4ème semaine international de la dénutrition des seniors : une édition consacrée à Alzheimer

Du lundi 23 au samedi 28 juin 2008 a lieu la 4ème semaine nationale de dépistage de la dénutrition des seniors. Pour cette nouvelle édition, le laboratoire Nutricia Nutrition Clinique, à l’origine de cette action, s’est focalisé sur les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avec pour thème central : « « Bien s’alimenter quand on commence à oublier »…





4ème semaine international de la dénutrition des seniors : une édition consacrée à Alzheimer
En France, sur « 860.000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, 40 à 50% des patients ont perdu du poids, au moment où le diagnostic est posé » souligne le laboratoire dans son communiqué.

Or, il faut savoir que si la dénutrition a des conséquences graves chez les sujets âgées, ces conséquences sont encore amplifiées chez les personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer.

Ainsi, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 28 juin prochain, Nutricia Nutrition Clinique souhaite mobiliser le grand public, les professionnels de santé et l’entourage des patients atteints de la maladie d’Alzheimer pour répondre à trois objectifs : motiver les patients ou leur entourage à se faire dépister ; aider les professionnels de santé à pratiquer un dépistage systématique en leur offrant des outils performants et rapides à utiliser (disque IMC, brochures patients, guide conseils aux aidants, posters dans les salles d’attentes) ; et enfin, encourager, au-delà du dépistage, une prise en charge nutritionnelle spécifique.

Comme les troubles de la mémoire, la difficulté à trouver ses mots ou à exécuter des tâches de la vie de tous les jours (fermer une porte à clés, retrouver des objets), la dénutrition est un signe d’alerte de la maladie d’Alzheimer. « Il est cliniquement prouvé que, dans la majorité des cas, la perte de poids précédant même l’apparition des signes cliniques de démence, celle-ci serait un facteur prédictif de la maladie d’Alzheimer » indique le communiqué du laboratoire. .../...

Dans ce contexte, il convient de remarquer que globalement « les besoins nutritionnels des patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont les mêmes que ceux des patients âgés ». En revanche, cette pathologie « engendre des troubles alimentaires caractéristiques qui nécessitent une prise en charge spécifique ».

Ainsi, l’alimentation doit avant tout être équilibrée, agréable et elle doit respecter les goûts du patient. Le rythme des trois repas par jour sera le plus longtemps possible maintenu. La diversité des aliments et la variété des catégories alimentaires doivent être préservées tant d’un point de vue nutritionnel que pour maintenir l’appétence et le plaisir de manger.

Il est essentiel, tout au long de l’évolution de la maladie, d’adapter les repas aux capacités du patient et de préserver le maximum d’autonomie dans la préhension, la découpe et la mastication. Il est souhaitable de fractionner précocement l’alimentation, pour éviter les sensations rapides de rassasiement ou d’écœurement.

Il sera conseillé aux patients de boire, très régulièrement, sans se fier aux sensations de soif souvent altérées. En cas de fièvre ou de forte chaleur, il faut immédiatement augmenter la ration hydrique. Il est important également, d’inciter les patients à avoir une activité physique quotidienne de 30 minutes par jour pour entretenir la masse musculaire et ouvrir l’appétit.

Pour un dépistage systématique et régulier

Les recommandations de la HAS préconisent un dépistage systématique de la dénutrition pour toutes les personnes âgées : une fois par an par le médecin de ville, une fois par mois quand la personne est en institution, et à chaque hospitalisation. Chez les personnes atteintes de Maladie d’Alzheimer, la surveillance devra être plus fréquente en fonction de l’état clinique et de l’importance du risque en particulier en cas d’association de plusieurs situations à risque.

Ce dépistage comportera la recherche minutieuse des situations à risque, l’estimation de l’appétit et des apports alimentaires, la mesure répétée du poids afin d’évaluer la perte de poids par rapport au poids antérieur, et le calcul de l’indice de masse corporelle : IMC = poids/taille (unités : poids en kg et taille en m). Enfin ces recommandations fixent très clairement les critères de diagnostic de la dénutrition chez les sujets âgés.

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Les quatre stades évolutifs de la dégradation de l’alimentation chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer :

Le stade 1 est le stade de simple aversion à l’alimentation.

Le stade 2 est celui où apparaît un début de dépendance, le patient a besoin d’aide pour manger, petit à petit l’entourage doit participer au repas : couper la viande, guider l’alimentation, encourager.

Le stade 3 est celui où la dépendance alimentaire est complète : le patient ne mange plus sans aide.

Le stade 4 est le stade ultime où toute alimentation orale est impossible, le patient refuse toute alimentation, il refuse de mâcher, et d’avaler.

Difficultés alimentaires propres à la maladie d’Alzheimer

Le degré des difficultés alimentaires au cours de la maladie varie avec l’évolution.

L’échelle de Blandford définit quatre groupes de troubles :

• Les comportements actifs de résistance alimentaire ou d’opposition, le malade a tendance à repousser la nourriture ou la main qui essaye de le nourrir, il peut aussi mettre la main devant sa bouche ou jeter la nourriture.

• La dyspraxie buccale qui est un trouble de la coordination de la bouche et de l’attention : la personne joue, manipule l’aliment mais ne le mange pas, ou au contraire, mange des aliments non comestibles comme les serviettes en papier, par exemple.

