Nouvelles technologies

Numérique : quels freins psychosociaux limitent encore son usage ?

Alors que les équipements et les connexions se sont massivement diffusés en France, l’usage du numérique ne progresse pas au même rythme. Une étude publiée en novembre 2025 par le Crédoc, fondée sur une enquête menée auprès de 3.858 adultes, met en lumière l’existence de freins psychosociaux -croyances, peurs, représentations- qui continuent d’éloigner une partie de la population des technologies. Notamment les seniors.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 17/11/2025

Un usage perçu comme utile… mais encore source d’inquiétude

Deux tiers des personnes interrogées jugent que le numérique facilite leur vie quotidienne. Pourtant, près d’un quart de la population (dont de nombreuses personnes âgées) demeure éloigné du numérique : non-internautes ou internautes en difficulté.
 
Même parmi eux, 40% reconnaissent les bénéfices du numérique, une proportion encore plus élevée chez les 70 ans et plus (48 %) et les ménages modestes (61 %).
 

Les craintes restent fortes :

Plus du quart (27%) redoute un usage inapproprié de leurs données ; 20% craignent les arnaques ou le harcèlement ; 9% redoutent de commettre une erreur et 9% n’ont pas confiance dans leurs compétences.
 

Trois grands types de freins psychosociaux

L’étude montre que 72% des Français (pratiquement les trois-quarts, c’est vraiment beaucoup) expriment au moins un frein psychosocial à l’usage du numérique.
 

Ils se regroupent en trois catégories :
 
  1. Les freins de protection (47%). Ils reposent sur la volonté de se prémunir contre des risques perçus comme élevés : cybercriminalité, vol de données, piratage… Cela conduit à des stratégies d’évitement, comme ne pas acheter en ligne ou limiter les usages.
  2. Les freins socioculturels (40 %). Ils sont liés au sentiment de ne pas être équipé ou de manquer de compétences. La peur de se tromper pèse particulièrement sur : étonnement chez les 18-24 ans (42%), plus logiquement chez les 70 ans et plus (35%) et chez les personnes à faibles revenus (32%).
  3. Les freins à l’adhésion (20%). Ils traduisent un désintérêt volontaire, voire un rejet du numérique, qui concerne autant les jeunes adultes que les seniors (28% des 18-24 ans et des 70 ans et plus).


 
Pourquoi certains adoptent le numérique et d’autres non ?

L’appropriation dépend de plusieurs facteurs. Tout d’abord, les usages prescrits par les concepteurs : beaucoup de services numériques supposent un utilisateur à l’aise à l’écrit, autonome, connecté et mobile, ce qui exclut de facto certains publics.
 
Ensuite, les normes sociales : le rôle de la famille, la distance vis-à-vis de l’écrit ou la valeur accordée à la technologie influencent l’usage. Également, l’estime de soi : pour certains, éviter le numérique protège de l’échec ou du jugement.

Et enfin, la saturation numérique : des déconnexions volontaires apparaissent pour éviter la surcharge et la pression attentionnelle.
 

Quatre postures face au numérique

L’étude distingue quatre profils psychosociaux :
 
  • Les réfractaires (7%). Majoritairement des personnes âgées (52% ont 70 ans ou plus) ou rurales, qui se tiennent volontairement à distance, en accord avec leur mode de vie.
  • Les technophiles (37%). Très connectés, souvent diplômés (43% ont fait des études supérieures), proches des usages des concepteurs. Près des deux-tiers (63% ont entre 25 et 59 ans.
  • Les empêchés (18%). Ils souhaitent utiliser le numérique mais se sentent limités : manque d’équipement, de compétences, difficultés financières. Ils comptent beaucoup de jeunes adultes (39% de 18-39 ans) et de personnes à bas revenus (32%).
  • Les inquiets (37%). Majoritairement des femmes (55%) et des personnes de 40 à 59 ans (41%). Ils doutent de leurs capacités et se limitent à un usage strictement utilitaire.



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