L’Amant des morts de Mathieu Riboulet : le mâle d’amour

Le livre de Mathieu Riboulet est moins un roman qu’une déflagration. L’écriture n’y est pas pour rien. Le récit non plus. Lorsque l’histoire commence, Jérôme n’a que seize ans. Sa mère s’est enfuie du domicile familial. Il vit avec son père dont il est l’amant.


Pour incestueuse qu’elle soit, leur relation est avant tout animale, pleinement consentie comme telle, comme inéluctable, indifférente à tout moralisme.

Après avoir, semble t-il, épuisé toutes les aventures transsexuelles du coté de Toulouse, Jérôme, qui a maintenant vingt ans, part pour Paris.

Dans le même immeuble que ses tantes qui l’hébergent vit « Biquette », ou plutôt, est en train de mourir « Biquette » atteint du sida. Avec ce jeune homme, le roman entre dans une dimension spirituelle et, pourquoi pas mystique.

Voilà pour le factuel de l’histoire. Mais celle-ci est infiniment plus ample et déborde le récit. Jusqu’à nous atteindre au plus profond de nous-mêmes.

Nous. Un « nous » omniprésent qui ajoute au trouble. Mathieu Riboulet implique le lecteur. « Il » (Jérôme) en était là, et nous avec lui, comme tout le monde ». Nous sommes le témoin engagé, responsable de notre générosité où de notre aveuglement quand certains d’entre « nous » clament : « Plutôt mort qu’enculé ».

L’auteur de « l’Amant des morts » est l’amant des mots. Il les colle à la souffrance, à l’incompréhension, au désir, à l’irrationnel des actes, à l’amour, au scandale de la mort, « aux diverses calamités qui nous assaillent depuis l’apparition du verbe ».

Il fait venir à « nous » la nuit qui nous menace.

L’Amant des morts
Mathieu Riboulet
Editions Verdier
91 pages
9.80 euros
L’Amant des morts de Mathieu Riboulet : le mâle d’amour

Publié le 02/03/2009 à 18:22 | Lu 1598 fois