• Les comportements sélectifs, les patients choisissent et surtout restreignent leurs choix alimentaires : ils ingèrent uniquement soit des mets sucrés, soit des liquides ou encore des aliments semi-solides.

• Enfin la dysphagie oropharyngienne, regroupe toutes les incoordinations neuromusculaires des mouvements masticatoires et de la déglutition. Le patient ne sait plus manger c’est à dire ouvrir la bouche, mastiquer, déglutir.

Causes de la dénutrition liées à la maladie d’Alzheimer

La dénutrition est un signe d’alerte de la maladie d’Alzheimer au même titre que :

• Des troubles de la mémoire d’apparition récente

• Une difficulté à exécuter des tâches de la vie courante (fermer une porte à clés, prendre ses médicaments, retrouver des objets..)

• Des difficultés de langage (chercher ses mots).

Elle est souvent le reflet des premières difficultés de début de la maladie : le patient rencontre des problèmes d’anticipation des courses, des repas associés à des troubles de la mémoire qui gênent même la perception de la faim. Il n’est pas rare que les patients atteints de maladie d’Alzheimer oublient, littéralement, d’avoir faim. Insidieusement, la dénutrition s'installe...

La personne souffrant d'une maladie d’Alzheimer va progressivement développer des troubles du comportement, qui vont induire la dénutrition ;

• La désorientation temporo-spatiale qui entrave tout esprit d’initiative et empêche ces patients de programmer une liste de courses, d’organiser leur déroulement voire de les envisager.

• Les troubles dits praxiques, liés à la coordination des mouvements, qui gênent toutes les étapes de réalisation du repas : cuisiner, éplucher, mettre la table, manipuler les ustensiles de cuisine et les couverts.

• Enfin, les troubles mnésiques – de la mémoire – qui empêchent les patients de se souvenir de leur repas, de la faim, de la nécessité de manger…

A ces difficultés spécifiques de la Maladie d’Alzheimer, viennent s'ajouter celles liées à l’âge. L’avancée en âge augmente à elle seule le risque de dénutrition. Notamment, les troubles bucco-dentaires, les troubles du goût et/ou un odorat émoussés, la prise de nombreux médicaments,… autant de facteurs qui entravent l'alimentation et diminuent l'appétit.

Enfin, plus que n’importe quelle personne âgée, le malade Alzheimer est exposé à la dépression et à l'anorexie liée. En conclusion, plus que n’importe quelle personne âgée, les patients souffrant de maladie d’Alzheimer sont des candidats surexposés à la dénutrition.

Et conséquences…

Les conséquences de la dénutrition chez les sujets âgés sont parfaitement connues :

• La dénutrition augmente la morbidité et la mortalité. Le risque infectieux est multiplié de deux à six fois. La mortalité à un an est multipliée par quatre chez les patients de plus 80 ans lors d’une hospitalisation s’ils sont dénutris.

• La dénutrition provoque une altération de l’état général : amaigrissement, asthénie, anorexie sont les trois A de l’altération de l’état général, un véritable cercle vicieux, la fatigue contribuant à la baisse de l’appétit.

• La dénutrition est à la fois une conséquence de la dépression et une des origines de la recrudescence d’épisodes dépressifs.

• Enfin, l’épuisement des réserves de l’organisme, en particulier la fonte des protéines du corps ; c’est-à-dire les muscles, diminue les défenses immunitaires de l’organisme et les réserves dans lesquelles le sujet peut puiser en cas d’épisode aigu.
Ainsi s’enclenche la spirale de la dénutrition.

Les épisodes aigus se succèdent, sans que le sujet ait la capacité de récupérer et de reconstituer totalement ses réserves entre chaque évènement. En absence de prise en charge, cet engrenage peut conduire au décès de la personne âgée.

Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, la maladie évolue en parallèle de la dénutrition, elles interagissent l’une sur l’autre, la dénutrition favorisant le passage à différents états de dépendance, avec l’apparition d’escarre, par exemple.

Les troubles de la déglutition sont fréquents dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer, ce sont essentiellement des fausses-routes, les patients se mettant à tousser au cours des repas. Les troubles de la déglutition gênent le déroulement du repas, peuvent provoquer des refus alimentaires et peuvent être à l’origine de surinfections bronchiques qui assombrissent le pronostic.

A savoir :

Quels sont les signes de dénutrition ?

- Les vêtements qui flottent
- Les changements anatomiques
- Le visage qui se creuse
- La silhouette qui change

N’oubliez pas de surveiller :

- Le rythme et la régularité des repas
- Son appétit
- D’éventuelles douleurs
- Le contenu du frigidaire

Quelques conseils nutritionnels :

- Penser à une alimentation équilibrée, agréable
- Varier les aliments et les catégories alimentaires
- Respecter ses goûts
- Maintenir le plus longtemps possible le rythme des 3 repas par jour
- Préserver le maximum d’autonomie dans la découpe et la mastication des aliments
- Fractionner précocement l’alimentation pour éviter les sensations rapides de rassasiement ou d’écœurement
- Boire régulièrement sans se fier aux sensations de soif

Article publié le 23/06/2008 à 14:42 | Lu 16460 fois