L’emmerdeur du 12 bis : les « vieux » qu’on essaie d’effacer de notre mémoire, une amnésie organisée (théâtre)

Depuis le 29 octobre dernier, la pièce intitulée L’emmerdeur du 12 bis, écrit par Céline Monsarrat et mise en scène par Stella Serfaty passe au Lucernaire dans le 6ème arrondissement. L’histoire : à la mort de sa mère, Frédérique décide de placer Juan son père, en maison de retraite. Trois destins croisés pour réapprendre à s’aimer.





« Faut pas trop lambiner avec les vieux, parce que leur espérance de vie est quand même bien moins longue que celle des jeunes ! » Céline Monsarrat

Ce placement en maison de retraite, Juan le vit comme une incarcération. Seules les visites d’Hannah, une jeune fille dans l’établissement, viennent égayer le quotidien de celui-ci.
C’est elle qui saura remettre le père et sa fille face à leurs responsabilités de parent et d’enfant et les amener à s’écouter.

Comme le souligne l’auteur, Céline Monsarrat, « Cette pièce je l’ai écrite après la canicule de 2003. J’avais été choquée comme beaucoup par toutes ces morts annoncées… Parallèlement à ces évènements dramatiques, j’ai voulu comprendre ce qui nous amenait à mettre nos anciens entre parenthèses de nos vies « propres », pour s’en décharger sur la collectivité. Les cacher à la vue d’une société qui cultive le jeune, le beau. Cette vieillesse qui fait si peur à l’approche de la cinquantaine, on l’entrevoit sans état d’âme à l’adolescence ».

Nous priver de l’expérience de nos aînés, « c’est nous amputer de notre histoire… Et peut-on envisager l’avenir sans passé ? C’est le thème essentiel que je voulais traiter, avec en toile de fond, les problèmes relationnels entre un père et sa fille, trop longtemps murés dans le silence. Mais c’est aussi une vision optimiste de la vie qui veut que rien ne soit jamais fini…Avant la fin » remarque également Céline Monsarrat.

De son côté, Stella Serfaty, metteur en scène, a apprécié « l’écriture vive, poétique et pleine de sens » de cette pièce de théâtre. « Trois personnages, deux destins qui se cherchent. Le père et la fille se vouent une haine farouche. Les histoires anciennes sont toujours là, en pointillé. Un passé de non-dit qui amène à la rancune et qui parfois peut rendre les êtres cruels et inhumains. La jeune fille Hannah, « l’Étrangère » va venir bousculer ce monde de non-dit et permettre à ces deux êtres de se trouver et de s’aimer. Chacun des personnages dans cet espace s’ouvre à lui-même, se confronte à ce qui le dérange. Dans cet espace-temps, l’âge n’a plus de sens. Le jeu des acteurs sera simple, profondément humain. L’humain prime sur la virtuosité. (…) « Les vieux » qu’on essaie d’effacer de notre mémoire, une amnésie organisée ».
L’emmerdeur du 12 bis : les « vieux » qu’on essaie d’effacer de notre mémoire, une amnésie organisée (théâtre)

La critique

« Il y a beaucoup de vérité et de sensibilité dans cette pièce, au fond personne n’est vraiment coupable. Certaines répliques touchent et parviennent à leur but, le sujet pourrait rebuter mais ce n’est pas triste, on sourit, on rit aussi, c’est la vie ! » souligne le site Internet odb-theatre.com

« Elle est très forte, très belle et très généreuse la pièce de Céline Monsarrat. Encore fallait-il qu'elle soit bien mise en scène, c'est-à-dire avec pudeur et simplicité. C'est le cas ici. Céline Monsarrat qui joue la fille indigne est comme d'habitude très bien. Comme Albert Delpy. Mais la révélation, c'est Alexia Papineschi. Elle est lumineuse et d'une parfaite justesse » indique de son côté le Figaroscope.

Infos pratiques

L'Emmerdeur du 12 bis de Céline Monsarrat
Mise en scène Stella Serfaty
Avec : Albert Delpy, Alexia Papineschi et Céline Monsarrat

Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Métro Notre Dame des Champs

Réservation : 01 45 44 57 34
Du mardi au samedi 18h30 - dimanche 17h
20 € plein tarif – 15 € étudiant, chômeur

Réservations : 01 45 44 57 34

Article publié le 13/11/2008 à 11:28 | Lu 5502 fois