Le portrait de Dorian Gray au Théâtre Le Ranelagh : pas une ride sur son beau visage !

Il y a trois ans déjà, Thomas Le Douarec entreprenait de monter sur scène, le seul roman mais pas le moindre, d’Oscar Wilde : Le Portrait de Dorian Gray. Le spectacle fut produit sur plusieurs scènes parisiennes et au Festival d’Avignon, recueillant à chaque fois un franc succès bien mérité. Le voici maintenant installé pour quelques mois au Théâtre Le Ranelagh, lieu magique dont le décor de manoir anglais convient parfaitement à cette action « so british ».





On se souvient tous du sujet du livre. Le beau Dorian, jeune éphèbe de vingt ans à peine, se fait faire un portrait par son ami peintre Basil. En extase devant le résultat il fait le vœu satanique que ce soit le portrait qui vieillisse à sa place, version très « Wildienne » du célèbre mythe de Faust.
 
Alors que notre jeune Dorian se lance dans une vie de débauches son vœu semble se réaliser car, vingt ans plus tard, il n’a toujours pas pris une ride alors que le portrait présente un visage de plus en plus hideux. Mais la nature se vengera de la façon la plus impitoyable…
 
La mise en scène de Thomas Le Douarec est très réussie. L’acteur qui tient le rôle-titre n’a pas à se grimer, puisqu’il ne vieillit pas, alors qu’on voit sur scène ses deux comparses Basil et Henry se grisonner les tempes, rappelant ainsi que le temps a passé.
 
Quant au portrait, on ne le verra jamais, ni lors de sa création ni au cours de ses changements, car alors c’est à nouveau le texte qui reprendra le relais. Texte habilement mis en valeur, avec des maximes sur les femmes très misogynes, mais dont l’élégance nous préserve de toute vulgarité.
 
C’est Mickaël Winum qui incarne -le mot prend ici tout son sens- le rôle de Dorian Gray. Bien connu des téléspectateurs pour ses apparitions multiples sur le petit écran, il l’est aussi des amateurs de théâtre pour sa prise de rôle très remarquée d’Oreste dans l’Andromaque de Racine.
 
Il a toute la beauté et la fraicheur du jeune Dorian mais, alors qu’au cours du temps son visage ne s’altère pas, il sait rajouter un léger voile dans son regard, discret témoin de sa vie de noirceurs.
 
Fabrice Scott fut ce soir-là un Basil très touchant, éperdu d’amour non avoué pour le beau Dorian. Caroline Devismes, qui assiste également le metteur en scène, joue trois rôles bien différents avec un égal bonheur.Et c’est Thomas Le Douarec himself qui campe un Lord Henry cynique, sûr de lui sans arrogance, misogyne sans outrance, comme l’était sans doute l’Oscar Wilde que nous aurions tant aimé connaître.

Le Portrait de Dorian Gray d’après Oscar Wilde

Théâtre Le Ranelagh  
5, rue des Vignes 75016 Paris

Du mercredi au samedi à 20h45 dimanche 17h
4 représentations en anglais avec surtitres en français les 15, 22, 29 mars et 5 avril
Jusqu’au 7 avril
 

Article publié le 28/02/2019 à 01:04 | Lu 2006 fois