Dépendances : un duel fratricide au Studio Hébertot

Un homme fait les cent pas dans ce qui semble être un lieu laissé à l’abandon. Il est bientôt rejoint par un autre personnage, mais les deux protagonistes se regardent à peine et semblent s’éviter.


Le dialogue finit pourtant par s’établir et on comprend alors que ce sont deux frères, Henri et Tobias, qui se retrouvent dans l’appartement de leur enfance alors qu’ils ne se sont pas vus depuis deux ans.
 
Leur père est mort, le bien a été mis en location quelque temps et il s’agit maintenant de prendre une décision. Le troisième frère, Carl, est censé les rejoindre, du moins le croit-on au début.
 
Pendant cette attente d’une bonne heure –l’action se déroule quasiment en temps réel- une tension croissante s’installe dans les rapports entre ces deux frères et on comprend vite que le devenir de cet appartement n’est pas le sujet principal de la pièce.
 
Henri est l’aîné. Engoncé dans son costume étriqué, il semble avoir réussi dans la vie mais ce n’est qu’une apparence. Tobias, le cadet, en tenue décontractée, est plus à l’aise mais ses trop violentes colères contre le frère absent révèlent à l’évidence un profond déséquilibre.
 
L’évocation de quelques souvenirs communs traduit une certaine rancœur entre eux, mais aussi un réel attachement qu’ils ne parviennent pas à se manifester, sans doute par pudeur, peut-être par éducation.

La venue du troisième frère parviendra-t-elle à les réconcilier ? On le croit un temps, jusqu’au dénouement final,  qui vient bouleverser toutes nos certitudes.
 
La pièce, écrite par Charif Ghattas en 2014, avait déjà été donnée sur cette même scène avec à l’époque David Kléry dans le rôle de Tobias et Gilles Kneusé dans celui d’Henri. Dans cette reprise Thibault de Montalambert est Henri et c’est Francis Lombrail en personne qui endosse le costume de Tobias.
 
Les deux acteurs, récemment primés l’un et l’autre aux Globes de Cristal pour deux prestations séparées, sont prodigieux. Durant toute l’heure où ils occupent le plateau, ils nous tiennent en haleine et on oublie vite, dans ce décor réduit au minimum, que nous sommes au théâtre.
 
Le spectacle est donné seulement pour dix représentations exceptionnelles et il ne faut en aucun cas le manquer.
 
Alex Kiev

Studio Hébertot

78bis, Bd des Batignolles 75017 Paris
Du mardi au samedi 19h dimanche 17h
Jusqu’au 29 avril 2018

Publié le 25/04/2018 à 01:06 | Lu 1787 fois