Anciens combattants : première censure de lois en vigueur

Le Conseil constitutionnel a rendu le 28 mai 2010 une décision censurant pour la première fois a posteriori certaines dispositions de lois déjà promulguées. En décidant que les anciens combattants, français ou issus de l’ancien empire colonial, doivent bénéficier de pensions égales dès lors qu’ils résident dans le même pays, le Conseil a abrogé des dispositions contenues dans la loi de finances rectificative d’août 1981 et les lois de finances de décembre 2002 et décembre 2006.


Cette décision, qui met fin à la « cristallisation » (le gel) des pensions des anciens combattants des anciennes colonies, a été rendue possible par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. La réforme a introduit dans la Constitution un nouveau dispositif permettant à tout justiciable de soulever devant un juge la question de la constitutionnalité d’une loi dès lors qu’une de ses dispositions lui paraît porter atteinte aux « droits et libertés que la Constitution garantit ».

Cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC) ne peut être posée que sous certaines conditions définies par la loi organique du 10 décembre 2009 « relative à l’application de l’article 61-1 de la Constitution » : un certain nombre de filtres sont prévus avant que la Cour de cassation ou le Conseil d’Etat ne puissent saisir le Conseil constitutionnel.

La décision portant sur les pensions des anciens combattants est la première prise dans ce cadre par le Conseil constitutionnel. L’abrogation des dispositions censurées devra être effective le 1er janvier 2011, le législateur devant mettre à profit ce délai pour adopter de nouvelles mesures afin de faire respecter le principe d’égalité.

Dores et déjà, d’autres « questions prioritaires de constitutionnalité » sont à l’ordre du jour du Conseil constitutionnel, concernant notamment l’indemnisation des enfants nés handicapés ou la garde à vue.

Publié le 07/06/2010 à 00:47 | Lu 2366 fois