Semaine de la vaccination : trois questions à Christine Jestin

La Semaine européenne de la vaccination constitue un temps fort pour rappeler les bénéfices de la vaccination, pour soi et pour les autres, et ainsi accroître la protection des populations contre des maladies potentiellement graves. En France, la grande majorité de la population est favorable à la vaccination. Toutefois, cette adhésion à tendance à s’altérer. Dans ce contexte, trois questions à Christine Jestin, médecin de santé publique, responsable de l’unité chargée de la prévention des risques infectieux à Santé publique France.


Depuis plusieurs années, les Français se posent davantage de questions sur la vaccination et peuvent hésiter à se faire vacciner. Comment Santé publique France mesure-t-elle cette perte de confiance ?
Christine Jestin : Santé publique France suit depuis 1992 la confiance de la population dans la vaccination en particulier au travers des Baromètres santé. Ces enquêtes périodiques, menées en moyenne tous les 5 ans, visent à mieux comprendre les connaissances et opinions des Français sur des questions de santé et à suivre l’évolution de ces comportements dans le temps.
 
Mesurer la confiance des Français en la vaccination est très important. D’une part, cela nous permet de suivre les évolutions de cette confiance. D’autre part, cela permet d’adapter l’action et l’information destinées à favoriser une plus large adhésion. Le dernier Baromètre questionnant l’adhésion des Français à la vaccination a été réalisé en 2016 auprès de plus de 15 000 personnes. Il montre que 75% des Français sont favorables à la vaccination.

 
Comment les vaccins sont-ils perçus aujourd’hui par la population ?
Aujourd’hui, l’adhésion systématique des Français à la vaccination de façon générale (tous les vaccins) n’est plus globale. Des hésitations et des questionnements s’expriment autour de certains vaccins et plus particulièrement sur la question des possibles effets indésirables. C’est le cas notamment du vaccin contre l’hépatite B pour lequel le doute reste ancré dans la population, alors même que les études menées entre 1996 et 2004 ont conclu que cette vaccination n’augmentait pas le risque de sclérose en plaques. En revanche, on observe une légère amélioration de la confiance sur les vaccins contre le papillomavirus et la grippe saisonnière.
 
L’adhésion à la vaccination n’est plus inconditionnelle, comme c’était le cas à la fin des années 2000. Elle varie en fonction du vaccin, de l’âge, de la perception du risque de la maladie, de la connaissance de la maladie, du bénéfice-risque supposé du vaccin etc. L’influence du médecin est aussi très importante. Les Français se tournent prioritairement vers leur médecin traitant pour s’informer. C’est une ressource à laquelle ils accordent une grande confiance.

 
L’adhésion à la vaccination diffère-t-elle selon les régions ? Pourquoi ?
Il y a des disparités d’adhésion selon les régions que l’on retrouve également dans la couverture vaccinale avec un gradient Nord-Sud et en particulier un quart Sud-Est élargi à l’Occitanie qui est moins confiant dans la vaccination. Cette disparité existe depuis longtemps et s’explique probablement par des facteurs culturels.

Publié le 25/04/2017 à 10:01 | Lu 924 fois