13ème édition du rapport Mercer sur les retraites dans le monde

L'impact de la pandémie de Covid-19 continue d'affecter le bien-être de millions d'individus dans le monde. Et ses effets ne se limitent pas aux systèmes de santé et aux personnes qui contractent le virus. Particulièrement impactés, les systèmes de retraite exacerbent les inégalités entre les femmes et les hommes. Le point avec Mercer*, entreprise spécialisée en ressources humaines et en Retraite & Investissement.


Cette année, l’indice global des pensions compare 43 systèmes de retraite dans le monde et couvre ainsi deux tiers de la population mondiale. Les trois pays les mieux notés (Islande, Pays-Bas et Danemark) ont tous reçu la note A et sont des systèmes financièrement solides et bien gérés, tout en versant un revenu suffisant aux retraités.
 
Pour Margaret Franklin, présidente et directrice générale du CFA Institute, il est impératif d’identifier des leviers permettant d’améliorer les prestations de retraite : « la pandémie a exacerbé les inégalités socio-économiques dans de nombreuses régions du monde. (…) ».
 
« Une autre problématique de taille est l'écart qui subsiste entre les pensions des hommes et celles des femmes. Une situation qui représente un défi supplémentaire urgent. Aussi, plus que jamais, la promesse d'une retraite sûre dépend de l'action collective des décideurs politiques et des parties prenantes du secteur pour examiner les forces et les faiblesses des systèmes de retraite, dans le but d'offrir de meilleures prestations à chaque individu », ajoute-t-elle.
 
Quant à l’auteur principal du rapport, Dr David Knox de chez Mercer, il affirme « qu'il est indispensable que les acteurs du secteur des pensions agissent dès maintenant. Les gouvernements du monde entier ont réagi à la crise du COVID-19 par d'importantes mesures de relance économique, qui ont alourdi la dette publique, réduisant ainsi leurs possibilités futures de soutenir leur population âgée ».
 
Et de préciser : « les régimes de retraite du monde entier s'orientent de plus en plus vers des plans d’épargne retraite (à cotisations définies), au détriment des régimes traditionnels (à prestations définies). Malgré ces défis, ce n'est pas le moment de freiner sur la réforme des retraites, il faut plutôt l’accélérer. Les individus doivent assumer de plus en plus la responsabilité de leur propre revenu de retraite, mais ils ont besoin pour cela d'une réglementation et d'une gouvernance solides pour être soutenus et protégés ».
 
« En France, la réforme des retraites a été stoppée nette par la crise du COVID-19, la priorité ayant été donnée au soutien à l’économie. L’échéance prochaine de l’élection présidentielle laisse peu de doute quant à la conduite d’une telle réforme sous ce quinquennat, alors même qu’elle constituait une promesse du candidat Macron en 2017 » commente quant à elle, Christel Bonnet, directrice conseil Transition Emploi Retraite chez Mercer France.
 
« Une refonte structurelle semble pourtant nécessaire pour conserver le modèle français par répartition. Cela s’accompagne d’une responsabilisation grandissante des entreprises et des Français qui, pour améliorer leurs revenus une fois à la retraite, se tournent de plus en plus vers l’épargne retraite ».
 
Combler l'écart entre les pensions des hommes et celles des femmes suppose de relever deux défis : réduire la pauvreté chez les personnes âgées –un phénomène plus fréquent chez les femmes- et endiguer l'inégalité qui existe entre les deux sexes en matière d’emploi (et donc dans les cotisations versées pour une pension de retraite).
 
« Notre étude montre que les raisons de cet écart sont diverses selon les régions étudiées, il n’y a pas de cause unique. Dans chaque pays, des problèmes liés à l'emploi, à la conception des pensions ainsi qu’à des problèmes socioculturels contribuent à ce que les femmes soient beaucoup plus désavantagées que les hommes en matière de pension de retraite », commente le Dr Knox.
 
Si les problèmes liés à l'emploi sont des facteurs importants et bien connus -plus de femmes travaillent à temps partiel, subissent des périodes d'inactivité pour s'occuper des enfants, gagnent des salaires moyens inférieurs aux hommes…- l'étude révèle que les règles appliquées par les régimes de retraite aggravent le problème.
 
Il s'agit notamment de l’attribution de droits à la retraite non obligatoire pendant le congé parental, de l'absence d’acquisition de droits à une pension pendant la prise en charge de jeunes enfants ou de parents âgés dans la plupart des pays, ou encore de l'absence d'indexation des pensions pendant la retraite, qui a un impact plus important sur les femmes en raison de leur espérance de vie plus longue.
 
Dans cette lignée, en France, les femmes perçoivent un revenu moyen de retraite 28% plus faible que celle des hommes. Dans le régime général de retraite, elles bénéficient de quelques mécanismes de compensation des périodes d’arrêt de travail pour élever les enfants en bas âge ; toutefois, ces mesures ne protègent pas d’une diminution du montant de pension (ex. : non-acquisition de points AGIRC-ARRCO).
 
Les femmes, qui sont majoritairement les aidants des personnes âgées ou handicapées, n’acquièrent aucun droit à retraite pour le temps passé à soutenir les personnes fragiles.
 
« Les acteurs de la retraite peuvent prendre un certain nombre de mesures. Pour commencer, ils doivent supprimer les conditions restrictives d'éligibilité pour les personnes qui souhaitent adhérer à des régimes de retraite liés à l'emploi. Chaque individu devrait avoir le droit de participer à un régime de retraite quel que soit son niveau de salaire, quel que soit son taux d’emploi ou son ancienneté, afin de lui permettre de se constituer une pension suffisante » ajoute encore le Dr Know.
 
Et de conclure : « les fonds de pension peuvent également attribuer des droits à retraite pour les personnes qui s'occupent d’enfants en bas âge et de personnes âgées. Les aidants rendent un service précieux à la communauté et ne devraient pas être pénalisés à la retraite pour avoir pris du temps en dehors de l’activité professionnelle ».
 
L'Islande obtient la valeur d'indice global la plus élevée (84,2), suivie de près par les Pays-Bas (83,5). La Thaïlande dispose quant à elle de la valeur d'indice la plus faible (40,6). Par rapport à 2020, la Chine et le Royaume-Uni sont les pays qui ont le plus progressé. Les effets de leur précédente réforme des retraites commencent à s’observer en 2021 : amélioration des pensions pour les individus et de la réglementation des retraites.
 
La France demeure dans une position moyenne. La force de son système de retraite obligatoire est de permettre aux retraités de percevoir un revenu décent une fois à la retraite, alors que l’équilibre financier long-terme reste extrêmement fragile et que ce système est difficilement compréhensible aux yeux des Français. Une réforme simplifiant le système et permettant un rééquilibrage financier pourrait améliorer le positionnement de la France selon les critères de l’indice MCGPI.
 
*Le Mercer CFA Institute Global Pension Index (MCGPI) résulte d’une étude annuelle exhaustive comparant les systèmes de retraite dans le monde entier. Elle permet d’identifier leurs faiblesses et de définir des pistes de réforme pour garantir un niveau de pension suffisant et un équilibre financier pérenne. Cette édition 2021 a été menée par le CFA Institute, l'Association mondiale des professionnels de l'investissement, en collaboration avec le Monash Centre for Financial Studies (MCFS) et Mercer.

Publié le 19/10/2021 à 10:34 | Lu 2488 fois