Santé : vers la généralisation du dossier pharmaceutique ?

Alors que la mise en place du Dossier Pharmaceutique (DP), prévue depuis 2007, peine à s’installer dans notre quotidien, le ministère de la Santé a décidé d’établir un programme de relance de cette mesure qui vise aider les pharmaciens à repérer les risques de surdosages et d’interactions médicamenteuses chez ses patients.


En cours de déploiement depuis le début de l’année 2009, plus de quatre millions de dossiers pharmaceutiques (DP) existeraient actuellement, selon les données du Conseil national de l’ordre des pharmaciens.

Rappelons que selon la loi du 30 janvier 2007, le DP a pour objectif d’alimenter le dossier médical personnel (DMP), dont les modalités de mises en place sont en cours d’élaboration… Toutefois, prévue depuis 2007, de multiples retards et difficultés ont fait obstacle à la généralisation de ce DMP.

Dans ce contexte, le ministère de la Santé a présenté le 9 avril dernier, un programme de relance du DMP et des systèmes d’information partagés de santé. Concrètement, la mesure phare de ce plan consiste en la création d’une structure aux compétences élargies, l’Agence des systèmes d’information de santé partagés (ASIP), qui regroupera notamment le GIP-DMP (Dossier médical personnel), ainsi que le GIP-CPS (Carte de professionnel de santé).

Profitons de cette annonce pour revenir plus en détails sur le Dossier Pharmaceutique… Pour accroître la sécurité des traitements, de nombreuses pharmacies (déjà plus d'une sur trois) vous proposent maintenant d’ouvrir à votre nom un Dossier pharmaceutique.

L'idée est simple : ce dossier électronique enregistre l’ensemble des médicaments (prescrits ou non prescrits) que vous avez acquis pendant les quatre derniers mois, dans n’importe quelle pharmacie. Ainsi, les pharmaciens peuvent vérifier que ces médicaments ne font pas double emploi, ou que leur utilisation simultanée ne risque pas de vous causer des effets indésirables. Ils peuvent ainsi mieux vous conseiller.

Ce service est gratuit : c’est la profession qui s’engage pour la sécurité des soins. Et chacun est entièrement libre de l’accepter ou non. A noter que le refus d'ouvrir un Dossier Pharmaceutique n’a aucune conséquence sur le remboursement des médicaments ou le droit au tiers payant.

Aucune donnée du DP n'est écrite sur la carte Vitale. Tous les DP sont conservés chez un « hébergeur de données de santé » agréé, et sous une forme cryptée. Seul le pharmacien d’officine peut le consulter : ni la sécurité sociale, ni les assureurs complémentaires ni personne d'autre n'y a accès. Et le pharmacien ne peut le faire qu'avec deux clés indispensables : sa carte officielle de professionnel de santé et la carte Vitale de la personne concernée. Ainsi, le Dossier pharmaceutique est hautement sécurisé, pour garantir une confidentialité totale.

Précisons également que le patient peut à tout moment demander la suppression et demander à ce que certains médicaments n’apparaissent pas sur le DP. Toutefois, en cas de DP « à trous » à la demande du client, le pharmacien est informé du caractère incomplet du dossier. Soulignons par ailleurs que le patient peut demander au pharmacien d'imprimer son dossier. Le document lui est alors remis sous sa responsabilité.

Le DP, une prise en charge personnalisée des patients pour une meilleure qualité des soins
Les interactions dangereuses entre médicaments seraient responsables chaque année, en France, de 130 000 hospitalisations et 10 000 décès (voir sur le site ameli.fr). Elles peuvent en effet être provoquées même par des médicaments « du quotidien », en apparence anodins. Il faut donc être vigilant. Voici quelques exemples d’interactions médicamenteuses qui peuvent faire très mal si on les laisse survenir.
Santé : vers la généralisation du dossier pharmaceutique ?

Un peu de tisane ?
Marie, 42 ans, a une insuffisance cardiaque et de l'hypertension. Depuis deux mois, elle prend un médicament diurétique (Spiroctan®) prescrit par son cardiologue contre la rétention hydro-sodée et comme anti-hypertenseur. En vacances à l’hôtel, elle s'écarte de ses habitudes alimentaires et souffre de constipation. Elle se rend dans une pharmacie pour acheter une boîte de tisane laxative. Au moment de lui délivrer le produit, le pharmacien consulte le
DP, qui l'alerte : l'association entre la tisane laxative et le médicament diurétique risque de diminuer le taux de potassium sanguin, ce qui peut avoir des conséquences cardiaques graves. Le pharmacien conseille plutôt à Marie de l’huile de paraffine.

Attention à l'adénome !
Jean-Pierre, 65 ans, a un problème d’adénome de la prostate pour lequel il est traité avec du Permixan®. Il a décidé il y a quelques semaines d’ouvrir un DP comme son pharmacien le lui proposait. Sentant un rhume venir, il va à la pharmacie acheter de l’Actifed®. Mais ce médicament très utilisé est contre-indiqué dans son cas : il risquerait de provoquer une rétention urinaire, et d’accentuer l’adénome. Avec le DP, le pharmacien remarque ce risque. Il suggère un autre médicament, comme le Cetirizine®. Environ 10 à 20 % des interactions nécessitent une intervention de la part du pharmacien. Il ne refuse pas forcément la dispensation, mais indique les précautions spéciales à prendre.

Publié le 28/08/2009 à 10:20 | Lu 3692 fois