d’œstrogènes et 2,08 si < 50 µgr d’œstrogènes

Publié le 08/03/2012 à 09:56 | Lu 3184 fois